VIDEO. La "super solidarité" d'un quartier pour les migrants délogés de la Halle Pajol PDF Imprimer Envoyer
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Jeudi, 11 Juin 2015 16:27
Pauline Chateau, publié le , mis à jour le

La police a procédé lundi à l'évacuation du parvis de la Halle Pajol dans le 18e arrondissement à Paris. L'association Bois Dormoy a ouvert en urgence les portes de son jardin partagé aidée par des riverains, pour accueillir près de quatre-vingts migrants. Reportage.

Le visage creusé, les yeux mi-clos, Mussib attend à l'extérieur du jardin partagé de l'association Bois Dormoy, dans le 18e arrondissement parisien. Les forces de l'ordre ont procédé lundi après-midi à l'évacuation de réfugiés du parvis de la Halle Pajol, à quelques mètres du jardin. Pour certains, il s'agit du deuxième déménagement forcé après celui de la Chapelle.  

 

Si une vingtaine de réfugiés a été placée en centre de rétention administrative, les autres se sont retrouvés à la rue, sans logement. "Nous avons réagi dans l'urgence et ouvert le jardin partagé de l'association à minuit, car les réfugiés étaient terrorisés à l'idée de dormir dehors avec la police dans les parages", témoigne Thomas Augais, président de l'association.  

Vidèo sur le lien web:http://www.lexpress.fr/actualite/societe/video-la-super-solidarite-d-un-quartier-pour-les-deloges-de-la-halle-pajol_1687781.html

De fait, la police n'a pas hésité à employer la force pour déloger les migrants de la Halle Pajol. "La méthode policière a consisté, un peu comme au rugby, à faire une mêlée et à créer un chaos", soutient Pascal Julien conseiller de Paris écologiste (EELV) du 18e arrondissement. Si le préfet de Paris dément toute violence policière, les riverains soutiennent le contraire. "Certains policiers ont vraiment abusé: ils ont craché sur les gens, les ont frappé à chaque fois que quelqu'un essayait de s'opposer", affirme une riveraine.  

"Le voyage m'a coûté 4000 dollars"

Certains réfugiés, comme Bouali, portent encore les marques des coups infligés par les forces de l'ordre. Le jeune homme a dû se rendre à l'hôpital lundi soir après avoir été frappé dans les côtes à coups de matraque. Il porte toujours son bracelet d'identification au poignet. "J'ai eu honte pour mon pays", confesse Gérald Briant, adjoint au Maire du 18e. 

Au total, près de quatre-vingts migrants, venus d'Erythrée et du Soudan, se sont installés au milieu des arbres et des branches éparpillées. La plupart venaient de la Halle Pajol, où ils ont été délogés par la police, comme Fatih, Soudanais, arrivé il y a semaine. "Le voyage m'a coûté 4000 dollars depuis le Soudan en passant par la Grèce et l'Italie", explique cet ancien journaliste. Également Soudanais, Mussib est arrivé en France hier seulement: "J'ai quitté le Soudan à cause de la guerre". Ce jeune réfugié confesse vouloir partir à Calais dans les jours qui viennent. 

>> Lire aussi: Evacuations de migrants à Paris: "L'asile? Je ne sais pas vraiment ce que c'est" 

Bernard Boucault, préfet de Paris, soutenait lundi soir qu'aucun des réfugiés ne souhaitait déposer une demande d'asile. Pourtant, une très grande majorité des réfugiés au Bois Dormoy souhaite demander l'asile politique. "Je me fiche des violences policières, je ne veux pas partir", affirme Fatih. 

Des riverains solidaires

Après une courte nuit sur un matelas, une bâche ou à même le sol, les réfugiés tentent désormais de se reposer. Mais la fatigue se lit sur les visages. Les riverains et bénévoles tentent de remédier à leur désarroi. Préparation de sandwiches, apport de vêtements de rechange ou de cigarettes, désinfection des plaies...Une vingtaine de personnes s'activent. "Au niveau du quartier, il y a une super solidarité", se réjouit une riveraine. Un des bénévoles s'improvise infirmier pour soigner un migrant dont le pied est en sang. Dans un anglais approximatif, ce quinquagénaire explique s'être blessé lors de la traversée de la Méditerranée depuis la Libye. 

Si l'association et les riverains font preuve de bonne volonté, les installations restent sommaires. "Nous essayons d'installer des toilettes sèches puisque pour l'instant, les réfugiés n'ont pas de toilettes", explique Barbara, bénévole au Bois Dormoy. Autre souci: l'eau courante, car le robinet du jardin de l'association Bois Dormoy n'est toujours par réparé, mardi en fin de matinée. Le président de l'association admet que cette situation ne peut être que temporaire. 

"La partie émergée de l'iceberg"

"On va continuer combien de temps comme cela?", s'indigne Pascal Julien. Comme de nombreux élus sur place, l'écologiste fustige la politique du gouvernement, qui ne fait que "déplacer le problème". Le conseiller de Paris cite l'exemple d'un jeune migrant à qui les autorités auraient remis un petit bout de papier, l'autorisant à "dormir où il veut dehors". "Cet homme était à Calais, il est venu à Paris pour un rendez-vous avec l'Ofpra, avant d'être capturé puis relâché", affirme Pascal Julien. Un post-it dont l'authenticité reste toutefois à confirmer... 

https://twitter.com/PJulien18/status/607934595812741121/photo/1

 

(Attention erratum:  ce n'est pas le tampon de l'OFPRA https://www.ofpra.gouv.fr/ mais celui de l'OFII http://www.ofii.fr/)

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"Le camp de 400 migrants situé sous le métro la Chapelle, n'est que la face émergée de l'iceberg", estime encore Pascal Julien. Les bénévoles de l'association expliquent que deux camps de migrants subsistent actuellement aux alentours de la gare d'Austerlitz. "Nous demandons qu'à Paris un centre d'accueil pérenne soit créé", indique Gérald Briant. La Maire de Paris, Anne Hidalgo doit s'exprimer ce soir sur le sujet. Les élus ont bon espoir que la ville de Paris agisse en ce sens. "Je crois que la ligne fléchit, peut être que la Maire l'annoncera d'ici ce soir", indique Pascal Julien.  

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