Les chemins de la haine, Eva Dolan, chez Liana Levi

Les éditions Liana Levi nous proposent le premier roman traduit en français d'une jeune anglaise déjà célèbre, Eva Dolan : Les chemins de la haine, un polar social, s'il fallait l'étiqueter, un genre que nous aimons particulièrement.

 

Nous sommes dans la banlieue d'une petite ville de l'est de l'Angleterre, Peterborough, ville post-industrielle, tendance crise, peu peuplée, où affluent pas mal de migrants. Donc polar sous tension de l'actualité. Les meilleurs. Dès les premières pages, le ton est donné. Un homme brûlé vif dans un abri de jardin. Assez vite, l'enquête découvre son origine estonienne. Un immigré voulant fuir la misère endémique des pays de l'Est. C'est un duo original de policiers, lui Zigic, enquêteur subtil, et elle, Ferreira, la trentaine, très motivée par son job et ayant renoncée à fonder une famille, les deux s'avérant souvent peu compatibles. Pas facile pour ce duo de faire parler les gens. Forte méfiance de la police, dans une ville en difficulté, avec ses services publics sinistrés, son mélange de diverses populations, et un manque de logement endémique. Tout cela entraînant une montée de l'extrême-droite et de la criminalité locale. La loi du plus fort. Pourtant assez vite, les suspects ne manqueront pas, notamment le couple où se trouvait l'abri de jardin, un marchand de sommeil local, ou bien encore un facho pyromane récemment sorti de prison. Les deux flics vont devoir pénétrer dans ces zones peu visibles d'une société en décomposition avancée où une vie humaine a peu de prix, surtout quand un autre immigré est lui aussi dans le viseur.

 

Sujet délicat à traiter, le trafic d'êtres humains, le genre de trafic proche du trafic d'organes, comme une quintessence du capitalisme. Il fallait un grand talent pour éviter les pièges, les stéréotypes que l'on trouve parfois dans le polar. Eva Dolan réussit cela haut la main. Si l'intrigue est forte, et pourra tout à fait satisfaire les amateurs du genre, Les chemins de la haine, devraient aussi contenter un public engagé, tant certaines scènes nous font penser à Ken Loach. Quand les problèmes sociaux se multiplient, le désespoir est assez vite de la partie et la ville et ses habitants souffrent. Faire passer cela dans une histoire forte n'est pas donné à tout le monde. Rédactrice pour la presse, Eva Dolan a publié ce premier roman en 2014 et ne tarda pas à se faire remarquer avec les suivants à la cadence d'un par année. Autant dire que cela nous laisse de belles perspectives. Remarquée par le Times et surtout par la meilleure référence des quotidiens anglais The Guardian « Perspicace et intelligent », Eva Dolan vit maintenant de sa plume, même si elle pratique toujours son autre passion le poker. Un nom à retenir. Nous attendons déjà la traduction suivante. Elle entre ainsi dans notre « short list » de ces auteurs que nous aimons suivre.

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Les chemins de la haine

Eva Dolan

Traduit de l'anglais par Lise Garond

Éditions Liana Levi

2018 / 448 p / 22 euros

Version numérique : 16,99 euros

 

Le site de l'éditeur

Lire un extrait

 

MEDIAS

«L’auteur est prometteuse, douée pour ciseler les dialogues et mettre en scène les petits riens du quotidien.» Le canard enchaîné


«Ne passons pas à coté de l’essentiel : c’est un très bon polar.» Le Point


«C’est sans complaisance.» Libération


«Efficace, dense, d’une construction impeccable et rigoureuse, rythmé avec ardeur, ce roman révolte autant qu’il désespère.» Actualitte


«Elle mêle intelligemment la question de l’exploitation des migrants et une enquête criminelle à rebondissements.» En attendant Nadeau

 

Tag(s) : #lectures
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