Panem et circenses
Un géant aux pieds d'argile.

 

La chute du colosse.

 

 

Le sport quand il se donne sans état d'âme aux puissances de l'argent est une triste représentation d'une société parfaitement inégalitaire et absurde. C'est le cas naturellement du football qui aime à exacerber le pire de tous les travers qui fondent ce monde en plein naufrage. L'argent y coule à flots pour faire rêver des spectateurs qui appartiennent souvent à la classe des laissés-pour-compte. Le rêve, sans doute, leur donne l'illusion d'appartenir à cette fiction honteuse.

 

Le Paris Saint Germain a placé la barre si haut que c'en est parfaitement ridicule. Cette équipe, construite à coups de millions, est sans rivale au niveau national. Le championnat de France n'est plus qu'une simple formalité où un colosse écrase des équipes qui ne pourront jamais rivaliser. Les plus acharnés des spectateurs s'enthousiasment alors d'une domination sans partage, d'un suspense totalement inexistant. La glorieuse incertitude du sport s'est dissoute dans les pétrodollars du Qatar.

 

Le suspense est désormais la nature de la victoire de ces glorieux mercenaires. Vont-ils se donner la peine d'exprimer leur talent et punir la pauvre équipe qui leur est offerte en pâture ? Se contenteront-ils de faire le minimum syndical pour se préserver, économiser leurs forces, facturées si chères ? Comme ce doit être exaltant !

 

La seule compétition qui compte pour nos joyeux princes est européenne. La coupe des champions est leur Graal : leur objectif essentiel, tant tout ce qui se présente au niveau national va de soi, faute d'incertitude. Mais comment peut-on briller dans quelques matchs de haut niveau quand, toute l'année, on se balade les mains en haut du guidon ? Il y a une méconnaissance du sport chez nos joyeux financeurs de l'absurde qui me sidère …

 

À évoluer dans un championnat sans difficulté pour eux, les virtuoses du ballon rond en oublient de faire leurs gammes. Ils sont forcément en incapacité à hausser le ton quand surgit la montagne à gravir, eux qui se sont habitués à franchir de pauvres monticules informes et sans consistance. Seule la compétition quand elle est exigeante prépare aux grands rendez-vous ; les entraîneurs sérieux, vous le diront.

 

Mais chacun peut gaspiller sa fortune comme il l'entend : c'est là toute la grandeur de ce libéralisme sans morale. Ne cherchons pas à rationaliser ce qui échappe à toute logique. Nous n'avons qu'à nous réjouir de la chute du colosse dans sa petite cour nationale. La défaite des géants, face aux gamins de Lyon, a quelque chose de réjouissant. La morgue et la prétention que ces beaux messieurs, bien trop payés et qui s'imaginaient terminer la saison invaincus, se fracassent sur ces fessées salutaires.

 

Les Gones leur ont donné la leçon, la plus importante qui soit : l'envie est supérieure au fric. Leur enthousiasme a balayé la suffisance des banquiers prétentieux, des icônes bien moins sages que des images. Il y a toujours une place pour briser les empires, pour casser les chaînes qu'on nous met aux pieds, abattre les colosses qui dominent le monde. C'est la seule leçon que je veux retenir de cet épiphénomène sportif sans importance.

 

Les acharnés du ballon rond continueront de croire au rêve du Qatar. Le jeu est préférable au pain : on le sait depuis fort longtemps et les nouveaux maîtres de la France vont encore manipuler les cerveaux disponibles. Tout ceux qui comptent dans le monde des politiques et des vedettes continueront de se presser dans les tribunes de cette succursale de la mondialisation inique, cautionnant ainsi l'opium d'un peuple qu'ils sont incapables de rendre heureux.

 

Je me félicite de la chute du colosse. Je voulais ainsi exprimer mon dégoût pour ce que devient le sport de haut niveau. L'argent a tout phagocyté, il n'y a plus de place pour l'incertitude : le budget fixe les positions, fige la hiérarchie. Le spectacle offert est une caricature orchestrée pour anesthésier un bon peuple, prêt à aduler ceux qui sont indirectement causes de son malheur.

 

L'argent qui va aux vedettes est forcément détourné de la juste redistribution des richesses mondiales. Nous devrions être effarés d'une telle mascarade, d'une telle arnaque. Tout au contraire, il se trouve des spécialistes pour justifier l'injustifiable et des journalistes pour ne cesser d'abrutir les masses avec les frasques de pauvres pantins en short. Qu'ils aillent tous au diable à coups de chaussures à crampons dans le c... !

 

Exaspérément leur.

Un géant aux pieds d'argile.
 
SOURCE/ CHRONIQUES-OVALES.COM
 
Tag(s) : #actualités
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