désolations

 

 

 

 

 

  Après l'incroyable succès de son magnifique premier roman "Sukkwan island" (Prix médicis, succès critique et public) nous étions nombreux à piaffer d'impatience dans l'attente du suivant. Sachant que le second roman est parfois un peu difficile, surtout après un grand succès lors du premier. Nous avions confiance, et nous avions raison.

 

 

 

 

 

 

Nous sommes en Alaska, près d'un lac glaciaire.

Nous allons partager un moment crucial de la vie d'un couple : Irène et Gary. Leurs deux enfants sont adultes, et après de nombreuses années d'une vie peu chatoyante, notre ami Gary  rêve, il rêve de construire une cabane en rondins, sa cabane en rondins, sur un îlot désertique. Et les rêves il faut toujours essayer de les réaliser, même tard dans sa vie.

Irène, elle, n'est pas très à l'aise dans sa vie, elle souffre de violentes migraines. Migraines sans répit et sans réel diagnostic... Parfois la lucidité peut faire mal, et Irène s'aperçoit, après bien des années, que l'amour n'a peut-être jamais été là. Pourtant elle va vouloir aider son mari dans ce projet un peu fou dans une nature franchement hostile.

 

Il y a aussi leur fille, Rhoda, qui flirte avec l'envie de construire une vie de famille avec Jim.

 

Au-delà des personnages secondaires, Rhoda, Jim et Monique, il y a un "personnage" central autour du couple, l'Alaska. Normal, nous sommes dans la belle collection intitulée "Nature writing" de l'éditeur. Et l'Alaska, ce n'est pas rien, surtout au sud d'Anchorage, dans la péninsule de Kenai. La nature est aussi monumentale que sauvage, elle n'a que faire des hommes, d'ailleurs rares, qui voudraient s'y frotter. Elle se contente d'être là, depuis toujours, et n'attend rien. Contrairement à Gary qui lui attend tout d'elle.

 

Chacun sur des plans différents, Gary, Irène et Rhoda rêvent. Mais la réalité parfois ne s'accomode pas des rêves. L'Alaska peut alors devenir un révélateur de certains dénis de réalité. La nature sauvage n'a que faire des rêves des humains, on le savait déjà avec le très beau roman de Krakauer "Into the wild", David Vann ici nous l'illustre avec un brio qui ne surprendra que les  lecteurs qui n'aurait pas encore lu "Sukkwan island". Qui vient d'ailleurs de sortir en format poche.

 

Caribou Island, titre original, qui d'ailleurs "sonnait" mieux que "Désolations", dresse un terrible constat sur la solitude dans le couple. Gary est bien plus préoccupé par la poursuite insensée de son projet que par sa femme qui souffre. Quant à Irène, malgré d'insupportables douleurs à peine entravées par des antalgiques pour animaux, elle survit à peine, tentant néanmoins de jouer son rôle d'adjointe au projet.

 

A l'image de la violence de l'hiver dans la région, répond la violence des sentiments, des illusions perdues, de la solitude partagée, de la lucidité d'Irène qui lui fait mal, de la volonté implacable de Gary de construire cette cabane afin d'avoir fait quelque chose de sa vie déjà bien entamée.

 

Il fallait tout le talent de l'auteur, d'ailleurs natif de l'Alaska où il a passé son enfance avant de s'installer en Californie pour réussir à nous faire partager de telles désarrois. David Vann est né sur l'île Adak, ce qui permet de mieux comprendre le cadre géographique déterminant pour ses deux romans.

 

Déjà venu en France en juin, il sera présent dans l'hexagone (voir ci-dessous) pour une tournée dans de nombreuses villes. Au-delà de ses deux livres, l'homme semble fascinant et son histoire est belle. Sukkwan Island faillit ne jamais sortir. Durant douze ans, aucun agent ne voulut proposer son roman jugé trop noir à un éditeur. Il se tourna donc vers le grand large pour gagner sa vie en naviguant dans les Caraïbes et en Méditerranée. Après avoir traversé les Etats-Unis en char à voile et parcouru 40 000 miles sur les océans, il dessina et construisit son trimaran, et échoua dans sa tentative de tour du monde en solitaire ! Alors qu'il était enseignant, il remporte un concours littéraire et "Sukkwan Island" est publié en 2008 aux Presses de l'université du Massachusetts...à 800 exemplaires. Puis à 3000 après une bonne critique du New York Times. On connaît la suite en France. Succès critique, succès public, prix Médicis étranger 2010, résultat 130 000 exemplaires vendus, hors club, et traduction en 15 langues dans plus de 50 pays.

