35 ans de prison pour le lanceur d'alertes Bradley Manning
 

La peine est vraiment lourde pour Bradley Manning, la source de Wikileaks : 35 ans de prison, déchéance de son statut de militaire pour cause d’indignité, privé de ses droits et pensions... Une peine plus lourde que bien des criminels de guerre, alors que la juge a pourtant reconnu lors du procès que la publication des documents de Wikileaks n'avait fait aucune victime.

 

En début de semaine, le procureur militaire Joe Morrow avait tout de même demandé à la juge Denise Lind "d'envoyer un message à tous les soldats qui envisageraient de voler des informations classifiées", en condamnant le jeune Américain à six décennies de prison et en lui infligeant une peine de 100.000 dollars d'amende. La peine est certes un peu plus clémente, mais reste extrêmement sévère. A titre d’exemple, en pleine guerre froide, un agent du renseignement américain reconnu coupable d’avoir donné des informations « secret défense » à l’Allemagne de l’Est avait écopé d’une peine de 30 ans.

Manning pourra néanmoins être libéré sur parole après avoir effectué un tiers de ses 35 ans de prison. La juge a d’ailleurs précisé que Manning bénéficierait d'un total de 1294 jours de remise de peine (trois ans et demi), correspondant à sa détention préventive depuis son arrestation en mai 2010, dont neuf mois sous un régime d'isolement strict. L’annonce de la sentence a duré deux petites minutes.
Le soldat Manning a été reconnu coupable de vingt chefs d’accusation. La justice lui a entre autre reproché d’avoir violé la loi sur l’espionnage, de désobéissance au règlement militaire, de fraude informatique, en insérant un logiciel non autorisé dans le système informatique de l’armée, en détournant les mécanismes de sécurité de ce système et en stockant de manière illicite des informations classifiées...

 

Les défenseurs de Bradley Manning protestent contre la sévérité de la sentence et annoncent qu’ils ne baisseront pas les bras. L’association American Civil Liberties Union (ACLU) dénonce le fait que 35 ans, c’est une décision de justice « extrêmement mauvaise », pour un soldat dont le seul tord est d’avoir partagé des informations avec le public, sa peine est « bien plus lourde que d’autres soldats qui ont torturé des prisonniers et tué des civils.» Quant au président d’Amnesty International, il a appelé Barack Obama pour obtenir au plus tôt une grâce, compte tenu des motivations du soldat Manning et de la pénibilité de ses conditions de détention.

La semaine dernière, le soldat Manning s'était excusé des conséquences malheureuses de son acte, assurant à nouveaux la juge qu’il n’avait que des bonnes intentions, « d’aider les gens et non de les blesser ». Le tribunal avait d'ailleurs convenu que le soldat Manning n'avait pas de sang sur les mains, ni directement, ni indirectement. Aucune preuve n’a pu être apportée que la publication des 750 000 documents qu’il avait confiés à Wikileaks ait fait la moindre victime.

Quelques documents phares fournis par Manning à Wikileaks
-Une vidéo montrant des civils tomber sous les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007. On entend les voix des soldats se réjouir du massacre, y compris lorsqu'ils apprennent qu'ils ont également tué des enfants. Baptisée "dommages collatéraux" par WikiLeaks, cette vidéo a été rendue publique par Assange lors d'une conférence de presse en avril 2010 à Washington. Des journalistes de Reuters faisaient partie des victimes.
-Une vidéo confidentielle d'une bavure dans le village de Granai, en Afghanistan, où plus d'une centaine de civils avaient été tués dans une attaque aérienne américaine en mai 2009.
- Plus de 90000 documents relatifs à la guerre en Afghanistan ont été publiés en juillet 2010, suivis en octobre par près de 400.000 autres relatifs au conflit en Irak, notamment des rapports confidentiels du Pentagone révélant des abus, tortures et meurtres parmi les civils.
- Rendus publics à partir d'avril 2011, les dossiers confidentiels des 779 détenus passés par les geôles de Guantanamo. On y apprend notamment qu'une majorité d'entre eux étaient incarcérés sans charge, mais aussi leur état mental ou le contenu de certaines de leurs déclarations.

Pi.M.

 

SOURCE / L'HUMA

Tag(s) : #actualités
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