Nos monuments et œuvres d’art sont-ils condamnés à passer aux mains de riches étrangers ? À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, qui ont lieu les 16 et 17 septembre, enquête sur un trésor d’État menacé.

Dans le cadre de sa politique de réduction des dépenses, l’État s’est décidé à alléger son patrimoine immobilier. Un trésor considérable — plus de 40 000 monuments et 8 000 musées — que le monde entier nous envie mais dont le coût d’entretien atteint des proportions colossales. Trop de propriétés classées, plus assez d’argent : l’équation est devenue impossible à résoudre. Nos hôtels particuliers, châteaux et œuvres d’art sont-ils condamnés à passer sous pavillon étranger ? Qui sont les nouveaux acteurs de ce secteur en plein bouleversement ? 

Le documentaire de Sahéla Gherdane enquête sur un héritage menacé et… convoité. Des bâtiments chargés d’histoire, et non des moindres, sont mis en vente pour renflouer les caisses de l’État. Idéalement situé sur la place de la Concorde à Paris, l’Hôtel de la Marine a été lui-même à deux doigts de devenir un hôtel de luxe aux mains du privé. Cet ancien garde-meuble du roi a été sauvé in extremis grâce à la mobilisation du grand public. Mais cela n’empêche pas l’État de continuer à brader d’autres lieux classés à la valeur difficilement estimable. Il existe même désormais un site sur lequel on trouve tous les biens dont celui-ci cherche à se débarrasser.

Trésors en péril ?

Mais qui se porte acquéreur de trésors aussi prestigieux ? Entre autres acheteurs fortunés, les cheikhs qataris sont devenus les bêtes noires des défenseurs du patrimoine. Ces dernières années, ils ont investi dans des bâtiments d’exception dans les plus beaux quartiers de Paris. Encore faut-il que ces nouveaux propriétaires prennent soin des symboles de notre histoire. L’hôtel Lambert à Paris, qui a subi des dégâts irréversibles à la suite d’un incendie en 2013, ou le château Rothschild à Boulogne-Billancourt, laissé à l’abandon par son propriétaire saoudien et aujourd’hui en ruines, montrent combien il est difficile d’imposer les contraintes liées aux Monuments historiques à des dignitaires étrangers.

De riches investisseurs français acceptent aussi de voler au secours de notre patrimoine. Mais pas question pour eux de dépenser à fonds perdus. Pour rentabiliser leurs acquisitions, certains financent les travaux de restauration en échange de permis de construire sur des sites classés. D’autres accueillent des séminaires d’entreprise dans des monuments historiques. Un secteur en pleine expansion…

La conservation de nos œuvres d’art n’est pas davantage acquise. Sur un marché où les prix atteignent des montants vertigineux, la France pourra-t-elle continuer à tenir son rang ? Ici encore, l’État fixe ses priorités. Depuis 2002, un dispositif permet aux pouvoirs publics d’empêcher une œuvre majeure de quitter la France. Une fois celle-ci classée, l’État français dispose de trente mois pour l’acheter en priorité, le temps de réunir la somme nécessaire à son acquisition. Mais la réalité est têtue. Aujourd’hui, un petit musée ferme ses portes chaque mois en France, faute de financement. Tandis que les grandes institutions comme le Louvre peinent à trouver les fonds nécessaires à l’acquisition de nouveaux chefs-d’œuvre.

Jean-François Parouty

 

 

Documentaire

Durée 52 min

Réalisation Saléha Gherdane

Production Éléphant Doc, avec la participation de France Télévisions

Année 2017

FRANCE 5

DIMANCHE 17 SEPTEMBRE A 20 H 55

 

SOURCE/ FRANCETVPRO.FR

Tag(s) : #écrans, #arts
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