41608 134526849930313 4296221 nInformations et impressions des raffineurs de Feyzin.

 

Rebellyon : Du point de vu de la mobilisa­tion aujourd’hui il y a du monde sur le piquet de grève, vous en êtes où ?

Michel : On a la chance d’avoir la présence de nos collègues de Lyon Sud CGT qui est venu nous soutenir ce matin, encore une fois. Ce matin , on a vu encore JTEK qui est venu. Le groupe communiste de Vénissieux, les élus de Feyzin... qui ont débarqué. Des étudiants, des jeunes chômeurs... (ndr : quelqu’un s’agite à côté...)

Rebellyon:Tu veux participer ?

HCL Lyon Sud : Non, non... mais c’est important d’être là sur les piquets de grève d’être là aussi, comme nous on le voit sur l’hôpital aussi. Y a des cheminots qui viennent nous soutenir, des étudiants, les raffineurs et c’est ça qui est bien, parce que c’est la solidarité entre tout le monde quoi. Y a des chômeurs, des retraités qui viennent sur nos piquets de grève et ça c’est hyper inté­ressant.

Rebellyon : Mis à part aujourd’hui, où apparemment le Progrès est venu vous voir, on avait pas de nouvelles sur ce qui se passait dans le couloir de la pétro-chimie, qu’est-ce que tu ressent face à ça ?

Michel : C’est ce qu’on a pu reprocher à tous les journalistes qui soient de la presse écrite ou de la presse audiovisuelle. Y a pas la prise en compte de tous les piquets de grève de tous les mouve­ments qui peut y avoir. Actuellement, il y a un piquet de grève à la Poste Bellecour important, y a les éboueurs, y a des actions de la part de tous les secteurs comme disait le copain.

Hier après midi, on était avec les étudiants devant l’UMP, puisqu’on à pu apprendre lundi soir, que c’était le projet de Mme Parisot associé à l’UMP qui était discuté à l’Assemblée et au Sénat...

Il est évident que la contestation bat son plein, que la presse ne joue pas son rôle puisqu’elle évite le sujet. Comme tu le dis par rapport au Progrès qui fait des papiers le premier jour et puis plus rien après, on parle pas des dépôts, on parle de rien , tout va bien... C’est la manière de faire de ce gouvernement et de ce qui s’associe à ce gouvernement. Ce qui est grave, et qui ne nous permet pas d’avoir une véritable coordination réelle de tout ce qui se passe. Les actions existent, la lutte existe, l’ampleur de la participation de tous les salariés qui viennent apportés du soutien, financier, morale...

Rebellyon : Etonnant ces caisses de solidarités qui se sont mis en place .

Michel : Tout à fait. A la demande des gens qui veulent vraiment nous soutenir, qui soutienne tous les combats actuels pour lutter contre ce projet de réforme et contre ce gouvernement qui appli­que ces réformes en jouant avec sa majorité à l’Assemblée et au Sénat. C’est de la dictature dégui­sée quoi. Une démocratie , tu peux en faire une république dictatoriale. On voit bien le président de ce pays qui ne fédère personne et ne joue qu’avec une partie des français, style qui se veulent du MEDEF. Y a que le profit... On vient de découvrir que son frère était à la tête d’un nouveau dis­positif de retraite par capitalisation.

HCL Lyon Sud : Et même pour aller plus loin, comme demain c’est la réforme de la Sécu et c’est elle qui va être remis en jeu par rapport aux hôpitaux des services publics, donc on voit bien toute la magouilles de ce gouvernement. Et pour revenir sur la Presse. Elle est pas libre la Presse. On a participer à une conférence de Presse avec la ville de Lyon, et on a parlé des Hospices Civils. Et le problème c’est qu’il a paru 10 lignes dans les journaux... Mais on sait pourquoi. Parce que 3 jours après ils sortaient un 8 pages sur les Hospices Civiles de Lyon. Nous ont parle des problèmes de personnels, ont parle pas des nouvelles technologies, tout ce qui fait du bien à la santé par rapport au patient, y a de la modernisation, on le reconnaît. Mais qui on met dedans pour travailler ? On met du personnel ? Non... Donc nous on a critiqué toute cette forme qui est mis en place, sans vigi­lance, sans sécurité. Ca tenait 10 ligne, et vu les 8 pages qui sont paru ensuite, on a compris que la Presse était muselée.

Michel : C’est vrai que les syndicalistes peuvent pas se payer des pages dans les journaux. C’est vrai que l’on a une communication qui est réduite à la simple volonté de celui qui veut bien faire une synthèse. Alors 10 lignes bien sûr... Il a pas parlé des heures de nuit des infirmières qui a été complètement supprimées.

HCL Lyon Sud : Y a 9 € d’écart...

Rebellyon:Si vos machines sont arrêtées, l’essence dans les stations, elle vient d’où ?

Michel : Alors les propriétaires des stations services des réseaux de distribution disent qu’ils achè­tent du produit en Italie, ils achètent du produit dans le Sud... Mais je pense que les chauffeurs rou­tiers font beaucoup de kilomètres. Puisque le dépôt, ça fait 15 jours qu’ils tapent dedans et y a pas la quantité souhaitée , à proximité... Alors ils font venir le produit de très loin.

Rebellyon:Tout simplement ?

