La lecture à haute voix de livres, en totalité ou sous forme d‘extraits, est considérée comme une “représentation”, et tombe de facto sous le coup du “droit de représentation”. Jusque-là, ce droit était géré par une société d‘auteurs, la SACD, mais depuis le 1er janvier 2016, et sans que grand monde en ait été informé, la gestion du droit de lecture est passée dans l'escarcelle de la SCELF, une société d'éditeurs.
Or, celle-ci a décidé d'appliquer à la lettre le barème de la SACD : trente euros minimum, même sans billetterie ! Y compris pour les “heures du conte”, les associations de lecteurs bénévoles, ou les auteurs lisant leurs propres textes…
Autre problème, la SCELF utilise la base de données Électre, qui ne tient pas compte des contrats qui sont derrière les livres : droits de représentation cédés ou pas à l'éditeur ? Qui va faire le tri ? L'affaire est ubuesque et contre-productive !
Alors nous, auteurs, bibliothécaires, médiathécaires, lecteurs bénévoles, simples amateurs de lecture ou parents d'enfants à qui on lit des livres, avons décidé de dire NON :
- NON à l'usine à gaz pour les bibliothécaires qui organisent les “heures du conte”,
- NON à ce que la lecture coûte aux bénévoles qui offrent leur voix et leur temps,
- NON à la ponction des salons qui contribuent à la vie des livres et des auteurs,
- NON aux prélèvements sur les auteurs eux-mêmes lorsqu'ils lisent leurs livres !
Les livres ont besoin de médiateurs, et les lectures offertes au public en font partie. Notamment les lectures faites aux enfants, à tous les enfants, pas seulement ceux qui ont la chance de lire et d'entendre lire dans leur famille : ce sont eux qui feront vivre demain la littérature !
Plusieurs collectifs d‘auteurs, dont la Charte et la SGDL, se sont rassemblés pour signer en mars une lettre pour interroger la SCELF… qui a immédiatement botté en touche en leur donnant rendez-vous à l'automne ! Une manière à peine diplomate de renvoyer les auteurs jouer avec leurs crayons, et de laisser les autres, bibliothécaires, bénévoles, se débrouiller pour payer ou se mettre hors la loi !
Nous, auteurs, sommes vigilants sur la façon dont on dispose de nos droits. Et l'un des droits de l‘auteur est justement celui de dire « non » à l'incohérence d‘une mesure qui va à l'encontre de ce pour quoi nous écrivons. La lecture offerte n'est pas un spectacle comme les autres, revoyons sa place au sein du droit de représentation !
Nous, auteurs signataires de cette pétition, demandons l'exonération de prélèvement SCELF sur les lectures à voix haute proposées dans un cadre non marchand sans billetterie.
Quant à nous, lecteurs, bénévoles, bibliothécaires, amateurs de lecture, soucieux de protéger le droit des lecteurs mais aussi celui des auteurs, nous nous félicitons de l’opposition des auteurs au prélèvement SCELF sur les lectures gratuites dans un cadre non-marchand. Et nous entendons ainsi pouvoir continuer à lire les livres qui nous réunissent.
Vive la lecture à haute voix ! Et vive ceux qui lisent !
La lecture à haute voix de livres, en totalité ou sous forme d'extraits, est considérée comme une "représentation", et tombe de facto sous le coup du "droit de représentation". Jusque-là, ce...