Autant l'avouer tout de suite, nous avions déjà un petit faible pour cet Écossais presque devenu Français depuis une dizaine d'années qui a eu le bon goût de s'installer dans ce joli département qu'est le Lot. Nous avions, comme de très nombreux lecteurs, dégusté avec un grand plaisir sa brillante trilogie écossaise : L'île des chasseurs d'oiseaux (2009), L'homme de Lewis (2012) et Le braconnier du lac perdu (2013). Cet ancien journaliste devenu un célèbre scénariste pour la télévision écossaise, choisit un jour de changer de métier et de pays.

 

Il nous offre cette année un excitant roman noir en forme de plongée dans les sixties, époque bénie s'il en fut, avec la folie du Swinging London, Carnaby street, le duel musical Beatles-Rolling Stones ! Le Royaume-Uni n'avait pas encore souffert sous les coups de Thatcher, les Trente glorieuses étaient là, un vent de folie soufflait entre Bowie et Marie Quant, de Londres à Manchester en passant par l'île de Wight.

 

Dans ce nouveau roman de Peter May, il s'agit de cinq adolescents, issus d'un milieu modeste de Glasgow, ville pas toujours très folle ! Un point commun, classique à cette époque, l'amour du rock. Et quand on voulait se diriger vers la gloire, un groupe de rock (The shuffle) se devait de faire le pèlerinage à Londres !

 

Un demi-siècle plus tard, un trio subsiste et va refaire le voyage à l'identique suite à un meurtre ayant eu lieu à Londres. Mais la folie de naguère, la jeunesse et l'énergie ne sont plus vraiment là. Au contraire, des souvenirs souvent douloureux vont ressurgir. Vouloir illuminer certaines zones d'ombre peut être dangereux, surtout s'il y a eu un crime à un moment donné.

 

Les fugueurs de Glasgow est à la fois un roman noir, un roman sur l'amitié, un roman sur cette musique énergisante qui faisait avancer le monde, un roman un peu nostalgique, sur les rêves perdus, sur les solidarités et les rébellions, sur la fureur de vivre.

 

Mais le temps est implacable.

 

Peter May nous fait encore plaisir. Son roman sonne d'autant plus vrai qu'il a lui-même fugué entre Glasgow et Londres dans sa jeunesse. Il sait faire naître une époque en quelques phrases, en quelques sons musicaux, en quelques traits les personnages se mettent à bouger devant les yeux du lecteur.

 

A lire sans modération, en écoutant Hard day's night ou Lady Jane.

 

Dan29000

 

Les fugueurs de Glasgow

Peter May

Traduit de l'anglais par Jean-René Dastugue

Éditions du Rouergue

2015/ 336 p / 22,50 euros

 

Le site de l'éditeur

 

Le  site de l'auteur

 

EXTRAIT :

 

"Je me rappelle des immeubles en grès, noircis par la fumée, qui furent démolis dans les années d'après-guerre avant la découverte du sablage , et les splendides pierres rouges et miel enfouies sous la crasse.Des appartements qui, une fois rénovés , sont toujours occupés de nos jours tandis que ceux qui devaient les remplacer ont été détruits depuis longtemps.
J'aimerais parfois pouvoir mettre la main sur ces urbanistes et ces architectes pour leur tordre le coup."

Tag(s) : #lectures
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