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Le 15 mars, la trêve hivernale se termine. Ce samedi, partout en France, des milliers de militants ont manifesté. Reportage à Paris. 

Des dizaines de milliers de personnes vont redevenir expulsables, à la fin du week-end. Crise économique aidant, elles seront encore plus nombreuses que l'année dernière. Du coup, le traditionnel cortège des associations de défense des mal-logés ce samedi avait pris de l'ampleur. 

On voyait cette fois de nombreuses familles. Leur dossier a été jugé prioritaire dans le cadre de la loi pour le Droit au logement opposable (votée en 2007) mais elles attendent toujours du concret.

Les associations de défense des locataires étaient aussi venues en nombre, aux cotés des gestionnaires de centres d'hébergement d'urgence et de partis politiques de gauche (les Verts, le NPA, le Front de gauche, le PC…).

Avec la réquisition de lieux vides, que les associations veulent relancer, la rue reste un moyen de faire valoir ses revendications, et l'occasion de lancer un mouvement de résistance. Ainsi, à la fin de la manifestation, Jean-Baptiste Ayraud, porte-parole de Droit au Logement a lancé :

« Restez chez vous jusqu'au bout, résistez. Sinon campez devant chez vous jusqu'à ce qu'il y ait une solution de relogement. » (Voir la vidéo)



 « Il faut indemniser les propriétaires »


Le nouveau réseau « Stop aux expulsions » (Résel) a demandé au secrétaire d'Etat au Logement un moratoire sur les expulsions de personnes prioritaires pour le relogement, dénonçant un « dysfonctionnement de l'Etat ».

Mais Benoist Apparu refuse catégoriquement, estimant que ce serait « un très mauvais signal » envoyé aux propriétaires, qui du coup deviendraient réticents à mettre un bien sur le marché.
Christophe Robert, porte-parole de ce réseau et membre de la Fondation Abbé Pierre répond au contraire que :

« Nous, on oppose pas locataires et propriétaires, on pense qu'il faut indemniser ces derniers face aux impayés. Mais le gouvernement fait le choix d'une politique plus autoritaire, en faisant passer l'enveloppe de ces indemnités de 75-80 millions en 2005 à 30 millions en 2008. »

Expulser et reloger en urgence coûte cher à l'Etat

C'est le paradoxe que soulignent les associations depuis un moment. Comme nous l'explique Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) :

« Loger une personne en centre d'hébergement d'urgence coûte 12 000 euros par an et en centre d'hébergement et de réinsertion sociale 20 000 euros par an, à cause de l'accompagnement social.

Ca coûte plus cher à l'Etat que d'indemniser les propriétaires. Avec la crise, les jugements d'expulsion vont augmenter, sans compter que la loi Boutin de 2008 a réduit à un an le délai accordé après le non paiement du loyer, contre deux ans avant. »

Toutes les associations jugent « absurde » d'expulser les gens pour les retrouver ensuite dans les commissions Dalo. Des mois plus tard, si leur dossier est jugé prioritaire, ils ne se voient pourtant pas attribuer un logement. Surtout quand il en manque tant comme dans les zones les plus tendues, Ile-de-France, PACA et Rhône-Alpes.
La loi Dalo « c'est pour calmer les gens »

Jeudi Noir estime carrément que :

« Le Dalo ne sert à rien : l'Etat se paie des amendes à lui-même pour ne pas avoir construit les logements nécessaires. Rappelons qu'il y a encore 116 000 logements vides à Paris, donc on va repasser à l'action. »

Leila, déclarée éligible en février, n'y croit pas non plus et juge que : 
« C'est plus pour calmer les gens, les faire attendre, les endormir. »
Intervenir au bout de deux mois d'impayés
De son coté, Benoist Apparu dit vouloir « mettre l'accent sur une politique de prévention des expulsions. » Et de préciser : 
« Il faut repérer plus rapidement les personnes en difficulté : le drame est que les travailleurs sociaux n'interviennent trop souvent qu'au bout de six mois ou un an d'impayés.

Dans le cadre de la garantie des risques locatifs (GRL) que l'on met en place et qui va garantir au propriétaire que son loyer sera payé quoi qu'il arrive par un assureur, ce dernier a l'obligation de faire appel aux services sociaux dès le deuxième mois d'impayés. »

L'INSEE estime que sur l'année 2006, 1,8 million de personnes étaient en difficulté

de paiement dont 500 000 avaient déjà deux mois de loyers impayés.


SOURCE / RUE 89

Tag(s) : #actualités
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