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Nous poursuivons notre exploration des meilleurs premiers romans parus en 2011, avec celui de Laurence Vilaine, auteur de guides de voyages et de documentaires. Après des études d'anglais et quelques séjours à l'étranger, cette passionnée d'écriture tente la grande aventure du saut dans la fiction. Un pari réussi.

 

 D'abord il y a Miklus, le vieux Miklus. Qui durant bien longtemps n'a pas parlé. Garder le silence n'est pas toujours sans conséquences. Alors avec des remords qui le taraudent, Miklus va se mettre soudain à parler à un journaliste. Il va parler des siens, et les siens c'est une communauté rom installée sur la rive slovaque du Danube.

Il va être le narrateur de cette histoire-confession où il s'adresse à la fois au journaliste mais aussi au lecteur. Il va alors évoquer sa commauté et ses gamins qui tentent de récolter un peu d'argent auprès des touristes. Il nous parle de la difficulté de se loger, de la stérilisation forcée des femmes, de l'école où l'on essaie de leur inculquer une culture qui n'est pas la leur. Et remontant dans le temps, l'arrivée des nazis avec un long et terrible cortège de sévices.


 Et puis il y a aussi Adam, "Dilino" qui est une sorte de souffre-douleur de la bande. Car souvent il y a un souffre-douleur dans une bande. Dilino qui est un peu différent. Trop blond et qui traîne partout son petit violon.

 

 Et aussi une vieille, à moitié folle, et c'est toute la vie pas facile de la communauté qui prend forme dans notre esprit de lecteur souvent ému par le sort de ces tziganes qui furent les grands oubliés du procès de Nuremberg, alors qu'en ce moment s'effectue le sinistre retour des cranes rasés chasseurs de différences dans l'Allemagne contemporaine.

 

 Une belle fresque d'un peuple vivant libre, d'un peuple fier, souvent humilié, mais qui survit aux méfaits de l'histoire, un peuple aussi émouvant que la musique qu'il offre, une musique à leur image, pleine de nostalgie, mais aussi de résistance à la misère, et à l'intolérance...

 

 Tout cela fort bien mit en valeur par une écriture très poétique qui fait de ce premier roman une grande réussite qui ne peut qu'appeler une suite...

 

 

Dan29000 

 

Le silence ne sera qu'un souvenir

Laurence Vilaine

Gaïa éditions

2011 / 176 p / 17 euros

 

Découvrir le site de l'éditeur où vous pourrez écouter un entretien avec l'auteur, ICI

 

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Presse /

 

Lire « Par ses mots, sa poésie sombre, ses interpellations, Laurence Vilaine recompose les silhouettes, offre des visages précis à ces ombres qu'on rejette. »

Livres Hebdo
« C'est une musique violente et douloureuse avec un fond de mélodie fièrement combative que joue Laurence Vilaine dans ce premier roman. La chanson des éternels exclus."


L'information dentaire « Ce premier roman est une véritable perle littéraire dont la narration se fait, au fil des pages, toujours plus envoûtante, jusqu'au final, somptueux. »

Notes bibliographiques « Le lecteur est entraîné dans une histoire de passion et de mort. Un premier roman auquel l'atmosphère et le relief des personnages donnent une émouvante densité. »

Anne Lesobre, librairie Entre les lignes, Creil « Très beau premier roman, d'une grande sensibilité sur ces vies opprimées et magistral dans l'écriture. »

 

 

Extrait /

 

"C’est sur cette berge que j’ai rendu mon dernier soupir, derrière vous, au pied de cette barre d’immeubles la plus haute. C’était un soir d’automne, à une semaine près j’aurais pu être de la fête des Morts, le 9 novembre, quatre ans jour pour jour après la chute du Mur. C’est d’ailleurs à Berlin que vous auriez dû aller, les festivités du vingtième anniversaire vous auraient donné du grain à moudre, des jolis discours, des poignées de main et des tapis rouges, sans compter la belle cérémonie probablement arrosée des meilleurs vins des deux Allemagne réunies. Avec quelques photos de deux ou trois vedettes bras dessus bras dessous à la porte de Brandebourg et un titre clinquant, votre article était vendu d’avance. En ces jours de grandes célébrations, l’exercice ne doit pas être bien difficile. Pourvu que l’effet soit grisant, les gens ouvrent grand le gosier et avalent tout ce qu’on veut bien leur servir ; schnaps, champagne ou vodka, on avale tout dans un verre à pied. Réunification, liberté gagnée, égalité, fraternité, vous auriez pu faire comme chez vous finalement et sans même être accusé de poncifs. Enfin, vous auriez sûrement fait ça très bien, après tout c’est votre métier, et ce n’est pas moi qui vais vous en apprendre, je connais bien peu de choses, des bribes attrapées ici et là, et de l’approximatif évidemment, moi, vous savez, c’est un miracle si je sais lire."

Tag(s) : #lectures
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