Morale laïque, liberté de conscience, et levée des sanctions...
dimanche 9 septembre 2012
par  Moka63


Pour lancer cette rentrée 2012, M. Peillon parle de morale laïque...

Ça nous fait un peu penser à M. Chatel, qui, en août 2011, parlait d’instruction morale...

Mais bon, mettons.


Solidarité sociale et liberté de conscience.


M. Peillon évoque avec chaleur le Conseil National de la Résistance, dont les textes « portent une conception de la solidarité sociale, de l’universalisme... » et constituent un « formidable patrimoine. »

Nous partageons cet enthousiasme : les services publics ont été mis en place par le CNR pour répondre aux besoins essentiels des citoyens. Ils ont contribué à construire la cohésion sociale de notre pays, aujourd’hui fortement menacée.

Par ailleurs, nous sommes convaincus, comme M. Peillon, que l’école publique et laïque doit « permettre à chaque élève de s’émanciper. » Et que « le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. »

Nous sommes heureux de l’entendre dire qu’il doit y avoir « cohérence entre la responsabilité des adultes à l’extérieur de l’école et ce que l’on demande aux maîtres et aux professeurs de faire. » Et nous applaudissons quand il ajoute que « l’attitude des plus hautes autorités de l’État est, de ce point de vue, tout à fait déterminante. »

Ces paroles semblent annoncer l’ouverture d’une ère nouvelle.

Mais nous sommes sortis un peu échaudés du quinquennat précédent...

Objection de conscience.

Nous émergeons à peine d’un flux douloureux de "réformes" qui dégradaient délibérément l’organisation et le fonctionnement de l’école publique laïque, notre bien collectif. Nous avons vécu et nous vivons encore quotidiennement l’abandon délibéré des élèves les plus fragiles dans des classes surchargées, la remise en cause constante de leurs chances de prise en charge spécialisée.

Nous continuons de vivre la multiplication des fichages informatisés et centralisés, qui suivent nos élèves dès leur première inscription à l’école maternelle.

Dans ce contexte, l’engagement des enseignants désobéisseurs prend la dimension d’une objection de conscience, motivée, éthique et responsable. Leur résistance pédagogique a permis concrètement de protéger leurs élèves de directives dont les effets néfastes sont aujourd’hui reconnus.

L’affichage de leur désobéissance maintenu à flot un vrai débat public autour des rythmes scolaires, des évaluations, de l’aide personnalisée, de la disparition des RASED, des risques majeurs induits par le pilotage par le chiffre et par le fichage des élèves. Une bonne partie de ces points sont repris dans le programme électoral de M. Hollande

Or, un certain nombre de ces enseignants restent sous le coup de sanctions dont le but était clairement de les faire taire, de créer un contexte de peur, de refuser le dialogue qu’ils tentaient de créer. Ces retraits de salaires, blâmes, abaissements de note, abaissement d’échelon, déplacements d’office ont été prononcés de façon injuste, disproportionnée et disparate.

Ouverture ?

Le 26 juillet, une délégation du Réseau des enseignants du primaire en résistance a été reçue au Ministère de l’Éducation nationale.

Lors de cette rencontre, un dossier de réflexions et de propositions pour l’avenir de l’école a été remis aux conseillers du ministre. Ce document représente la contribution de ce Réseau à la concertation pour la refondation de l’école.

Les porte-parole des "désobéisseurs" ont également exprimé leur exigence de la levée de ces sanctions.

Mais il n’y a eu aucune réponse à ce jour...

Pourtant, ce serait un acte symbolique fort, qui marquerait clairement le changement, et réparerait en partie les dégâts causés par ce contexte de harcèlement et de pressions de toutes sortes...

Nous attendons avec impatience une réponse sans ambiguïté, qui annoncerait la fin de l’autoritarisme et du mépris contre la fonction publique en général et les enseignants en particulier, qui clôturerait le temps où l’on sommait le fonctionnaire de fonctionner, et de ne pas réfléchir, de ne pas alerter...

Cette décision, peu coûteuse, ouvrirait une ère du respect, où l’on s’appuierait réellement sur l’intelligence collective des acteurs de terrain.

En revanche, l’absence de réponse marquerait au contraire une continuité de fonctionnement regrettable. Comment peut-on prétendre refonder l’école sur des bases aussi scandaleusement injustes ?

C’est l’enjeu de la pétition lancée pour la levée des sanctions contre les enseignants désobéisseurs.

Il faut que nous soyons nombreux pour nous faire entendre. Si vous désirez, comme nous, inciter ce gouvernement à construire l’école sur des bases de respect et de justice, signez cette pétition, et faites-la connaître autour de vous.

Un rêve ?

En cas de réponse positive, on pourrait même imaginer que l’objection de conscience qui a émergé ces dernières années de façon inédite dans les services publics soit inscrite dans le code de déontologie des fonctionnaires. On pourrait réviser dans ce but la loi du 13 juillet 1983 portant sur leurs droits et obligations.

Ce serait source de dialogue et d’intelligence partagés entre les acteurs de terrain et leur hiérarchie, la fin des pressions, des contrôles et des sanctions.

.

Mais cette gouvernance d’un autre temps est-elle vraiment révolue ?

Peut-on vraiment abandonner la désobéissance éthique, seule arme possible lorsque les temps sont obscurs et sans espoir ?

 

 

SOURCE / QUELLE ECOLE POUR DEMAIN ?

Tag(s) : #actualités
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