Syrie Des jeunes sous la torture

 

 

 

M. Dhofari est un citoyen syrien de la ville de Deir Ez-Zor, il a publié ce témoignage sur sa page facebook. Il s’agit de sa première visite à son neveu libéré des geôles du régime.

Récemment, nous avons rendu visite à un ancien détenu qui sortait de prison… un jeune de Dir Ez Zor étudiant à l’Institut de sciences politiques. Son nom complet  : Ahmad Mounir Taama de Bou Khriss. Il est né en 1991. Il a été arrêté lors d’une descente de la section 215 dirigée par Ghassan Mansour, après une discussion vive avec un groupe d’étudiants prorégime… 21 jours… 16 jours… baladé entre une chambrée de 24 mètres carrés où sont détenus 142 personnes… où le sommeil et la station assise… c’est chacun son tour quel que soit son état de santé. Il en pâtit comme des salles d’interrogatoire et de torture…

Électrocutions, humiliations et attentats à la dignité au moyen d’objets, de gestes et de propos obscènes… Ahmad subit des traitements dont il ignore tout…

Des brûlures douloureuses, des blessures profondes sur tout le corps. Sa température monte à 42°. Il est transporté d’urgence à l’hôpital militaire 601. C’est le début d’une nouvelle torture sauvage perpétrée par les médecins et les infirmierEs. Deux malades par lit et ligotés «  Wallah, mon oncle, la prison est mille fois mieux que l’hôpital.  » Ainsi m’a parlé Ahmad, à bout de souffle, sur le qui-vive, et avec un tremblement permanent de la joue gauche et de la mâchoire inférieure. Ahmad a été remis à sa famille au terme de cinq autres jours passés à l’hôpital, un cadavre refroidi pouvant mourir d’un instant à l’autre…

C’est ainsi que son cousin a commencé à raconter… Je ne l’ai pas reconnu au début… Une tumescence totale… Des blessures et des brûlures creusées, l’une d’elles d’une profondeur de 4, 5 centimètres et des infections, une fracture de la main et du pied. Une déformation totale dont je n’ai pu supporter la vue plus d’une minute. Son cousin dit  : ils ont mis les empreintes d’Ahmad sur douze pages et je n’ai pas eu le droit de les voir et moi, on m’a fait signer sur une page où il est dit qu’on me l’a remis à la sortie de l’hôpital en pleine santé.

Ahmad est maintenant quasiment insuffisant rénal… D’après les analyses d’aujourd’hui, la créatinine est à 8,2 et sa température à 42. Les médecins sont perplexes à cause de la résistance du virus qui empêche une stabilisation. La chute de la température à 34, puis la hausse soudaine à 42. Il n’y a plus de maîtrise des issues. Car il suffit qu’il tousse pour qu’il se vide involontairement. L’un des nobles médecins m’a dit  : «  Je crois qu’on l’a transfusé avec du sang infecté ou avec un produit toxique difficilement identifiable. C’est un état qu’on retrouve chez beaucoup de détenus  ». Ahmad dort maintenant dans un hôpital privé de Damas. Un de ses proches s’est plaint auprès de moi et m’a demandé de l’aide car il n’a pas les moyens de terminer son traitement. Et sans les circonstances qui prévalent à Dir Ez-Zor, ils l’auraient transporté là-bas.

Les dépenses de soins d’Ahmad après la déduction de l’hôpital s’élèvent quotidiennement à environ 25 000 lires syriennes, une unité de soins intensifs, des analyses, une dialyse rénale, du sang et des antibiotiques… une facture qui se monte maintenant à 270 000.

L’infirmière est venue faire une nouvelle prise de sang… Nous l’aidons. Ahmad refuse tant il a peur mais il n’a plus de forces. Après le départ de l’infirmière, Ahmad reste la main en l’air. Je lui demande pourquoi tu lèves la main  ? Non, cousin c’est pour qu’ils me remettent les menottes…
Je lui rendrai visite demain.


* Publié sur http://www.npa2009.org/

Mis en ligne le 25 juillet 2012
SOURCE / ESSF
Tag(s) : #Monde arabe - Israël
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