MARDI 23 MAI 2017 A 23 H 15 / INEDIT
Jacques Cotta - documentaire France 2016 52mn -
« Une chemise arrachée, oui, certains diront que c’est ça la violence… Mais quand on te dit, c’est fini, tu peux t’en aller, t’es viré, c’est terminé… ça c’est la vraie violence, tu es mort, tout simplement »… Un salarié d’air France qui a participé à la manifestation du 5 octobre 2016 au CCE.
Le second documentaire de Jacques COTTA, véritable plongée au cœur de la violence sociale nous interpelle sur le paradoxe constitué par cette image d’une chemise arrachée à un DRH qui va faire le tour du monde. Mais les conséquences sur le quotidien de milliers de salariés licenciés, la monstrueuse régression qu’est la criminalisation de l’action syndicale n’auront, elles, pas cet honneur.
Suite à la désindustrialisation galopante, qui s’accélère encore, des centaines des millions des licenciements se sont produits en France depuis plus de 20 ans. Goodyear, Molex, Caterpillar, Airfrance… montrent le désarroi des ouvriers face à un patronat néolibéral et totalement décomplexé. L’ANI, accord national interprofessionnel, conclu le 11 janvier 2013, encouragé par le Medef, est une arme dans les mains des multinationales. Organisation du travail anxiogène, disqualification…
Vincent de Gaulejac, sociologue spécialiste des questions liées au travail, décrypte cette violence camouflé par les mots : « La pire violence en termes d’économie, c’est le chômage. Pour lutter contre le chômage, il faut trouver la croissance. Pour favoriser celle-ci il faut développer la compétitivité car c'est la globalisation. Pour produire la compétitivité, on met en place des outils de gestions qui améliorent la productivité en réduisant les effectifs ». C’est la rationalisation d’une violence justifié par une ligne de management irrationnelle. Jacques Cotta va décortiquer les sources de cette violence brute, la mettre en évidence. Va-t-on vers une société qui doit oublier les acquis sociaux, sans exprimer la moindre résistance ? Sans opposer de violence ? La considération de la personne ? Quel société voulons nous ?
Dès lors demeure une question : est-il possible d’aborder sérieusement la violence sociale en se limitant à un de ses aspects -la « violence » ouvrière- tout en ignorant l’autre -la violence patronale- souvent présentée comme simple fatalité ?
SOURCE / UTOPIA