Nouvelles de Calais


dimanche 17 janvier 2016

 

La situation se tend ces derniers mois sur Calais, notamment avec l’intensification des groupes fascistes œuvrant dans le secteur. Cet article relaie des informations, datant d’il y a quelques semaines. Il s’agit pour la plupart d’informations trouvables sur calaismigrantsolidarity, site majoritairement tenu par des anglophones. A faire tourner sur tous vos réseaux !

 

D’abord un appel à faire tourner partout, puis quelques infos supplémentaires sur les sous-traitants qui construisent le camp de concentration situé dans la Jungle (photos à l’appui) suivi d’articles tirés de CMS sur l’activité des fachos... Aussi, deux militants sur place se sont fait hacker leur ordinateur de la manière suivante : cryptage de dossier à distance et de fichiers importants, soit pour la lutte, soit pour leur vie professionelle, avec demande de thunes à envoyer à une mystérieuse adresse qui finit par stopmigrations.net... Aux dernières nouvelles, une large partie de la jungle risque de se faire expulser violemment d’ici peu. Les ami-es anglais ont publié un appel à soutien et à action.

Depuis octobre 2015, l’État construit un camp fermé à l’intérieur de la jungle existante, pour loger 1500 résidents. Le 5 janvier, la municipalité de Calais a annoncé qu’il ne tolèrerait seulement 2000 personnes vivant dans la jungle, et a commencé à forcer les gens à aller dans ce nouveau camp de conteneurs, à côté du camp Jules Ferry (également situé dans la jungle et accueillant 500 personnes). Ces camps contrôlés par l’État sont prévus pour les 2000 personnes « tolérées » par la municipalité de Calais.

La dernière fois qu’il y a eu 2000 personnes vivant dans les jungles à Calais c’était il y a quasi un an, en mars 2015. Depuis, les chiffres de la jungle ont constamment augmenté pour arriver entre 4000 et 6000 personnes, et tout le monde a été forcé de se rendre à un endroit : la jungle qui existe aujourd’hui.

En même temps que ce nouveau camp de conteneurs devait ouvrir, l’État a annoncé des mesures pour évacuer une grande partie de la jungle (1500 personnes). Depuis, le camp de conteneurs a ouvert et les gens ont commencé à s’y rendre lentement. L’État a l’intention qu’il soit plein à la fin du mois. Les gens qui ont été virés de la zone de construction du camp n’ont pas été les premiers à pouvoir s’y rendre.

En ce moment nous recevons beaucoup de questions à propos de quand les expulsions vont se produire ou commencer. Soyons clairs, elles ont déjà commencé ! Une date butoir a été donnée, et les gens doivent s’en aller avant le jeudi 14. A présent, une seconde date butoir a été communiquée, les résidents de la zone d’expulsion ont jusqu’au lundi 18. Une chose est claire, l’expulsion n’aura peut être pas lieu cette semaine, ni la semaine prochaine, mais elle aura lieu. La police de Calais a beaucoup d’expérience en matière d’expulsions et elle sait que la meilleure arme qu’elle a est la peur. La police sait que la tension est insupportable. Ça vous use de ne pas savoir quand un énorme bulldozer escorté par la police armée va arriver à votre porte. La municipalité de Calais sait aussi qu’un spectacle médiatique à grande échelle d’une expulsion va seulement profiter à ceux qui osent dire que l’État n’est pas une institution humanitaire ou de bienfaisance.

Ils voilent leurs menaces pour l’expulsion par la douceur de la compassion, ils commencent par offrir des espaces où dormir, limités dans un camp conçu pour piéger les gens et les priver de leur liberté. Ils continuent quand beaucoup de gens sont « relogés » dans d’autres villes ou quand la quotidienne violence policière et fasciste augmente de manière dramatique (pour plus d’infos sur les efforts temporaires de re-logement, voir ici). Ils ont continué quand l’Ofii et la police sont allés de tente en tente, faisant le compte à rebours des jours restants avant que les bulldozers ne viennent, s’assurant ainsi que les gens aient l’impression de n’avoir pas d’autre choix que de partir.

Harcelant psychologiquement et physiquement les gens pour qu’ils se fassent expulser, bien que peu veuillent partir, certains ont commencé à déménager dans d’autres parties de la jungle, ou même dans le camp de conteneurs. Peut-être que la « date butoir » va arriver et qu’il n’y aura pas de photos dramatiques, que les agences de presse manqueront leur part quotidienne de migrants battus et gazés mais le temps passe, et ça sera une expulsion, rien de moins.

Mais pourquoi expulser la jungle ? Il est crucial de se rappeler que la nouvelle jungle a été ouverte sur ordre de la municipalité de Calais en collaboration avec le gouvernement. Maintenant que le parti de Natacha Bouchart contrôle et la mairie et le conseil régional pour Calais, ils peuvent agir efficacement comme ils le veulent. Parfois cela vaut la peine de regarder en arrière, le dernier round de grosses expulsions était lent et interminable. Ils ont commencé en mars 2015 et ont continué jusqu’à la fermeture du squat de Galloo en juin 2015. Quand les expulsions des squats de la ville et de la jungle Tioxide ont commencé en mars, la police devait conduire tous les gens qui vivaient dans ces endroits en dehors de la ville dans une décharge, à côté d’une autoroute, avec peu ou pas d’infrastructures et la menace constante de la violence policière. A la place, ce qu’il s’est passé est que la jungle est partiellement devenue un espace indépendant où les gens, avec ou sans papiers, vivent ensemble pour étudier, jouer, construire, et organiser d’une manière anarchiste et autonome, manifestant et combattant pour une liberté que l’État aimerait détruire (oui, c’est aussi un espace violent, imprévisible, hiérarchique et dominateur, mais quelque part c’est intensément hiérarchique et égalitaire en même temps). La Jungle est devenue, d’une certaine manière, un bidonville auto-organisé où les gens réclament un peu de liberté dans l’ombre de la frontière. Cette liberté est une chose pour laquelle il est utile de se battre, et la chose que l’État ne peut pas empêcher !

En plus d’une autre expulsion interminable, quelques manifestations ont lieu en janvier.

 

SOURCE/ BC

Tag(s) : #actualités
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