nutritionAujourd'hui la France fait face à une forte progression de l'obésité, y compris chez les enfants, alors quels sont les problèmes de nutrition auxquels nous devons faire face ? Les réponses peuvent être multiples. Ce livre nous propose deux pistes de responsabilités et surtout nous invite à changer nos habitudes alimentaires, à savoir, comment renouer avec une alimentation plus saine car plus vraie et en prime respectueuse de notre planète.

L'auteur qui est auteur scientifique, journaliste au New York Times et enseignant à Berkeley (Université de Californie) dénonce, exemples à l'appui, l'ère du nutrionnisme  qui sème la confusion dans les esprits. Un aliment équivaudrait à la somme de ses constituants.

 

A-t-on vraiment besoin de nutrionnistes pour nous dicter ce qu'il faut manger ?

 

Comme dans de nombreuses branches, les experts, plus ou moins scientifiques, dominent et érigent des dogmes, plus ou moins avec l'aide du marketing.

 

Michael Pollan pointe également un autre ennemi de notre santé, à savoir l'industrie agro-alimentaire et son alimentation industrielle sans cesse plus présente dans nos assiettes.

 

Le livre s'ouvre avec un Manifetste du bien-manger, c'est à dire manger de la vraie nourriture et juste ce qu'il faut, surtout des végétaux d'ailleurs. En une quinzaine de pages, Pollan fait une brillante introduction à son livre, très découpé, en trois parties.

 

Dans le premier chapitre il nous expose ce qu'est l'ère du nutritionnisme. Définition, différence entre aliments et nutriments, l'âge d'or du nutritionnisme, le principe de plaisir, et surtout pourquoi cette science est contestable.

 

Puis il  dénonce l'industrialisation de la nourriture, des aliments complets aux aliments raffinés, de la qualité  à la quantité, de la culture alimentaire à la science de l'alimentation.

 

Enfin dans une troisième partie, il propose quelques pistes afin d'échapper à cette alimentation industrielle, en définissant ce qu'est réellement la vraie nourriture, pourquoi les végétaux sont si importants à notre bien-être et surtout comment l'on doit manger. 

 

Ce livre n'est pas un livre de régimes de plus, heureusement, car les librairies en sont pleines et chacun sait que les régimes appellent les régimes, et que cela ne marche pas. Pollan est plutôt du côté de la sagesse, presque de la philsophie de vie, c'est pourquoi sans doute son livre, clair et précis, se lit si bien. 

 

Wendell Berry écrivait : "Manger est un acte agricole".

 

Nous ne pouvons rester simples consommateurs, dépenser notre argent pour nous nourrir est souvent soutenir l'industrie agro-alimentaire vouée à la quantité. Un autre choix est possible, celui des valeurs que sont la qualité et la santé.

 

Un livre à mettre entre toutes les mains.

 

Dan29000

 

Nutrition, mensonges et propagande

Michael Pollan

Thierry Souccar éditions

2008 / 248 p / 20,90 euros

 

  

 

En complément un extrait d'une interview de l'auteur :

 

Michael Pollan: «Bien manger cela signifie faire la cuisine et manger de vrais aliments»

Michael Pollan répond aux questions de Tara Parker-Pope sur le blog santé du New York Times au sujet de son livre traduit en France par Thierry Souccar Editions sous le titre Nutrition, mensonges et propagande.

Dans ce livre, vous parlez de « nutritionnisme » cette tendance des scientifiques et des experts en nutrition à voir les aliments comme la simple somme de leurs éléments nutritifs. Qu’est-ce qui vous choque dans ce mode de pensée ?

