Des médias et des associations soutiennent Mediapart, le pouvoir se tait
Ouh ouh!? Y a-t-il une ministre de la communication? La question s'impose au vu du silence de Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication, qui n'a pas daigné avoir un mot sur les redressements fiscaux de plusieurs millions d'euros qui frappent trois journaux indépendants, Mediapart, Arrêt sur images et Indigo Publications.
Alors que ce mauvais coup de l'administration fiscale était largement abordé, vendredi matin, lors de la Journée de la presse en ligne organisée par le Spiil (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne), Jérôme Bouvier, conseiller de la ministre en charge des métiers de l'information, était justement un intervenant à un débat organisé l'après-midi sur le thème «Les aides à la presse doivent-elles favoriser l’indépendance?».
Bonne question, tant nous avons dénoncé la gabegie d'argent public et l'opacité de l'attribution de ces aides. «1% des titres reçoivent 40% du total des aides à la presse. Aucun critère d'indépendance dans l'allocation des aides», a rappelé le Spiil (lire ici un compte rendu rapide). C'est d'ailleurs ce qui nous avait conduit, à partir de 2010, à refuser toute subvention publique, tout comme Arrêt sur Images et Indigo Publications.
Jérôme Bouvier a-t-il seulement évoqué ces redressements fiscaux et le danger qu'ils font peser sur des titres indépendants, sans publicité, sans subvention publique, et qui ont su faire la démonstration de la validité de leur modèle économique? Non, pas un mot, pas une remarque, pas un commentaire, pas même une allusion!
Le conseiller a préféré disserter sur le fait que la meilleure des garanties de l'indépendance c'est une presse qui économiquement se porte bien. Le fait que l'Etat ait versé l'an dernier 15 millions d'euros au Figaro, propriété du milliardaire Dassault, 13 millions au Monde, propriété des milliardaires Berger et Niel ainsi que du banquier d'affaires Pigasse, n'amène pas le conseiller, et encore moins sa ministre, à s'interroger sur le bienfondé de tels critères de répartition.
Silence donc au ministère de la communication comme au gouvernement! A vrai dire, nous ne nous attendions pas à grand-chose d'autant que nous avons pris grand soin, durant cette période de contentieux fiscal, de nous tenir à l'écart d'éventuelles négociations obscures.
Heureusement, d'autres soutiens affluent. Les vôtres en premier lieu, avec la mobilisation exceptionnelle liée au lancement de notre campagne de dons et d'abonnements. Et ce sont ceux-là qui comptent, nous vous en remercions. Des associations et des médias ont également fait part de leur solidarité, ou en nous soutenant explicitement -c'est-à-dire en relayant nos campagnes- ou en nous permettant d'expliquer nos positions face au coup bas qui nous est porté. Nous les en remercions également. Voici ci-dessous une rapide revue:
Ligue des droits de l'homme: Quand le gouvernement pioche dans la caisse des médias indépendants
«La LDH condamne une décision qui frappe avant tout des médias d’information indépendants, souvent dérangeants, et s’interroge sur ses raisons exactes».
ACRIMED: «Mediapart et Arrêt sur images dans la tourmente»
Extrait: «Sans faire fi de nos divergences d’approche, voire de nos désaccords, l’urgence est à la défense de médias dont la disparition ou même l’affaiblissement serait un coup dur porté à l’indépendance journalistique et au pluralisme déjà bien rabougri du paysage médiatique». «C’est pourquoi nous relayons les campagnes de soutien financier lancées par les deux titres, qui en appellent à leurs abonnés et plus généralement à leur lectorat pour les aider à traverser cette mauvaise passe – en attendant les résultats d’un éventuel jugement en appel».
Marianne: Bercy matraque le journalisme indépendant
La République des Pyrénées: pourquoi il faut sauver le soldat Mediapart!
«Une fois n’est pas coutume : au bas de cet édito figurent deux liens qui vous permettent de verser votre obole à Mediapart et Arrêt sur images, deux sites indépendants qui viennent d’être l’objet d’un énorme redressement fiscal qui met en danger leur existence : 4,1 millions d’euros pour le premier, 540 000 euros pour le second. Même si on n’est pas d’accord avec certaines de leurs positions, leur existence et leur travail d’enquête sont une respiration indispensable de la démocratie». Jean-Marcel Bouguereau
et des liens vers d'autres articles:
Les Inrocks: “Médiapart” et “Arrêt sur images” en danger
TV5Monde. Presse en ligne : qui veut la peau de Mediapart et d'Arrêt sur images ?
Le Soir. Edwy Plenel: «Mediapart est victime d’une vengeance pour l’affaire Cahuzac»
Politico. France’s Mediapart claims political motive in tax audit
Politis: la presse indépendante en danger
Marsactu: Dur dur d’être un pionnier ! Marsactu soutient Mediapart et Arrêt sur images
Enfin à noter, les soutiens explicites de deux responsables politiques, André Gattolin, sénateur EELV des Hauts-de-Seine, et Olivier Besancenot avec le tweet suivant:

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