Derrière la croyance qui fit de Nietzsche un des inspirateurs du nazisme et du concept de race supérieure se cachait sa sœur Elisabeth. Entre supercherie et amour fraternel, enquête sur une ambition démesurée.
"Je ne suis pas un homme. Je suis de la dynamite." En janvier 1889, Friedrich Wilhelm Nietzsche est victime d'une crise de démence en plein Turin. Un effondrement mental, dont la cause n'a jamais été clairement établie – cancer cérébral ou syphilis persistante. Recueilli par sa sœur Elisabeth à Weimar et dorénavant coupé du monde, il plonge peu à peu dans un état végétatif de plus de dix ans, dont seule la mort le libérera en août 1900. À cette décennie de silence correspond paradoxalement l'audience mondiale que connaissent dorénavant ses œuvres. Une renommée telle que, plus de trente ans plus tard, Hitler cite "La volonté de puissance" comme un des fondements de la pensée nazie. Problème : l'ouvrage aurait été achevé pendant la période de folie de Nietzsche. Comment est-ce possible ?
Tragique méprise
Plongée au cœur d'une falsification démoniaque. "La folie de Nietzsche" emprunte à un genre plutôt inhabituel lorsque l'on évoque la philosophie : l'enquête, ici quasi policière. S'il évoque les travaux du philosophe et les derniers épisodes de sa biographie, ce documentaire, dans lequel s'insèrent des séquences de fiction, s'intéresse au rôle joué par Elisabeth, la sœur aimante, protectrice et… follement manipulatrice. Car c'est elle qui a recomposé, dénaturé, réécrit les notes laissées par Friedrich avant sa maladie. À l'origine de l'une des plus grosses méprises philosophiques du XXe siècle – Nietzsche comme défenseur d'une race supérieure –, elle parviendra à atteindre son rêve de puissance et de richesse. Une démonstration implacable.
- Réalisation : Hedwig Schmutte
- Pays :Allemagne
- Année :2016
- Origine :MDR
MERCREDI 27 SEPTEMBRE 2017 / 22 H 25 / 52'
SOURCE/ ARTE.TV