Nous, membres des collectifs Documentaristes Debout et Médias debout, avons décidé que le CSA constituait une cible légitime car cet organisme n’est pas à la hauteur des tâches qui sont les siennes, comme déterminées dans la loi qui a présidé à sa création.
1. Nous revendiquons plus de transparence dans le mode de nomination des postes de responsabilités chez France Télévisions, vaisseau amiral du service public de l’audiovisuel et chez Arte.
2. Nous revendiquons plus de représentation de la diversité, de la pluralité et de la parité sur les chaînes publiques ou privées car elles sont des fondements de la vie démocratique. L’audiovisuel public a un devoir d’exemplarité dans la mise en œuvre de ces principes, à commencer par les professionnels qui sont à l’origine des programmes : ceux qui les conçoivent, les produisent, les réalisent, les interprètent. La diversité repose sur leur identité culturelle, sociale, linguistique, territoriale... De même il est anormal et antidémocratique que la vision économique néolibérale occupe la majeure partie de l’espace tant sur les antennes privées que publiques. En vrac, les Noirs sont à 6% de représentation, les Arabes à 4%, les paysans à 1%... En fiction, le ratio homme/femme est de deux pour une. La parité est un enjeu fondamental dans les métiers de la création. Seulement 17% de réalisatrices exercent ce métier en France (Cinéma et télévision)…
3. Nous constatons la faillite du service public de l’audiovisuel pour le soutien à la création. Les œuvres cinématographiques et audiovisuelles sont formatées tous azimut, particulièrement en ce qui concerne le documentaire, pour lequel toute prise de risque formelle est aujourd’hui totalement écartée. La recherche et le développement existent dans tous les secteurs d’activités pourquoi pas sur France Télévisions ? Le documentaire est un art de notre temps, et simultanément une entreprise de connaissance et une nouvelle forme d’engagement citoyen pour une société meilleure. Le CSA se doit de rappeler aux chargés de programmes d’être plus courageux dans leurs choix, d'avoir plus que jamais le goût des œuvres fortes, de ne pas douter des insondables mais riches attentes du public de leurs contemporains.
4. Nous constatons une obsession du service public pour l’information, avec entre autres la création d’une très coûteuse chaîne d’info, alors qu’il en existait une déjà dans le giron du public, France24. Cette obsession se retrouve également avec l’augmentation des cases dédiées au magazine, à la requalification de magazine en œuvre audiovisuelle au détriment de documentaires porteurs d’un regard singulier sur notre monde et d’émissions qui décryptent véritablement l’information.
5. Nous constatons une obsession du service public pour l’audimat. Sans régie publicitaire, l’audimat n’a plus aucune raison de dicter la politique éditoriale des chaînes bénéficiant de la Contribution à l’Audiovisuel Public. Cette logique soumet les principales chaînes de télévision à des impératifs de réussite, d’écriture qui impose son point de vue aux téléspectateurs et de formatage souvent incompatibles avec un véritable point de vue d’auteur.
6. Réconcilier les chaînes de télévisions publiques avec les grands festivals documentaires en mettant en place une politique d’achat par la création d’une case dédiée aux films sélectionnés et/ou ayant reçu des prix en festivals nationaux et internationaux, d’une case patrimoniale équivalente au cinéma de minuit pour les chefs d’œuvres de l’histoire du cinéma documentaire et de préachat pour participer au renouvellement de la création. Une extrême minorité de premiers et seconds films est accompagnée par France Télévisions et Arte.
7. La réforme territoriale doit s’accompagner d’une réforme fiscale pour que les chaînes de télévisions en région qui remplissent leurs missions de service publics puissent bénéficier d’une part de la contribution audiovisuelle public, que les pôles France 3 Région deviennent de plein exercice et que la mise en place d’un fond sur le modèle du FSER pour les radio locales existe pour financer les TV locales, ceci afin de participer à une meilleure décentralisation audiovisuelle et cinématographique.
8. Le CSA doit encourager les télédiffuseurs à un meilleur dialogue entre professionnel (auteur/réalisateur, producteur et télédiffuseur) pour une meilleure diffusion du genre et à un respect de la législation en vigueur. Un rappel aux droits du travail et aux droits d’auteur est nécessaire pour encadrer toute exigence de réécriture, de retournage, de remontage du film de la part du télédiffuseur. Un auteur/réalisateur n’est pas un simple prestataire de service forfaitisé et l’intermittence ne doit pas être une source de financement de la création.
9. Le CSA et l’Union Européenne. En droit communautaire, dans le protocole 29 du Traité d’Amsterdam, l’audiovisuel public est lié aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de chaque état membre. Il s’agit de protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles. Les textes convergent sur la vocation éducative et culturelle. Ni les news, ni le divertissement n’apparaissent comme des obligations. En mentionnant des “besoins démocratiques” l’Union Européenne porte cette mission sur le terrain de la citoyenneté. Les observateurs et les acteurs eux-mêmes s’accordent pour dire que les chaînes de service public ne remplissent que très partiellement ces missions.
Le CSA se doit d’exercer cette vigilance et ce nécessaire rappel à l’ordre des missions de service public auprès des télédiffuseurs.
Nous soutenons également le combat contre la loi travail, véritable régression sociale qui s’inscrit dans une logique néolibérale que nous combattons vigoureusement, celle du moins disant social où le plus faible est voué à l’exclusion sociale.
#DocumentaristesDebout
#NuitDeboutPartout
#mediadebout
Cette pétition sera remise à:
- Olivier schrameck
- Nicolas About
- Sylvie Pierre-Brossolette