SOCIETE - L’éditeur Bernard Fixot et son épouse Valéry-Anne Giscard D’Estaing ont beau avoir aménagé en toute illégalité une bicoque sur la pointe de Becleu, à Pléneuf Val André (Côtes d’Armor), et interdit au passage l’usage public de l’ancien sentier des douaniers, pas sur que les promeneurs pourront un jour à nouveau profiter de ce joli paysage, avec vue imprenable sur mer. Lire la suite...

Les origines du litige remonte à décembre 2006, lorsque Bernard Fixot et son épouse signent un bail “emphytéotique” de 50 ans avec le propriétaire d’une parcelle de 4500 m2 surplombant la mer, non loin du port de Dahouët. Bien vu. Le bail permet d’éviter une mise en vente qui aurait laissé au Conservatoire du Littoral la possibilité de préempter les lieux et de les rendre au public comme il l’envisageait. Sur la parcelle plantée de résineux, les époux Fixot souhaitent aménager une maisonnette et un bunker déjà existants et déposent en juin 2007 une déclaration de travaux à la mairie pour “nettoyage de tags et repose de nouvelles baies blanches”. Las! Celle-ci émet un avis négatif. La bicoque en question, n’a non seulement jamais fait l’objet d’un permis de construitre, mais se trouve en outre sur la bande littorale protégée des cent mètres. Qu’à celà ne tienne! Bernard Fixot et son épouse, passant outre l'avis, font procéder à d’importants travaux de réhabilitation du bâtiment avec branchement aux réseaux Edf, eau et téléphone. Dans la foulée, la parcelle est grillagée. Les randonneurs ne pourront plus emprunter le sentier côtier qui longeait la pointe de Becleu mais devront désormais la contourner sur 200 mètres entre deux clôtures. Les associations dénoncent une situation de non-droit, d’autant que l’accès à la grève par la pointe est également devenu prohibé. Mais rien n’y fait. Quelques mois plus tard, les avocats de Bernard Fixot déposent une requête devant le tribunal administratif contre l’avis négatif de la municipalité. La décision du tribunal a été rendue le 30 décembre dernier. La requête a été rejetée. La juridiction administrative souligne que compte tenu des travaux engagés, un permis de construire était bien nécessaire, ce dont il ne pouvait être question en pareil endroit. Les choses vont-elles changer pour autant? Rien n’est moins sur, Bernard Fixot a jusqu’à la fin du mois de février pour se pourvoir en Cassation, ce qui renverrait la conclusion de la procédure à une date lointaine. En attendant, rien ne se passe.
“C’est ahurissant, on se retrouve devant une forme de voie de fait, s’insurge Michel Blain, membre de l’association Paysages de France. Théoriquement la mairie devrait ordonner la démolition et la remise en état des lieux”.

A la mairie de Pléneuf Val André, le maire fait savoir qu’il ne s’exprimerait pas sur cette affaire avant que le délai pour un pourvoi soit écoulé. Quant à la préfecture des Côtes d’Armor, alors que les travaux de rénovation n’étaient pas terminés, elle exprimait en juillet 2007, sous la plume de Philippe Rey, le préfet d’alors, une franche détermination: “Il est indéniable que si, par extraordinaire, des travaux se poursuivaient, les procédures correspondantes seraient engagées”. Depuis, les associations de défense de l’environnement attendent toujours qu’elle se manifeste dans ce dossier.

Pierre-Henri ALLAIN

source : Libération Rennes

Tag(s) : #environnement
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :