- 14 juil. 2018
- Par Morvan56
- Blog : Le blog de Morvan56
Cette décision est un véritable soulagement pour elle et ses proches, pour AIF et l’Anafé dont elle est membre active, ainsi que pour les dizaines de milliers de personnes qui lui ont manifesté leur soutien tout au long de cette procédure de près d’un an.
« J’ai été accusée injustement pour avoir voulu faire respecter le droit. D’autres citoyens solidaires sont toujours inquiétés pour ‘délit de solidarité’. Il faut continuer à défendre le respect des droits à la frontière et refuser une société fondée sur le rejet de l'empathie et de la fraternité », a déclaré Martine Landry à la sortie du tribunal. « Comme je l’ai toujours affirmé, l’Etat français aurait dû protéger ces deux mineurs et les prendre en charge au lieu de les refouler. C’est ce qu’a conclu le tribunal qui a constaté qu’ils avaient été renvoyés illégalement en Italie par les autorités françaises. »
« Le tribunal a explicitement confirmé que l’action de Martine Landry s’inscrivait dans le cadre du droit, celui de la convention internationale relative aux droits de l’enfant et de la Constitution française, en particulier le principe de fraternité », rappelle Sylvie Brigot-Vilain, Directrice générale d’AIF. « Cette décision constitue un soutien incroyablement fort à l’action de celles et ceux qui sont animés par le souci du respect du droit et de la dignité. »
Amnesty International France et l’Anafé appellent le Gouvernement français à prendre des positions et des actes forts pour protéger l’action des citoyens et citoyennes qui se mobilisent pour défendre les droits des personnes étrangères.
« Il ne faut jamais oublier que si des personnes se mobilisent aujourd’hui auprès des exilés c’est souvent en réaction à des situations d’indignité provoquées par les manquements des autorités françaises à protéger les droits humains », précise Alexandre Moreau, Président de l’Anafé. « Le tribunal a considéré que Martine n’avait à aucun moment cherché à se soustraire à la loi et que contrairement aux réquisitions du parquet, Martine et son avocate n’ont pas participé à une entreprise organisée pour faciliter l’accès au territoire de personnes exilées. »
En dépit de la décision du Conseil constitutionnel sur le délit de solidarité, la loi française restera contraire au droit international si l’aide à l’entrée à des fins humanitaires ou pour la défense des droits reste punie par la loi.
Le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour mettre un terme aux pressions, intimidations et entraves que subissent des citoyens et citoyennes dans le cadre de leurs actions quotidiennes d’aide aux personnes étrangères, sur le territoire et aux frontières, pressions qui s’exercent également parfois sur leurs avocats, dans le cadre légitime de leur intervention.
Chronologie de l'engagement de Martine Landry, une militante expérimentée d’Amnesty International.
Mise à jour 30/05/2018 : Le tribunal correctionnel de Nice a mis son jugement en délibéré dans l’affaire des poursuites engagées à l’encontre de Martine Landry, pour ‘délit de solidarité’. Suite à l’audience qui s’est tenue le 30 mai 2018, le parquet a requis la relaxe de Martine. La décision sera rendue le 13 juillet 2018.
2002
Martine Landry devient membre d’Amnesty International France (AIF).
2011
Martine est désignée référente régionale d’AIF en Provence-Alpes-Côte d’Azur sur la question des réfugiés et migrants. Elle est également chargée d’une mission d’observation en zone d’attente pour AIF.
Martine est très engagée au sein de différentes associations locales et nationales sur la défense des migrants comme l’Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers) dont elle est membre depuis 2017. Elle participe activement à la mission d’observation de l’Anafé à la frontière franco-italienne.
En parallèle, Martine est également impliquée dans des missions militantes de conseil aux demandeurs d’asile et ad'ccompagnement dans l’accès à leurs droits.
L’AFFAIRE EN QUESTION
17 juillet 2017
Quatre mineurs étrangers non accompagnés, arrivés par l’Italie, sont hébergés chez Cédric Herrou. Celui-ci fait une requête d’assistance éducative auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pour ces quatre mineurs (dont les deux mineurs qui ont donné lieu aux poursuites judiciaires contre Martine Landry), demande pour laquelle il a reçu un accusé réception.
Entre le 24 juillet et le 28 juillet 2017
Le domicile de Cédric Herrou à Breil-sur–Roya est perquisitionné. Tous les migrants qui s’y trouvaient sont renvoyés en Italie, via Menton : les adultes par bus, et les mineurs en camionnette de police. Martine constate cependant, à la gare de Menton, que trois mineurs sont mis dans le train et renvoyés en Italie (vers Vintimille).
