troussage

 

Depuis le 14 mai, DSK et Anne Sinclair sont presque partout, et Nafissatou Diallo presque nulle part, telle est la loi des médias dominants. Les livres sur l'ancien boss du FMI se multiplient, les couvertures de magazines aussi, et bientôt un "prime time" où celui qui est toujours accusé au civil aux Etat-Unis, est en passe de devenir la pauvre victime d'une injustice !

Personne n'était dans la fameuse chambre du Sofitel, et nous ne sommes pas près de savoir si un jour DSK sera déclaré coupable ou non.

 

 


 Bien plus intéressant est ce livre qui étudie les réactions engendrées par nos "élites" françaises depuis la date du 14 mai 2011. Avec un touchant ensemble, nombre de leaders politiques de gauche, grands adeptes du féminisme, de l'égalité hommes-femmes, se sont révélés sous un autre jour, assez consternant, de petites phrases en petites phrases.

Elles furent multiples et fort révélatrices de la misogynie ambiante, avec en tête de peloton, Jack Lang, Jean-François Khan, Robert Badinter et Alain Finkielkraut :

 

"Il n'y a pas mort d'homme" pour le premier.

"Un troussage de domestique" pour le second.

Défense des droits de l'accusé et "Mise à mort médiatique" pour le troisième.

"Sa vie a basculé dans un cauchemar" de Finkielkraut, parlant de Diallo ?  Que nenni, il s'agit bien de DSK et de sa "bêtise" pour lequel il éprouve d'ailleurs de la compassion !

 

Arrêtons là la liste car elle donne un peu la nausée.

 

Avec une mention spéciale au "socialiste" Manuel Valls, fustigeant  ceux qui alimentent le débat autour de l'affaire DSK, alors que nos regards devraient plutôt se tourner vers les viols dans les quartiers populaires !

 

Il est donc essentiel, comme le font plusieurs intervenantes dans ce livre, de rappeler à ceux qui nous saoulent sans fin avec la présomption d'innocence de DSK, que par le passé, lors des "tournantes" dans les caves de banlieues où des jeunes furent inculpés, la présomption, alors, était surtout une présomption de culpabilité.


Deux poids, deux mesures, comme je le rappelais le mois dernier en publiant Déni de justice, made in USA.

 

Certes misogynie crasse, mais aussi belle arrogance de classe. Il est vrai qu'à trop manier quotidiennement la langue de bois, quand les vrais sentiments se font jour, la distance entre les deux peut alors être intersidérale.

 

Malgré le rouleau compresseur habituel des médias dominants qui ne connut pas de trêve durant cet été, quelques voix féministes  se firent, difficilement, entendre en mai et juin. Des textes parurent alors. Il était donc intéressant de les regrouper et surtout de leur donner une nouvelle occasion d'être lus, surtout au moment où l'homme rentrait en France et préparait sa rentrée médiatique afin de nous délivrer son message.

 

C'est dans la collections "Nouvelles questions féministes" animée par Christine Delphy qu'est sorti début septembre cet essai regroupant 23 textes (voir les auteures ci-dessous).

 

Point commun de tous ces courts textes, le sexisme qui se porte particulièrement bien en France, sans oublier, comme le  souligne Delphy dans son avant-propos, trois très fortes solidarités :

 

Celle du genre : les hommes contre les femmes

Celle de la classe : les riches contre les pauvres

Celle de la race : les Blancs contre les Bronzés

 

Cela fut clair dès le début aux Etats-Unis, et en France quand les éléphants du PS montèrent au créneau avec un bel ensemble, afin de défendre leur ami DSK dont ils firent en boucle médiatique un éloge aussi lourd qu'indécent.

 

Chaque texte publié ayant un titre souvent évocateur, nous en avons retenu un seul, celui de Najate Zouggari, journaliste et traductrice :

 

"Violeur au-delà du périph', séducteur en deçà"

 

Tout au long du livre une problématique revient, celle des violences faites aux femmes.

Au delà des longs discours, des chiffres parlent :

 

En France, 75 000 femmes violés (au minimum) par an, 10 000 plaintes, 2000 condamnations.

 

Ce petit livre est essentiel, car au-delà du cas DSK, il sert actuellement de révélateur sur notre société française, il doit servir aussi à débattre, bien au-delà de la culpabilité du boss déchu du FMI, sur les violences infligées aux femmes, et pas en regardant simplement vers les quartiers populaires ! Il s'agit aussi de débattre sur la responsabilité des leaders de cette gauche socialiste dont certains sembleraient encore prêts, en cas de victoire en 2012, à ne pas se priver des formidables qualités de ce grand économiste !

 

En conclusion, il faut lire ce livre, le faire lire, le discuter ensemble, et participer aux débats autour de lui, comme à Paris dans les jours prochains (voir rendez-vous dans notre agenda).


 

 

Dan29000

 

Un troussage de domestique

Coordination Christine Delphy

Editions Syllepse

2011 / 184 p / 7 euros

 

 

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Christine Delphy (coord.) ; Clémentine Autain, Jenny Brown, Mona Chollet, Sophie Courval, Rokhaya Diallo, Béatrice Gamba, Michelle Guerci, Gisèle Halimi, Christelle Hamel, Natacha Henry, Sabine Lambert, Titiou Lecoq, Claire Levenson, Mademoiselle, Marie Papin, Emmanuelle Piet, Audrey Pulvar, Joan W. Scott, Sylvie Tissot, les TumulTueuses, Najate Zouggari : Un troussage de domestique Éditions Syllepse, 1er septembre 2011 / 184 p. / 7 euros.  Collection Nouvelles Questions Féministes

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