Paris est une fête, le nouveau documentaire de Sylvain George sort en salles ce mercredi. Empruntant son titre au célèbre roman d'Hemingway qui connut une nouvelle vie après les attentats de Paris en 2015, ce film en noir et blanc est un nouveau jalon du parcours fascinant de ce cinéaste pour lequel nous avions eu un vrai coup de cœur en 2011 lors de la sortie de Qu'ils reposent en révolte où il nous faisait partager des morceaux de vie des migrants de Calais. Ses choix narratifs, sa forme, son approche et un incroyable sens du cinéma du réel nous avaient subjugués. Vers Madrid, autour des Indignados, était aussi une réussite, mais un degré en dessous.

 

Sylvain George effectue un brillant retour avec ce long métrage tourné en 2015 et 2016, en dix-huit séquences ou vagues... Avec toujours ce point fort, laisser le pouvoir aux images, dans un monde où les documentaires sont pollués par les voix off nous expliquant le contenu visuel de manière redondante. Il fait confiance à ses images, qui une fois encore, sont d'une puissance rare. Cadrer, noir et blanc profond, couper au bon moment, et surtout tourner au plus près, avec en alternance le détail, humain, minéral, animal qui fait toute la différence. Un sens du détail parlant.

 

Caméra à l'épaule, Sylvain George suit un jeune migrant guinéen, Mohamed, moments d'intimité le jour ou la nuit, il filme aussi la stèle en mémoire de Zyed et Bouna électrocutés dans un transformateur EDF en 2005 suite à une poursuite de policiers, il filme au contact plusieurs manifestations contre la Loi travail, avec des corps à corps entre flics et manifestants. Et parfois ces corps en mouvement se transforment en mains, deux mains en gros plan, avec des doigts qui dansent. Beau moment magique. Et aussi la place de la République devenue mausolée après les attentats, un mausolée plus tard piétiné par les forces de l'ordre ! Un fil rouge se déroule durant tout le film, la violence d’État, un peu partout, symbole de cet état d'urgence imposé durablement. Paris est une fête est un film de résistance, un acte de résistance, une résistance poétique et sensuelle, un chant, des roses, parfois le silence ou des ordures éparpillées, des images justes qui nous touchent, pas juste des images comme il en existe trop, un peu partout dans une société saturée d'écrans trop pleins de vide Voir ce film en pleine mascarade électorale est nécessaire, comme un vivifiant retour au réel.

 

Dan29000

 

Paris est une fête

Sylvain George, réalisater, directeur photo, monteur

2017 / 95' / en salles le 12/04/17

Noir production

 

http://www.zeugmafilms.fr/

 

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Rencontre avec Patrick Boucheron et Sylvain George

Ce mercredi à 20 h 30

Cinéma LES 3 LUXEMBOURG

67 RUE MONSIEUR LE PRINCE  PARIS 75006

 

Tag(s) : #écrans
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