Désintégration, Emmanuelle Richard, éditions de l'Olivier

Les éditions de l'Olivier publient le troisième roman d'Emmanuelle Richard, Désintégration, après les très remarqués La légèreté en 2014 et La peau en 2016.

 

Volontairement nous chroniquons Désintégration, une semaine après Le paradoxe d'Anderson, le nouveau Pascal Manoukian. Deux romans bien ancrés dans le réel, dans un monde qui va mal, dans un monde où plus rien ne protège vraiment, un monde où les rapports de classe se font de plus en plus sentir, vu que l'exclusion et la précarité sont partout générant violence et haine, comme dans le superbe film de Philippe Faucon, nommé La désintégration. Les deux auteurs ne sont pas de la même génération et leurs romans sont donc très différents, mais sur un socle commun, la violence sociale. Colère et haine donc. Comme la musique actuelle, le rap. Emmanuelle Richard nous offre en fin de livre la liste des artistes écoutés pendant l'écriture de son roman, de Kery James à Médine, en passant par Orelsan, PNL ou NTM. Il s'agit d'un portrait de jeune femme, une jeune femme qui étudie en faisant de petits boulots tout en tentant de survivre, au gré des rencontres dans des milieux où elle n'a pas vraiment sa place.

 

Ayant écrit un premier roman remarqué, la jeune femme va se trouver confrontée au microcosme germanopratin en la personne d'un cinéaste qui envisage une adaptation. Rapports de classe mais aussi rapports homme-femme, avec en commun, la domination, celle du sexe et de l'argent. L'humiliation sociale, le souvenir de ses parents modestes dont la vie fut faite de renoncements en cascade, et la transformation de la honte en haine, transformation inéluctable. Alors la honte devient une arme de guerre, et la fierté une stratégie de survie. Malgré que nous n'ayons pas lu ses deux romans précédents, nous ne pouvons que placer Emmanuelle Richard dans la belle lignée des romanciers français que nous aimons, de Jean-Paul Dubois à Olivier Adam en passant par Virginie Despentes. Des romanciers qui nous touchent au plus près de l'os en parlant du monde, avec justesse et talent. Littérature et musique comme résistance. Résister c'est créer... Et à la fin de Désintégration, une envie de lire ses deux romans précédents.

 

Dan29000

 

Désintégration

Emmanuelle Richard

Éditions de l'Olivier

2018 / 208 p / 16,50 euros

 

Site de l'éditeur

 

rencontre avec Emmanuelle Richard

 

Le 10 novembre à Maisons-Laffitte, rencontre à la librairie Les Chemins du livre à 18h.

 

Tag(s) : #lectures
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