Petite, de Sarah Gylser, éditions des Equateurs

Durant l'été où les lecteurs passionnés se préparent pour la rentrée littéraire de septembre, surgit parfois une pépite, un coup de foudre, une belle surprise. C'est le cas cette année avec Petite, de Sarah Gylser, aux éditions Équateurs.

 

Disons-le tout de suite, généralement nous évitons les livres classés dans la rubrique récit de vie, témoignages en tous genres et autres auto-portraits de gens connus, ou pas. Pourtant ce jour-là, une voix retint notre attention lors d'une émission de France-Inter où Sarah Gysler parlait d'elle, de son livre, de sa vie, de ses voyages. Quand on lit beaucoup depuis longtemps, il y a toujours besoin d'un déclic, une quatrième de couverture, une voix à la radio, une présence chez Busnel ou un petit article dans la presse. Depuis près de dix ans que nous chroniquons des livres chaque semaine, les choix sont souvent difficiles. Après avoir écouté Sarah Gysler, il fallait la lire. Le miracle s'accomplit alors. Ce n'est pas toujours le cas. Ses mots, ses phrases étaient bien à l'image de sa voix, de ce qu'elle avait partagé sur France Inter. Son livre se lit d'un seul mouvement, tant il est facile et dynamisant de s'y plonger. Son livre est à son image, sincère, lucide, chaleureux, énergique, donnant envie de changer de vie, de construire sa vie, de sortir du cadre, comme jadis le firent Rimbaud, London ou Kerouac ou encore Ella Maillart et Alexandra David-Neel.

 

Car il s'agit de voyages, de partir, de faire la route, de rompre avec un destin tout tracé, sans écouter les profs, la famille, et autres donneurs de conseil... Genre diplômes, bureau, mariage, enfants...et attente de la retraite. Sarah Gysler a rompu avec ce schéma simpliste, à vingt ans, elle est partie, seule, et en plus, sans argent. Une belle leçon pour ceux qui pensent toujours que pour voyager loin, il faut être un peu riche. La route et les voyages forment, et sauvent parfois. Ce fut son cas. La première partie du livre est consacrée à sa vie dans une famille décomposée, avec un seul but, ne pas pourrir sur place. Dans la seconde partie, le lecteur traverse l'Europe jusqu'au Cap Nord avec elle. Difficultés, angoisses, plaisirs, surprises et parfois bonheur, avec une belle dose d'humour. Au fil des pages, nous partageons son dégoût de cette société formatée et grise, et cette formidable envie de liberté qui un jour fait prendre son sac et tout quitter. Depuis elle a fait d'autres voyages et donner des conférences sur le voyage sans argent. On espére que ce premier livre si réussi et si attachant ne sera qu'un début vers d'autres publications, car elle possède le sens du récit, et en refermant Petite, le lecteur ébloui demeure sur sa faim, dans l'attente d'une suite.

 

Dan29000

 

Petite

Sarah Gysler

Éditions des équateurs

2018 / 190 p / 18 euros

 

Site de l'éditeur

Article Libération

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