Martina Topley-Bird - Some Place Simple

Se libérant de l’influence des sorciers Tricky ou Massive Attack, Martina Topley Bird ose sortir dans le plus simple appareil. Ravissant.

Peu de Britanniques peuvent étaler un CV aussi imposant et immaculé que Martina Topley Bird. Aux Etats- Unis, la chanteuse de Bristol a croisé ses incantations inquiètes et narcotiques avec Diplo, Jon Spencer, Josh Homme, Common ou Danger Mouse. Mais c’est surtout en Angleterre que sa voix impatiente, insoumise, a rencontré quelques-uns des musiciens les plus aventureux et exigeants du Royaume : Massive Attack, Tricky, Leila ou les Gorillaz de Damon Albarn, qui vient de la recruter sur son label Honest Jons.

Souvent touffue, agitée, étouffante jusqu’à l’angoissant même, sa musique gagne aujourd’hui en épure, en simplicité, sous les conseils avisés d’Albarn. Nouveaux titres et chansons autrefois déformées en studio sont traitées sur un pied d’égalité : tout le monde à poil. Enregistré quasiment live, cet album n’autorise le plus souvent qu’une guitare sèche, un orgue, des percussions lointaines et des choeurs exaltés.

Cette voix si souvent noyée dans les effets, dans les échos par des sorciers soniques pour lesquels elle était un cobaye, une hypothèse de travail, tient donc là une éclatante revanche sur le destin. Car loin d’être la part d’ombre, de mystère, d’anxiété de chansons sur laquelle elle jouait le plus souvent au fantôme, Martina Topley Bird incarne pour la première fois une suavité peinarde et une sérénité radieuse qu’on pensait étrangères à ses fibres.

Soul mutine, rock implosif ou pop de traverse évoquent ici autant Joni Mitchell, Joan Armatrading que PJ Harvey sur des chansons sans passeport, sensuelles et charnelles (les bluffantes Snowman ou Ilya). L’album s’appelle Some Place Simple. Ce n’est pas un voeu pieux, mais un véritable tour de force : il rappelle que la simplicité n’est pas forcément synonyme d’austérité, que la solennité n’exclut pas la fantaisie ou la suavité. Une chanson s’appelle Sandpaper Kisses (“Bises au papier de verre”). Ce titre résume assez bien l’ambiance : tendre mais dangereuse.

Source : Les inrocks

 

 Une vidéo live in Glastonbury 208, "Baby blue' : 3'05

 

 

 

 

Tag(s) : #musiques
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