La Trinité : port durable ou port de la honte ?
Ce jeudi 25 février, plus d’un mois après notre demande, l’arrêté préfectoral demandant des analyses complémentaires des boues de dragages polluées de La Trinité-sur-Mer (56) vient seulement d’être notifié. Pour FNE et ses associations adhérentes, Sémaphore, Umivem, Bretagne Vivante et Eaux et Rivières de Bretagne, ce délai est scandaleux et la Baie de Quiberon est loin d’être sauvée.


L’arrêté préfectoral prescrivant des analyses complémentaires des boues de dragage de la Trinité-sur-Mer (Morbihan) vient d’être publié cet après-midi, alors que la fin du chantier est prévue pour le 31 mars. Elles sont réclamées par FNE et ses associations (Sémaphore, Umivem, Bretagne Vivante et Eaux et Rivières de Bretagne) depuis plus d’un mois. Un délai bien trop long. Le Syndicat Mixte des ports et bases nautiques du Morbihan en a profité pour accélérer les travaux.
La baie de Quiberon, décharge sauvage

Le 19 janvier, la Sagemor (société d’aménagement et de gestion des ports du Morbihan) a entamé la 2ème tranche des travaux de dragage du port de La Trinité-sur-Mer. Une deuxième phase qui risque de se conclure par le clapage (largage en bloc) dans la Baie de Quiberon de 30 000 m3 de vases contaminées au tributylétain (TBT), provenant des traitements anti-salissures des bateaux [1] . En outre, le site d’immersion est au cœur du futur parc naturel marin du Mor Braz. Indignées, le 21 janvier, les associations ont été reçues au Ministère de l’écologie. Elles ont obtenu l’abandon définitif du site d’immersion actuel au terme de l’opération en cours, ainsi que des analyses complémentaires.
Un délai pernicieux

« Le délai pour lancer ces analyses est parfaitement pernicieux, s’insurge André Dorso, président de l’association Sémaphore. Il a permis à la Sagemor de mettre les bouchées doubles pour accélérer les travaux dans le port de La Trinité-sur-Mer. Pas moins de trois barges sont en action jour et nuit dans le port depuis une semaine. » Des travaux qui s’accomplissent dans la précipitation la plus complète. Cela entraîne un risque accru de pollution, en particulier dans la rivière de Crac’h, où se trouvent de nombreux parcs à huîtres. Le port de La Trinité doit à tout prix être profond pour accueillir les régates du Spi Ouest-France, à partir du 2 avril.
Organiser la disparition des preuves

Avant que ces prélèvements soient ordonnés puis réalisés par l’Ifremer, ce sont les zones a priori les plus contaminées qui ont été draguées. Christian Garnier, vice-président de FNE : « Le syndicat mixte a engagé la destruction des preuves. Comment l’Ifremer pourra-t-il procéder à l’autopsie de ces boues, si elles sont jetées au fond de la baie ? ». La Sagemor s’est empressée de draguer les secteurs du port que l’Ifremer avait identifié comme les plus contaminés.
La Trinité, partie émergée de l’iceberg

« Comme d’habitude, lorsque la population commence à s’émouvoir, les opérateurs de dragage accélèrent les travaux, commente Jacky Bonnemains, président de l’association Robins des Bois, partie prenante du Grenelle de l’Environnement. Le cas de La Trinité n’est qu’une toute petite fraction de l’énorme problème que posent les boues de dragage en France et qui fait l’objet d’un groupe de travail dans le cadre du Grenelle de la Mer. » De très nombreux ports, en Bretagne comme ailleurs en France, vont devoir être dragués, dont certains posent de très graves problèmes, notamment les ports militaires comme Lorient ou Toulon. « Notre pays doit affronter sérieusement ce problème », conclut Sébastien Genest, président de FNE.

FNE, ses associations adhérentes et Robin des Bois étudient aujourd’hui les différentes possibilités juridiques pour que ce dossier soit enfin débloqué. La mer ne doit plus être une poubelle sans fond.

Plus d’infos : http://semaphore-morbraz.blogspot.com/


Source : France nature environnement


Tag(s) : #actualités
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