 

Mais souvent les chiffres sont trompeurs et n'impressionnent que ceux qui pensent "best-seller". Il se trouve dans le cas de David Vann que ce succès est plus que justifié et qu'il nous réjouit particulièrement. Ce n'est pas chaque année que nous découvrons un auteur américain de cette importance.

 

Au service de ses personnages, les phrases de Vann sont justes, précises, évocatrices et permettent d'entrer en résonnances avec eux. Un talent donné à peu d'écrivains  nous offrant une osmose rare avec Gary et Irène. Difficile de reposer ce livre avant la fin, difficile d'oublier ces personnages après lecture, difficile de ne pas partager leurs souffrances, difficile de ne pas succomber à l'envoûtant David Vann car son écriture touche à l'essentiel...

 

Dan29000

 

Lire aussi notre article sur Sukkwan island, ICI


 

desolations-et-Caribou-Island--50--.jpgDésolations

David Vann

Editions Gallmeister

Nature writing

2011 / 304 p / 23 euros

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EXTRAIT /

 

"Gary tira les rondins sur le rivage jusqu'à ce qu'ils soient  tous alignés en petits tas. A grandes enjambées, il traversa les buissons vers l'emplacement de la construction, une pelle à la main. Il voulait faire simple. Il allait faire place nette sur un rectangle, aplanir le sol et enterrer les premiers rondins jusquà mi-hauteur. Pas d'autre fondation que celle-ci, ce n'était pas nécessaire. L'idée était de bâtir une cabane à l'ancienne. Sans assise en ciment, sans permis de construire. La cabane devenue simple reflet d'un homme, à l'image de son propre esprit." (page 73)

 

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Vous pourrez rencontrer DAVID VANN EN FRANCE :

 


Le 6.09 à la librairie Mollat - Bordeaux à 18h

Le 7.09  à la librairie Sauramps - Montpellier à 18h

Le 8.09  à la librairie L'Armitière - Rouen à 18h

Le 9.09 à la librairie La Galerne - Le Havre à 17h 

Le 10.09 à la librairie Le Furet du Nord - Lille à 18h

Le 13.09 à la librairie L'Arbre à Lettres - Paris (14ème) à 19h

Le 16.09 à la librairie Millepages - Vincennes à 19h30

Le 17.09 à la librairie Les Arpenteurs  - Paris (9ème) à 14h
              et à la librairie
La Manoeuvre - Paris (11ème) à 18h.

Le 18.09 au festival Le Livre sur la Place - Nancy de 14h à 18h
              sur le stand de la librairie L'Autre rive 

Le 19.09 à la librairie Soif de lire - Strasbourg
             dans le cadre des Bibliothèques idéales.

Le 3.10 à l'Espace Culturel Leclerc - Pau

Le 4.10 à la librairie Le Square - Grenoble

Le 5.10 à la librairie Garin - Chambéry

Le 6.10 à la librairie < strong>Lucioles - Vienne

Le 7.10 à la librairie Decitre - Éculy entre 18h à 20h

Le 8.10 à la librairie L'étourdi St-Paul - Lyon (5ème) de 11h à 14h
             et à la librairie Vivement dimanche - Lyon (4ème) à partir de 18h.

Les 15.10 et 16.10 à la Médiathèque de Lomme


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REVUE DE PRESSE /

 

Dans ce second roman traduit en français, très maîtrisé, l'écrivain renouvelle la démonstration de son immense talent. Sans acrobatie, continuant la mélodie de Sukkwan Island, sa musique sobre. Sa pulsation lente et primitive. La beauté éclatante de l'Alaska, le bain de son soleil froid, est comme une drogue.

Nils C. Ahl, LE MONDE DES LIVRES


Tragiquement prenant.

Véronique Rossignol, LIVRES HEBDO


David Vann récidive avec force, sonde l'impitoyable univers familial, suit les dérives d'un couple à bout de souffle, et s'arrime dans une littérature du grand dehors, sauvage et pure, tragique et magnifique, à l'image de l'Alaska, ce pays qui lui coule dans les veines, le hante, le nourrit.

Martine Laval, LE MATRICULE DES ANGES


Ça finit on ne peut plus mal, et c'est tellement bien.

Didier Jacob, LE NOUVEL OBSERVATEUR

Économe et efficace, le suspense constant.


Jérôme Dupuis, L'EXPRESS

Sorcier, magicien ou simplement surdoué, David Vann est un immense romancier.
Marine de Tilly, LE POINT

Le livre gagne en poésie au fur et à mesure que les tourments des couples et leur folie entrent en résonance avec la grandeur des décors, la foie des éléments (le vent, surtout, incessant) et la perdition d'être venu vivre là.

Hubert Artus, LE MAGAZINE LITTÉRAIRE

 

 

 

 


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