Rencontres
populaires du livre
Les Rencontres populaires du livre auront lieu du 4 au 7 octobre salle de la Légion d'honneur. L'occasion de rencontrer des éditeurs, d'échanger des livres entre habitants et de débattre avec des écrivains. L'écrivaine Annie Ernaux est la marraine de cette 2e edtion.
Jeudi 4 octobre, 18h30, au cinéma L’Ecran
La Bataille du rail
La littérature peut-elle changer la société ? Sous le parrainage de la romancière Annie Ernaux, les Rencontres populaires du livre invitent lecteurs et curieux à s'armer de mots pour mieux tourner les pages de l'histoire.
Le mouvement des cheminots du printemps dernier nous rappelle que les enjeux publics, politiques et financiers qui touchent au rail ne sont pas nouveaux. La soirée s’articulera autour du film de René Clément, La Bataille du rail, et du livre collectif du même nom publié en soutien à cette lutte.
Avec Pascale Fautrier et Shumona Sinha, écrivaines ayant contribué à La Bataille du rail, Bruno Poncet, syndicaliste secrétaire fédéral Sud-Rail, Véronique Martin, secrétaire fédérale CGT-Cheminots, et Tangui Perron, chargé du patrimoine audiovisuel à Périphérie et auteur de Syndicalisme et cinéma, de Gabin à Belmondo (éditions de l’Atelier).
Animé par Rachida El Azzouzi, de Médiapart (sous réserve)
Un pot sera offert à l’issue du débat.
Salle de la Légion d’Honneur
Samedi 6 octobre
Intervention du maire à 17 h
Lire à tous les âges
Il n'y a pas d’âge pour apprendre à lire ! Engagés au quotidien pour l'essor du livre et de la lecture, les bibliothécaires et associatifs de Saint-Denis vous donnent les clefs pour réussir, et vous confient leurs meilleures pratiques.
Avec Penda Diouf, responsable des médiathèques de quartier de Saint-Denis, Katie Bournine, présidente de l’association Mots et Regards, Bruno Mercier, président de l’association Alphadep, et Nicolas Norrito, responsable des éditions Libertalia et professeur à Montreuil.
11h30 - 12h30
Par le peuple, pour le peuple
L'histoire peut-elle s'écrire sans le peuple ? Historien du monde ouvrier, de l'immigration et auteur d'Une histoire populaire de la France (éditions Syllepse), Gérard Noiriel interroge la place et le rôle de la population dans les grands événements qui ont scandé l'Histoire. À commencer par la victoire des Alliés en 1918, dont nous célébrons le centenaire.
Grand entretien avec Gérard Noiriel.
Animé par Laurence de Cock, présidente du comité de vigilance face aux usages de l'histoire.
13h30 - 14h30
Rokhaya Diallo joue afro !
Avec Rokhaya Diallo
15h45 -16h45
Sur la route, écrire l’exil
Avec Hala Mohammad, auteure de Prête-moi une fenêtre, éditions Bruno Doucey.
16h30 -17h30
Qui a tué nos pères (et pas qu’eux) ?
Après une lecture d’extraits choisis de « Qui a tué mon père » d’Edouard Louis par la compagnie Jolie Môme, plongée dans l’usine de Renault-Flins avec Fabienne Lauret, établie et militante féministe, et nouveau regard sur le travail avec Thomas Coutrot, auteur de Libérer le travail (Seuil). Rencontre animée par Rachida El Azzouzi.
17h30- 19h
Dimanche 7 octobre
Rencontre avec les éditeurs autour d’un petit déjeuner
10h30
Questions pour des (futurs) champions : le foot dans tous ses états
L’équipe de France est championne du monde, mais comment, loin des projecteurs, se construit un tel événement ? Comment, dans nos quartiers, des acteurs maintenus dans l’ombre par le foot-business accompagnent de futurs champions ? Comment, dans le grand chaudron du foot, se croisent, se contredisent et s’affrontent des intérêts que tout oppose mais qui débouchent sur un sport qui, même de façon conflictuelle, « tourne rond » ?
Avec Mathieu Bideau, responsable du recrutement pour le centre de formation du FC Nantes, auteur de Je veux devenir footballeur professionnel.
Animé par Frédéric Sugnot, journaliste à l’Humanité
11h30 -13h
Les lobbies contre la démocratie ?
Influenceurs dans l’ombre, puissants parmi les puissants, les lobbies ne sont ni élus, ni représentatifs de l'intérêt du peuple. Décidées à faire entendre leur voix, les associations et les groupes d'opinions cherchent à investir le terrain, pour tenter de jouer à armes égales.
Avec Sylvain Laurens, auteur des Courtiers du capitalisme (Agone).
Animé par Etienne Pénissat
14h - 15h30
D’ailleurs, nous écrivons d’ici
Riche de 135 nationalités, terre d'immigration et d’accueil des migrants, Saint-Denis est un royaume d’aventures et d’imaginaires. Secrètement, elle invente une langue nouvelle, métisse et mouvementée, loin de la littérature classique et des dîners en ville.
