Pris dans les (multiples) rebondissements de l’affaire Benalla, et la crise qu’elle génère jusqu’à la présidence, on aurait tort d’en oublier une autre, d’affaire, elle aussi puissamment révélatrice de la violence d’Etat. La mort d’Adama Traoré, il y a deux ans, le 19 juillet 2016 assassiné par des gendarmes, en commémoration de laquelle sa famille appelle à marcher ce samedi à Beaumont-sur-Oise.
D’un côté, il y a Alexandre Benalla. Proche collaborateur de Macron, responsable de sa sécurité, tour à tour qualifié de « cowboy » ou de « Rambo » par les membres de la majorité (du moins depuis que le scandale a éclaté). Et avec lui son ami Vincent Crase dont on sait désormais qu’il portait une arme sans en avoir le mandat. A côtés des CRS, un commandant de police de la préfecture de Paris assurant la liaison avec l’Elysée. Le tout tabassant des manifestants comme il est, depuis le printemps 2016, coutume d’y gouter, sur cette petite place de la Constrescarpe, en une fin de journée du 1er mai. Une vidéo de violence policière presque ordinaire, si ses auteurs – nos désormais fameux faux policiers – n’avaient pas été identifiés.
La barbouzerie au plus haut sommet de l’Etat, couverte, mais aussi très certainement (car ces gens là savent qu’ils ne craignent rien) encouragée. La violence d’Etat, dans son plus simple appareil, dénuée de tous les faux semblants de la légalité - car ils n’étaient pas policiers, s’offusquent des membres de l’opposition –. Celle qui choque là où le port de l’uniforme ne devrait rien justifier.
De l’autre Adama Traoré, mort à 24 ans, d’étouffement suite à un placage ventral causé par trois gendarmes. L’acharnement judiciaire sur une famille qu’on emprisonne faute de parvenir à faire taire. Deux ans d’attente d’une justice qui compte sur les heures et l’oubli pour enterrer l’affaire. Le mensonge des gendarmes, de la maire, des magistrats, du ministère de la Justice qui les commande. Une machine étatique qui tue et qui broie, pour qui dénoncer, c’est déjà fauter. Et les sanctions, la vie arrachée par la mort ou la prison, qui tombent.
Deux visages de la violence d’Etat, d’un bout à l’autre de la chaine. Celle qui commande, dans l’insolence d’une présidence trop sûre d’elle même. Celle qui s’éprouve, génère la résistance et la colère, celle qui menace, à chaque moment qu’elle s’exerce, ses bourreaux, leur « nouveau monde », par trop bien semblable à l’ancien.
SOURCE/ REVOLUTIONPERMANENTE.FR