La Chronique Mensuelle de Michel Onfray | N° 75 – Août 2011

PATATI & PATATA -

 

 

Pour ma part, je n’ai pas fait état publiquement de l’unique mail qui m’a été nécessaire et suffisant pour décliner l’invitation que me faisait Laurent Ruquier de prendre la place de l’un des deux chroniqueurs écarté de son émission « On n’est pas couché ». Je n’ai parlé de cette histoire qu’à quelques amis sans penser une seule seconde à déballer cet échange que j’estimais privé sur tous les toits…

Si des rumeurs sur lesquelles on ne cesse de m’interroger se trouvent aujourd’hui sur le net, ça n’est pas de mon fait. On signale que j’aurais refusé pour des raisons familiales… Il n’en est rien : j’ai refusé pour des raisons idéologiques, comme j’ai refusé jadis d’intégrer un poste de chroniqueur dans une émission de Guillaume Durand (me contentant alors de lui suggérer le nom d’un jeune agrégé de philosophie pour un coup de pouce qu’il m’a copieusement rendu depuis en coups de poing…), comme j’ai refusé le même genre de cadeau sur la Chaîne Parlementaire, comme j’ai refusé un poste d’invité hebdomadaire du mardi dans une émission de Frédéric Taddéi, comme j’ai refusé un emploi du même type dans une émission de Franz-Olivier Giesbert.

Puisqu’il a été question de raisons familiales, on me permettra de taire le détail de ces arguments privés. En revanche, j’aurais aimé qu’on donne mes autres raisons. Dans mon mail de réponse daté du 29 mai, j’écrivais également ceci : « Ensuite, indépendamment de cela (la raison privée), je crois que ce que vous me proposez est un nouveau métier qui supposerait une réelle présence à Paris ce qui supposerait aussi que j’en finisse avec l’écriture de mes livres et le fait que j’anime et que je porte à bout de bras ces deux universités populaires (Caen et Argentan). Or je ne peux renoncer à ces projets qui donnent sens à ce que je suis, ce que je fais, ce que j’écris ».

Dès lors, si tel ou tel avait cru bon devoir communiquer sincèrement, il aurait fait savoir que je ne voulais pas quitter la province où je suis, où je vis, où je travaille, pour être à Paris quelques jours par semaine ; il aurait dit que je ne veux pas quitter mon bureau d’Argentan pour les plateaux télé – un mal nécessaire pour défendre ses idées dans un monde qui neuf fois sur dix relaie la veulerie de l’époque ; il aurait ajouté que je préfère être bénévole et gratuit, sans salaire, dans les deux universités populaires que j’ai créées et que j’anime avec mes amis, l’une depuis dix ans, l’autre depuis cinq, plutôt que bien payé pour une sinécure sous les sunlights – car je préfère être un philosophe bénévole qui travaille plutôt qu’un philosophe payé qui ne travaillerait pas.

J’ajoute que je n’ai pas le goût de lire des livres que leurs prétendus auteurs n’ont pas rédigés, parfois même pas lus, et qui permettent à toute une engeance de ministres ou de footballeurs, d’acteurs ou de chanteurs de charme, parfois même de conseillers de président de la république, de passer pour ce qu’ils ne sont pas. Je n’ai jamais eu envie de donner un coup de main à cette farce généralisée ni avant-hier, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain.

J’ai de l’affection pour Laurent Ruquier qui m’a invité deux fois dans son émission pour que je puisse parler de mes deux livres sur la psychanalyse quand la corporation freudienne, relayée par toute la presse écrite (sauf « Le Point »), rabâchait le catéchisme écrit par une psychanalyste que le divan n’a pas sauvé de sa pathologie et qui me traitait de fasciste, de nazi, de pédophile refoulé, de provincial sans diplômes et autres joyeusetés.

Et puis j’ajoutais dans mon mail à Laurent Ruquier d’autres considérations pour lesquelles il a mon affection. Mais comme elles relèvent de l’échange privé,  je les garde pour moi.


© Michel Onfray, août 2011

 

 

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