L.A. brûle, et dans tant d'autres villes, le feu couve en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises, et nous écoutons des politiciens qui alimentent notre haine et notre étroitesse d'esprit, qui nous disent qu'il s'agit simplement de revenir aux vraies valeurs, alors qu'eux sont assis dans leurs propriétés de bord de mer à écouter les vagues pour ne pas avoir à entendre les cris des noyés. [...] Ils ne nous respectent pas car nous sommes leurs enfants maltraîtés. Ils nous baisent matin, midi et soir, et, tant qu'ils nous bordent en nous embrassant, tant qu'ils nous chuchotent à l'oreille : «Papa t'aime, Papa va s'occuper de toi», nous fermons les yeux et nous nous endormons, troquant nos corps, nos âmes, contre les vernis rassurants de la «civilisation» et de la «sécurité», fausses idoles de notre rêve humide du XXe siècle.