Alerta antifascista : l’extrême droite à l’assaut de nos idées et de nos luttes



En pleine recomposition, l’extrême droite [1] reprend du poil de la bête à la faveur de la profonde crise que nous traversons, et qui n’épargne pas le champ politique. Malheureusement, cette offensive intervient à un moment où les rapports de forces qui structurent ce dernier ne sont paradoxalement pas du tout favorables à la gauche de gauche, aux anarchistes et aux libertaires, alors même que ces courants sont les seuls susceptibles de répliquer efficacement à cette menace.

 

Attention, ami-e-s et camarades anticapitalistes et anti-impérialistes : désormais les fascistes chassent sur nos terres, critiquant la « finance mondialisée » (resucée du traditionnel « complot » des « élites » derrière lequel se cache la figure non moins traditionnelle de la « banque juive ») ou le « sionisme » (manière plus « présentable » pour eux de tenir des discours antisémites) [2], voire se proclamant favorables à la décroissance ou à la relocalisation de l’économie.

 

Si le phénomène n’est pas nouveau, il est en pleine expansion ces dernières années. Le personnage caricatural de Dieudonné et le spectacle de sa volte-face idéologique – ex-humoriste anti-raciste bien pensant devenu depuis cofondateur du premier parti antisémite qu’ait connu la France depuis la seconde guerre mondiale [3] – constituent un archétype en la matière.

 

Nul étonnement donc à ce que depuis quelques mois, la présence de groupuscules d’extrême droite et conspirationnistes – ces deux mouvances étant intimement liées – augmente significativement dans nos rues. Cette montée en puissance est particulièrement inquiétante et s’est traduite ces derniers mois par :

 

-  La publication d’un appel bidonné à un mouvement anti-banques qui a été largement médiatisé malgré son manque de pertinence économique et politique et qui a malheureusement rencontré un certain succès auprès de sympathisants de la gauche de gauche ;
-  Des infiltrations dans nos manifs ;
-  La tenue d’assises xénophobes en plein Paris ;
-  Des manipulations ayant conduit à des violences policières à l’encontre de militants à Lille ;
-  Des intimidations en série à Lille toujours, phénomène qui paraît aller en s’accentuant
-  Non loin de Lille, à Steenvoorde, ville qui accueille un camp de migrants érythréens, une manifestation de la Vlaams Huis et d’Opstaan ayant donné lieu à des négociations secrètes entre police et fascistes et, fort heureusement, à une contre-manifestation antifasciste ;
-  La livraison du centre-ville de Tours au FN par la mairie PS ;
-  Une semaine plus tard dans le même ville, une manifestation homophobe et nationaliste du groupuscule Vox Populi ;
-  L’entrée au bureau national du FN de Laurent Ozon, un écologiste au parcours aussi douteux que son réseau d’influence semble être étendu dans la mouvance écolo et décroissante de gauche comme de droite, et qui permet à Marine Le Pen de discourir désormais sur la relocalisation de l’économie ;
-  Le doublement des Verts-Europe Ecologie sur leur gauche par une Marine Le Pen qui a réussi seule à faire reporter le vote d’une subvention à une endive hybride au conseil régional de Nord-Picardie ;
-  A Besançon, Toul et leur région, une multiplication des agressions émanant des « Autonomes lorrains », qui copient les méthodes et les tenues des black blocs ;
-  L’ouverture de pseudo-centres culturels fascistes inspirés des Casapounds italiens (Vlaams Huis à Lille et Desouchière dans le Morvan) ;
-  Des infiltrations fafs dans des squats parisiens ;
-  Une tentative d’infiltration conspirationniste dans le mouvement social alsacien ;
-  L’ouverture d’une salle de concerts néonazie à Lyon ;
-  La multiplication de sites et blogs pratiquant ouvertement un confusionnisme politique malsain en mêlant références d’extrême droite et références d’extrême gauche et qui malheureusement rencontrent un succès grandissant : citons par exemple le site de Michel Collon, mais aussi Dazibaoueb ou Le Grand Soir (qui bien que classé à gauche n’hésite pas à publier des communiqués du Parti Antisioniste, à soutenir au nom d’un anti-impérialisme dévoyé les pires dictatures : Iran, Libye, Cuba, etc.) ;
-  La multiplication de mouvements mêlant les références à la fois marxistes, républicanistes, laïcistes et nationalistes : PRCF, Riposte laïque ;
-  La montée en puissance des thèses conspirationnistes, dont les principaux théoriciens sont tous très à droite de l’échiquier politique et dont les tenants fricotent régulièrement avec des mouvements d’extrême droite, voire sont fafs : le Réseau Voltaire, Mecanopolis, We Are Change, Solidarité et Progrès (larouchistes) ou Egalité et Réconciliation (Alain Soral) font beaucoup de bruit autour de ces thématiques sur Internet.