28 juillet 2017
La police italienne de la frontière renvoie deux mineurs à pied vers la France. Martine Landry les récupère au poste frontière Menton/Vintimille du côté français, pour les accompagner à la Police aux frontières française, munie des documents attestant de leur prise en charge par l’ASE. Les deux mineurs sont ensuite pris en charge par l’ASE.
31 juillet 2017
Martine Landry se rend au poste de la Police des frontières à Menton suite à l’arrestation et au transfert de onze migrants vers l’Italie. Ce jour-là elle se voit remettre une convocation pour une audition par la police de Menton le 2 août.
2 août 2017
Martine est auditionnée par un officier de police judiciaire à Menton.
3 août 2017
Martine Landry reçoit une convocation pour une audience au Tribunal correctionnel de Nice, qui doit avoir lieu le 8 janvier 2018, pour être jugée sur la base des faits suivants :
« D'avoir à MENTON, (ALPES MARITIMES), le 28/07/2017. en tout cas sur le territoire national et depuis temps n’emportant pas prescription, par aide directe, facilité I'entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière (SOW Mamadou né le 05/10/2001 de nationalité guinéenne et BARRY Mamadou Bhoye né le 16/02/2001 de nationalité Guinéènne;) en l'espèce : en ayant pris en charge et convoyé pédestrement ces deux mineurs du poste frontière coté ITALIE au poste frontière coté FRANCE ».
UN PROCÈS MAINTES FOIS REPORTÉ
8 janvier 2018
Martine doit être jugée devant le Tribunal correctionnel de Nice. Une délégation d’Amnesty International France est à ses côtés afin de la soutenir mais aussi de témoigner à son procès et d’organiser la mobilisation militante sur place avec le groupe local d’AIF de Nice.
Le tribunal décide cependant de reporter l’audience afin de mieux étudier le dossier, et notamment les conditions dans lesquelles l’Aide sociale à l’enfance a été saisie d’une demande de protection des jeunes migrants d’origine guinéenne.
« Cela me va droit au cœur de voir des gens agir pour défendre nos droits à tous » déclare Martine après l’annonce du report de son procès, en réaction aux soutiens qui lui ont été manifestés. Plus de 22 000 messages de soutien ont en effet été remis à Martine avant son audience.
14 février
L’histoire se répète. Le tribunal correctionnel de Nice décide à nouveau de reporter l’audience de Martine pour, cette fois-ci, permettre l'obtention de pièces encore manquantes et mieux étudier celles reçues. L’audience est reportée au 11 avril.
2 mars
Martine publie la tribune « Jeunesse de France, la solidarité n’est pas un délit » sur le site du Nouveau Magazine littéraire.
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VOIR OU REVOIR :
Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui :
Pour cette édition 2018, le Crha a choisit de mettre l’accent sur la situation des Migrants en recevant la Marche solidaire.
sur le site de "Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui :
LE DIMANCHE :
En cliquant sur le lien (vidéo), vous accèderez à l’intervention de chacun des intervenants.
Interprétation en Langue des Signes Française (LSF) assurée par Eddy Perriau-Blatnik de LSF Interprétation et Geleen Dumas (Stagiaire).
Images : David Malacrida
Des résistant.e.s d’hier :
Jean Villeret, président de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes). (vidéo)
Annette Beaumanoir, résistante de la guerre 39-45 et défenseure du peuple algérien pour son indépendance. (vidéo)
Jean Clavel, réfractaire à la guerre d’Algérie. (vidéo)
Des résistant.e.s d’aujourd’hui :
Karim Ben Ali, chauffeur routier, lanceur d’alerte, dénonce le déversement d’acide par ArcelorMittal. (vidéo)
Cédric Herrou, agriculteur, condamné pour l’aide apportée aux migrants. (vidéo)
Dominique Huez, médecin du travail. (vidéo)
Anne-Sophie Pelletier, porte-parole des grévistes de l’EHPAD des Opalines (Jura). (vidéo)
Hommages à Didier Magnin (vidéo) et Walter Bassan (vidéo), deux des fondateurs de CRHA, disparus cette année.
LE SAMEDI :
Les conférences que nous avons pu enregistrer :
Pour sortir de la France Afrique : aller jusqu’au bout de l’indépendance…
2008-2018 : Crise de la finance ou crise du capitalisme ?
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(ré)écouter l’Appel des Résistants de 2004 - Mai 2010
L’ « Appel de résistants » a été lancé en 2004 à l’occasion de l’anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance adopté en 1944 ».
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».
Signataires :
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin (décédé le 27 octobre 2005), Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, (...)
L’ « Appel de résistants » a été lancé en 2004 à l’occasion de l’anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance adopté en 1944 ».
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».
Signataires :
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin (décédé le 27 octobre 2005), Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.
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SOURCE/ MEDIAPART.FR