Abou est sénégalais, 39 ans, vit à Orléans, est prof de maths et sans-papiers. Voici en quelques mots son histoire.
Elève brillant, il est l'aîné de huit enfants. Après son bac, il s'inscrit à la fac de Dakar, réussi le concours de prof de maths au collège, se marie. Entré
en France avec un visa touristique, des amis lui conseillent de rester. Il se procure alors de faux papiers et est embauché par l'antenne orléanaise de 2amath où chacun va le trouver, cultivé,
pédagogue, charmant. Six années à Orléans où il loue un appartement. On va même lui proposer de prendre la direction du centre où il enseigne, c'est dire ! En Afrique, il fait vivre à distance 12
personnes, dont son fils de 6 ans qu'il ne connait pas.
En septembre 2007, il fait une demande de régularisation, avec la liste des 300 élèves qui ont eu leur bac grâce à lui. Refus. Recours. Un jour de décembre il est
cueilli par les flics, menotté et se retrouve enfermé dans un Centre de rétention administratif (CRA), suite à une fausse convocation du commissariat. Là il se trouve avec des malades, des
personnes très âgées et des enfants...
"J'ai eu l'idée d'une révolte pacifique".
Abou et ses co-détenus entament un mouvement de protestation. Il contacte la presse écrite, les radios, écrit aux consulats... Sanction de l'administration : elle
disperse les "meneurs" et il se retrouve à Vincennes. Là il est libéré par le juge pour transfert irrégulier ! Il revient à Orléans...
Abou se tient un peu plus à l'écart, il donne donc des cours particuliers à des enfants d'avocats de médecins de la ville d'Orléans...Il va aussi milité dans
l'association "sos, soutien aux sans-papiers".
Vendredi dernier, Abou est de nouveau arrêté par des flics en civil et emprisonné au CRA de Cercottes et ensuite transféré à Rennes !
Une seconde fois, il vient d'être libéré hier dimanche, sur décision du juge des libertés et de la détention de Rennes.
Abou va revenir une fois de plus chez lui, à Orléans.
La régularisation pour tous est la seule solution, comme le demandaient les manifestants à Paris samedi dernier. En attendant les régularisations, la solidarité
avec les sans-papiers, à Calais, à Paris ou à Orléans, est indispensable, même si elle est un délit, contrairement aux dires du menteur en chef Besson !
Ajoutons en conclusion, que cette nouvelle libération est une claque de taille pour la préfecture du Loiret qui semble être très zélée, sans doute un peu trop,
faudrait qu'elle se calme...Cette libération va sans doute le faire, pour quelque temps...Espérons...