 

Alors que le Front national est loin d’avoir poussé son dernier cri et semble au contraire retrouver un nouveau souffle – aidé en cela par les médias qui chouchoutent une Marine Le Pen désormais « fréquentable » –, on voit bien que c’est l’ensemble des mouvances composant l’extrême droite qui se renforce actuellement, à la faveur de la crise économique qui s’approfondit (avec toutes les conséquences sociales qui en découlent), mais aussi grâce à des tactiques rodées de propagande, d’infiltration, d’agitations diverses. En s’affirmant désormais « anticapitaliste », « anti-impérialiste » ou encore « antisioniste », l’extrême droite contribue sciemment à entretenir un confusionnisme susceptible de jeter le soupçon voire le discrédit sur ces luttes pourtant légitimes. En même temps, elle cherche à affaiblir les forces progressistes en attirant à elle des militants potentiels, soit le plus souvent des personnes peu politisées ou en cours de politisation et donc assez perméables à leur tentatives de récupération.

 

Force est de constater que malheureusement, à l’heure actuelle, la réplique ne semble pas être à la hauteur de l’enjeu. Pourtant, plus que jamais, la vigilance à l’égard de ces dérives est de mise et la contre-offensive antifasciste contre ces menaces et violences d’une impérieuse nécessité.

 

ALERTA ANTIFASCISTA !

 

PS : Pour un panorama plus complet, nous vous invitons à (re)lire les articles parus sur le sujets ces dernières semaines dans CQFD ou dans le mensuel Article 11, de même que le dossier du Monde diplomatique de janvier 2011 consacré à l’offensive des extrêmes droites en Europe, et toujours bien sûr les analyses très documentées du site de la revue antifasciste Reflex(es).

Notes

[1] Il faudrait même parler des extrêmes droites au pluriel, tant les mouvances qui composent cette partie du champ politique sont diverses et divisées (notamment sur la question israëlo-palestinienne), même si elles se retrouvent sur l’essentiel : autoritarisme, haine de l’étranger, culte du chef, nationalisme exacerbé, opportunisme politique, démagogie.

[2] Il est bien évident que nous ne suggérons pas ici qu’antisionisme et antisémitisme seraient identiques. Le premier est une opinion politique tout à fait défendable tandis que le deuxième relève du racisme. Ceci dit, le prétendu « antisionisme » de certains courants de l’extrême droite est de pure circonstance, et une manière bien pratique de camoufler leur antisémitisme. Parallèlement, d’autres courants s’affichent, de manière tout aussi opportuniste, « prioritairement » islamophobes et prétendent soutenir Israël, percevant le « danger islamiste » comme la menace prioritaire qui pèserait sur notre « civilisation » (européenne, chrétienne et blanche, of course).

[3] Non pas que d’autres organisations n’aient pas porté d’idées antisémites sur la scène publique depuis 1945, mais la particularité du Parti Antisioniste (PAS) est de s’être construit et d’avoir fait campagne uniquement autour de ce thème.

 

Source : Indymedia

Tag(s) : #actualités
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