Michel : Tout simplement. Et au dépend des conditions de travail des routiers, même des règles de sécurité puisque Mr Bussereau à autoriser à passer de 44 tonnes à 40 tonnes le chargement d’un poids lourd.

Rebellyon : Et sur cette fameuse circulaire de réquisition qui pouvait se pointer, vous avez des pressions sur ça ?

Michel : Comme je te l’avait dit, nous on a peu de produit en stock. On a de l’essence, mais du gazole , on en a que 4000 m3, donc... Ca fait 160 camion, le travail d’une matinée, à peine. On pro­duit pas, on reçoit pas de produit. Il n’y a pas de possibilité de produire, donc une réquisition, elle pourrait bien arriver, de fait elle serait arrêtée , bloquée, obsolète.

Rebellyon : Qu’est-ce que tu attends de cette AG ? Celle de vendredi prochain ?

Michel : Si il y a AG, forcément c’est les salariés qui décident. Ils décideront de la poursuite ou de la non poursuite. Mais nous on souhaite continuer le combat, on a pas encore gagné. Il faut lutter. Il faut coordonner toutes nos luttes, il y a une contestation évidente et violente de la part des sala­riés dans ce pays, il faut que ça continue.


Notes du rédacteur:On poursuit avec un entretien réalisé avec les ouvriers raffineurs. On n’est jamais très à l’aise lorsque c’est la première fois que l’on vous tend un micro, alors cette entrevue a été retranscrite grâce à des prises de notes.

Conditions de travail pénible, roulement en 3/8 et environnement pollué, les ouvriers raffineurs de Feyzin se racontent. Juste avant de partir en AG !

Rebellyon : Racontez moi vos journées.

Qu’est-ce que tu veux qu’on te dise... On fonctionne en 3/8, le matin on prend à 6 h. Alors bon, du coup la vie de famille en prend un coup.

Ouais , et puis on travail les week-end aussi. On a quasiment 2 week-end sur 5 tout le long de l’année. On passe le réveillon et les fêtes à la raffinerie.

Rebellyon : Et vos conditions de travail, quelles sont-elles ?

Là dessus c’est politique. On nous parle de sécurité et de qualité sans arrêt. Mais au niveau de la sécurité de tous, on sait que pour la direction « faut pas que ça apparaisse... » Ah ! ah !

Oui ! (Tout le monde acquiesce.)

La sécurité sur le site tout le monde veut bien en parler, tant que ça se passe bien... Il y a de l’hypocrisie. Comme sur l’ air qu’on respire.

Rebellyon : C’est à dire ?

Via les directives environnementales, la raffinerie se voit imposée des normes de rejet dans l’atmo­sphère. Et ça fonctionne selon des quotas. L’an dernier nous avons diminué nos rejets, et donc les quotas n’étaient pas remplis... Et bien on nous a demandé de raffiner jusqu’à être aux quotas maxi­mum !

Sinon Total perd des crédits... des subventions qui permettent, dans l’absolu, de moderniser l’outil de production, pour l’écologie quoi.

On respire de la merde. Des matins c’est horrible. On parle des retraites, un copain , lui, n’a même pas eu le temps d’en profiter, c’est dur ici.

Evidemment, comme ça , sur le moment, on peut pas dire si notre lieu de travail nous bousille la santé, mais mais sur une carrière complète ça joue, c’est sur. L’atmosphère est pollué de manière diffuse et continue. Le gouvernement nous fait un amendement sur l’invalidité, ça ne va pas. C’est de pénibilité qu’il faut parler !

Rebellyon : On approche de l’hiver, et ici ça ne ressemble pas vraiment à des emplois de bureaux...

Et oui. Comme tous les métiers de l’extérieur t’es soumis aux intempéries. A la différence que nous, on a pas de droit de retrait si il pleut ou qu’il fait trop mauvais. Les gars qui travaillent sur les chantier dans le BTP, eux, en ont un ! Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse 40°, tu bosses.

Oh, l’été dans certains secteurs si tu travailles près des fours, tu perds 3 litres d’eau dans la jour­née... Et l’hiver t’es gelé.

Rebellyon : Comment vous voyez l’avenir ?

Actuellement, Total perd de l’argent sur ses raffineries... Les budgets sont restreint.

Rebellyon : Ca se ressent au niveau des effectifs ?

Non... ça change pas grand chose.

Mouais..., t’avouera qu’on est « rickqrak ». Des fois c’est limite. On sait de toute manière que nos emplois ne sont pas renouvelés. Comme dans l’Est de la France, où des jeunes se sont vus propo­sés des postes loin de leur lieu d’habitation.

Du coup, régulièrement on attend une fermeture, tous les 2 ans, on a des annonces... Quand à des reclassements, il n’y a pas de boulot dans la région. La direction fait tirer les anciens jusqu’au bout et refuse d’embaucher des jeunes. Dans jeunes qui ont suivi une formation, il leur faudra peut-être attendre 4 ou 5 ans au Pôle Emploi avant de trouver quelquechose.

Oui , ils préfèrent garder les vieux, l’effet direct c’est qu’il y a un manque de place pour les jeunes.

Eh les gars , ça part pour l’ AG !

Allez ciao.

Propos recueillis sur le piquet de grève de la raffinerie de Feyzin, le mercredi 27 Octobre 2010 à 13h 30.
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Source / Rebellyon

 

 

 

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