La rentrée littéraire de cet automne fut en partie sous le signe des animaux. Lion, marmotte, poissons d'aquarium, chien et maintenant ours. Les éditions Verdier nous offrent un beau roman Histoire de Knut, de Yoko Tawada, inspiré d'une histoire vraie, celle d'un jeune ours polaire du zoo de Berlin, mort prématurément en 2011, après un rejet par sa mère et malgré les bons soins de ses gardiens. Un roman délicieux où les ours prennent la parole ce qui n'est pas pour nous déplaire...

 

Trois parties distinctes pour ce roman réjouissant, trois voix d'ours. D'abord la grand-mère qui vivait à Moscou et qui aimait écrire en suçant son crayon. Une autobiographie bien entendu, mais ensuite à qui la montrer ? Puis viendra la mère qui travaille dans un cirque et enfin son fils, troisième génération, et troisième lieu, le Canada. Trois générations de migrants dans plusieurs pays et diverses situations où à chaque fois les ours observent les humains et se posent des questions sur les humains, sur l'Europe. Les rapports avec les humains sont compliqués. Au fil des pages, les ours et les hommes traversent les frontières et l'histoire, le mur de Berlin chute et la RDA s'évanouira... Les rencontres se multiplient alors, souvent avec surprise et maintes difficultés pour nos trois bestioles blanches.

 

Yoko Tawada, née en 1960 à Tokyo, vit maintenant, comme beaucoup d'artistes, à Berlin, sans doute capitale culturelle de l'Europe. Elle a pour particularité d'écrire en allemand et japonais, ce qui a eu l'avantage pour elle de recevoir le prestigieux prix Akutagawa et en Allemagne, la médaille Goethe. Pour la première fois, avec Histoire de Knut, elle s'est traduite du japonais en allemand. Son roman est souvent irrésistible et vient prendre place dans la longue suite de ces romans où les animaux tiennent la place principale, du célèbre lièvre de Vatanen d'Arto Paasilinna à une autre délicieuse histoire d'ours, L'ours est un écrivain comme les autres de Kotzwinkle... Un roman surprenant qui prend place dans notre changement de rapport aux animaux. Fini la considération des animaux en objets, juste bons à être mangés ou emprisonnés pour nos distractions, ou encore chassés pour le plaisir mortifère d'humains carnassiers. Êtres vivants intelligents et sensibles dont on découvre progressivement leur savoir-faire, la littérature nous aide parfois à bien saisir que les animaux ne sont pas que des animaux. Ce joli roman philosophique de Yoko Tawada y contribue.

 

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Histoire de knut

Yoko Tawada

Traduit de l'allemand par Bernard Banoun

Éditions Verdier

2016 / 288 p / 18 euros, epub / Pdf : 13,99 euros

 

Le site de l'éditeur

Lire un extrait

 

Prix

Prix Kleist (Allemagne), 2016, pour l’ensemble de l’œuvre
Médaille Goethe, 2005
Prix Tanizaki, 2005 (Train de nuit avec suspects)
Prix Adalbert von Chamisso, 1996
Prix Akutagawa, 1993
Prix des Jeunes Auteurs, décerné par la revue Gunzô, 1991

 

Aux éditions Verdier

 

Revue de presse

Le magazine littéraire, octobre 2016, par Alain Dreyfus

Les bons conseils de Knut l’ourson

De l’éloge du pédalage aux considérations sur l’homo sapiens : les ours polaires commentent les mœurs locales, toutes espèces confondues.

Yoko Tawada est une personne déplacée. Pas dans le sens usuel et tragique du terme, même si, née à Tokyo en 1960 de parents soviétophiles, cette polyglotte éprise... Lire la suite

Libération, 9 septembre 2016, par Frédérique Fanchette

Patte d’ours

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Mouvement, septembre 2016, par Catherine Bédarida

Ourse blanche, cirque rouge

Du cirque de l’époque stalinienne au zoo moderne se targuant de respecter les droits des animaux, l’épopée de trois ours polaires racontée par Yoko Tawada, romancière japonaise qui écrit en allemand. Comme elle et des millions d’exilés, ils changent de pays et de langue, occasion pour contempler les humains avec... Lire la suite

En attendant Nadeau, 31 août 2016, par Linda Lê

Une entreprise de déstabilisation

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Tag(s) : #lectures
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