Carte blanche à Marie Hermann (éditions Hors d'Atteinte)
16h - 17h30
Samedi 6 octobre
L’association Mots et Regards et son âne Hugo sont présents au jardin Pierre-de-Montreuil, samedi après-midi (sous réserve).
La compagnie La Bad’J intervient en direction des enfants tout au cours de la journée.
Atelier Flip Book
Les flip-books sont de petits dessins animés sur carnets, que l’on regarde en faisant rapidement défiler les pages avec le pouce. Selon les envies, ils peuvent être réalisés en dessin, découpage, gommettes, peinture, etc. À la fin de l’atelier, on regarde ensemble toutes les réalisations, et chacun repart avec son flip-book sous le bras.
Dès 6 ans.
Durée : 1h30.
Proposé par les éditions Flblbl
Atelier Nip et Nimp
C'est Nip ? C'est Nimp ! Grâce à un joyeux ping-pong entre écriture et illustration, sous l'œil espiègle et bienveillant de l'auteur, Lionel Serre, les enfants réaliseront un livre collectif à la manière des personnages de Nip et Nimp.
Dès 4 ans.
Durée : 1h30
Proposé par Les Fourmis Rouges
L’écho des tranchées
De Hugo Pratt à Larcenet, une quinzaine de bédéastes et groupes de bédéastes se penchent sur la Première Guerre mondiale.
FLBLBL, 15 ans d'édition imprononçable
Comment mettre en bulle, en boîte, en page le monde tel qu'il est ? Une exposition drôle et mordante à découvrir pendant toute la durée du salon.
Le samedi 6 octobre, de 11 heures à 19 heures, et le dimanche 7 octobre, de 11 heures à 18 heures
Chacun peut venir donner un livre et repartir avec un autre sous le bras.
Samedi 6 octobre
11h30 Laurence Santantonios : « Libres à elles. Le choix de ne pas être mère » (éditions Mauconduit)
"Plus d'une femme sur cinq en Europe n'a pas d'enfants. De plus en plus souvent, c'est un choix".
12h Valérie Cussaget : présentation des éditions jeunesse Les Fourmis Rouges
12h30 Hervé Mestron : "Le temps des rateaux" (éditions Zinedi)
L'adolescence, les boutons, les jeux vidéo, croqués avec humour par l'auteur lauréat du prix Hors Concours des lycéens !
13h30 Laureen Ortiz : "Porn Valley" (Premier Parallèle)
Entrée sans ticket dans l'industrie du porno, dans la Cité des anges.
14h Yannick Bosc et Marc Belissa : « Le Directoire. La république sans la démocratie » (éditions La Fabrique)
Quelle était donc cette "tyrannie", dont les artisans du Directoire voulaient débarrasser la France ?
14h30 Béatrice Barbusse : « Du sexisme dans le sport » (éditions Anamosa)
"On dirait un tir de femme enceinte !" Ancienne sportive de haut niveau, sociologue et seule femme à présider en France un club professionnel masculin de handball, Béatrice Barbusse dessine une analyse musclée de la connivence masculine "naturelle" dans le sport.
15h Eliane Viennot : « L'écriture inclusive, pourquoi, comment ? » (éditions iXe)
"On ne nait pas femme, on la devient", aurait pu écrire Simone de Beauvoir... si elle n'avait assimilé les règles grammaticales concoctées à partir du XVIIe siècle.
15h30 Claire Fourier : "Tombe pour Damiens" (éditions du Canoé)
Accusé d'avoir voulu tuer Louis XV, Damiens est mis à mort en 1757. Un événement qui annonce la révolution française à venir.
16h Yvan Loiseau et Luna Granada : "Salade de racines" (La Tête Ailleurs)
J'irai dormir chez vous, en Seine-Saint-Denis ! Yvan Loiseau échange un oreiller contre un bon plat cuisiné et à partager. L'aventure humaine, au coin de ma rue ?
16h30 Paula Anacaona : "Tatou" (éditions Anacaona)
Entre la France et le Brésil, Tatou parle de métissage, de carrière au féminin, d’ambition avec franc-parler et sans tabou. Un premier roman engagé.
17h : Eric Chevance : "L'arrivant et l'autre" (l'Ire des marges).
Rencontre avec Eric Chevance, militant aux côtés des migrants et réfugiés, sa soeur accompagnante et Dawa, qu'elle a logé pendant un an.
17h30 : Christophe Laurens : "Notre-dame des Landes ou le métier de vivre" (éditions Loco)
En avant-première aux Rencontres, les dessins, photos, textes et témoignages recueillis en 2016 sur les modes d’habitation expérimentés dans la ZAD de Notre-Dames-des-Landes.
18h : Jean-Yves Bertogal dit JYB : « L'echo des conques ultramarines » et « Les âmes de la réminiscence » (éditions Les Xérographes)
Performer de "Slamlitt", fusion de slam et de littérature, JYB défends avec sa profonde voix de stentor un vibrant plaidoyer pour une interconnexion des Outre-Mers.