Deux choses ne vont pas dans ce que j’appelle le nutritionnisme. La première c’est que quelle que soit l'information scientifique publiée, elle est très rapidement déformée par les industriels et les publicitaires. Ils vont prendre une information partielle sur les antioxydants, et vous raconter que si vous mangez des amandes vous allez vivre indéfiniment. Il y a une déformation de ce qu’est une hypothèse scientifique. Nous, journalistes, sommes tout autant coupables. Nous prenons des éléments scientifiques sommaires, et nous en faisons de gros titres.
L'autre chose qui m'a étonné, c’est la piètre qualité des données qui sous-tendent un grand nombre d’études sur l’alimentation. Quand vous essayez de remplir un questionnaire de fréquence alimentaire, vous vous rendez vite compte que ces informations ne sont pas fiables. En le remplissant, j'ai été aussi honnête qu’il est possible de l’être et j’ai tenté de me rappeler ce que j'avais mangé. Il en est ressorti que j’ingère 1 200 calories par jour. C’est-à-dire au moins 1 000 calories de moins que la réalité. Nous savons que les gens minimisent leur consommation d'environ 30 %. Nous ne savons quasiment rien du plus important : « Qu'est-ce que les gens mangent réellement ? » Il est difficile de construire de la bonne science là-dessus.

Pensiez-vous que les 3 phrases « Mangez de vrais aliments. Juste ce qu’il faut. Surtout des végétaux. » allaient faire autant de bruit aux États-Unis ?

J'ai été surpris. Après que ces phrases aient été publiées dans l’article du New York Times, j'ai commencé à en entendre parler. Je me suis rendu compte qu’elles avaient un certain pouvoir. C'est la raison pour laquelle j'ai encouragé l'éditeur à les faire figurer sur la couverture.

Mais ce n'est pas aussi simple qu'il y paraît, n’est-ce pas ?

Non, à cause de ces « substances » comestibles qui se travestissent pour ressembler à de la nourriture dans les rayons de supermarchés. Le conseil que je donne est simple à suivre à partir du moment où l’on sait ce qu’est un aliment, mais il m’a fallu 14 pages pour tenter de définir ce qu’est un aliment dans le livre. Cette définition est devenue compliquée à cause de la science de la nutrition et des technologies sophistiquées que l’industrie utilise pour transformer les aliments.

La communauté des nutritionnistes est fascinée par le French paradox — le fait que les Français mangent apparemment des aliments mauvais pour la santé, mais qu’ils ne grossissent pas et sont moins sujets que les Américains aux maladies cardiovasculaires. Dans votre livre, vous décrivez un paradoxe américain. De quoi s’agit-il ?

Les Américains sont obnubilés par les questions de nutrition et pourtant leur santé est médiocre. C’est ce que je considère comme un paradoxe. Nous nous inquiétons plus que les Français de la composition nutritionnelle des aliments. Nous avons la hantise de manger sainement. Pourtant, nous sommes les champions du monde de l'obésité, du diabète, des maladies cardiovasculaires et des cancers liés à l'alimentation. Je pense que c'est bizarre. Cela veut peut-être dire que trop se préoccuper de son alimentation n'est pas forcément bon pour sa santé.

Alors, comment devons-nous penser la nourriture et la santé ?

Je pense que la santé doit être une conséquence du bien-manger. Bien manger cela signifie : faire la cuisine, prendre ses repas en commun et consommer de vrais aliments. L'objectif devrait juste être de manger pour le plaisir, pour la communauté, et toutes les autres raisons pour lesquelles les gens mangent. Ce que j’essaie de faire dans mon livre, c’est de donner le point de vue d’un extraterrestre sur la manière dont nous voyons les aliments en Amérique — et dans d’autres pays développés. Nous avons trop tendance à avoir une vision manichéenne des aliments : soit un aliment est favorable à la santé soit au contraire il la ruine. C'est une manière très étriquée d’envisager la nourriture et la santé. La santé de nos organismes est liée à la santé de la communauté et à la santé de la terre. La santé est indivisible. C'est mon message secret.

 

 

La suite sur le site de l'éditeur :

 

http://www.thierrysouccar.com/ 

  

Tag(s) : #lectures
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