18h30 : Derek Munn : "Le cavalier" (éditions L’ire des marges)
Des bottes, un échiquier, une jument et un parcours initiatique pour reprendre le fil de sa vie. Rencontre avec un romancier bouleversant.
Dimanche 7 octobre
11h30 : Sonia Ristic : « Des fleurs dans le vent » (éditions Intervalles)
Rue Myrha à Paris, trois enfants essaient de pousser ensembles. Une fresque tendre et ardente sur la différence et l'amitié dans la France des années 80, 90, 2000.
12h30 : Laurence Verrand : "Chemin de Halages" (Transboréal) et Stéphane Berdoulet, directeur de l'association Halage.
L'association Halage redonne vie aux moindres parcelles de terrains en friches, pour accompagner des chômeurs sur le chemin de l'emploi.
13h30 : Bouba Touré : "Notre case est à Saint-Denis 93" (Les Xérographes)
Bouba Touré, originaire du Mali, ne savait ni lire ni écrire le français quand il est arrivé en France. Dans ce livre, il raconte la vie du foyer à Saint-Denis et comment il s’est lié avec des gens du pays. Un témoignage sensible.
14h : David Mauger : « Un pompier pyromane - L’ingérence française en Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny à Ouattara » (éditions Agone)
Diplomatie parallèle, réseaux officieux, affaires troubles et crimes de guerre, David Mauger dresse l'inventaire de l'implication française depuis l'indépendance de la Côte d'Ivoire.
14h30 : Marie Hermann : présentation des éditions de littérature et sciences humaines Hors d'Atteinte.
Bienvenue dans les coulisses de la création d'une maison d'édition, dont les premiers titres paraîtront en janvier 2019 !
15h : Killoffer et Jean-Yves Duhoo : « Mon lapin quotidien » (L'Association)
Dessins en noir et blanc, en cases ou non ; du texte, de la révolte, de l'ironie... la nouvelle publication de l'Association, trimestrielle comme son nom ne l'indique pas, propose un espace expérimental en douze pages, très grand format.
16h : Serge Ewenczyk : présentation des éditions de bande-dessinée Ça et Là
16h30 : Amélie Laval : « Syndicat des ailes de Brumes » (éditions Flblbl)
Le roman-photo expliqué à grand-maman... et à ses petits-enfants !
Littérature : Antidata, Bruno Doucey, Anacaona, Mauconduit, Editions du Canoé, Editions du Sonneur
Jeunesse : La tête ailleurs, Les Fourmis rouges
Bande-dessinée : Flblbl, L’Association, Ça et là, The Hootchie Potchie, L'Articho
Voyage : Nomades, Magellan & Cie, Nevicata, Elytis, Transboréal, Bouts du Monde, Ginkgo, Intervalles, Géorama, L'Asiathèque
Beaux Livres : Loco
Essais : Syllepse, La Fabrique, Agone, Anamosa, iXe, Globophile, Les Xérographes, Bouchène, Libertalia, Premier Parallèle
Groupements d’éditeurs : Editindé, Alterlibris
Texte d'Annie Ernaux
Quand il m’a été proposé d’être la marraine des 2èmes Rencontres populaires du Livre de Saint-Denis, quelque chose a bondi en moi qui m’interdisait de décliner cet honneur. Quelque chose qui a à voir avec ma vie, avec ce que j’écris, pourquoi j’écris et dont ces Rencontres dans la ville du département le plus cosmopolite, le plus riche de potentialités avec son grand nombre de jeunes, département stigmatisé par méconnaissance, participent. Lire. Aimer lire. Lire quoi et pourquoi lire. Mais également : pourquoi ne pas lire. Comment pourrais-je ne pas être impliquée par ces questions, moi qui me suis juré à vingt ans d’écrire « pour venger ma race » - mon grand-père illettré et tous ceux qui avaient quitté l’école à 12 ans pour le champ ou l’usine, comme mes parents – mais aussi, moi qui n’ai cessé de retourner ces mots prononcés un jour par mon père, « les livres c’est bon pour toi, moi je n’en ai pas besoin pour vivre ». Vivre, dans le sens où il l’entendait, c’est bien sûr travailler, gagner de quoi subvenir aux besoins matériels, pouvoir se soigner et aussi discuter, rire, avoir des rapports sociaux, profiter de l’air et du soleil. C’est l’expérience du réel, de ce qui existe en dehors de l’univers des mots. Non, lire n’est pas vivre au sens strict, aucun livre n’évite la maladie, la perte d’un emploi, d’un logement, aucun livre n’empêche une embarcation de migrants de couler en Méditerranée ni la mort d’un enfant.
Le pouvoir des livres est ailleurs, dans l’élargissement du monde, la connaissance d’autres vies, l’éveil en soi de pensées et de sentiments insoupçonnés qu’ils apportent, avec des modalités différentes selon qu’il s’agit de romans, de récits, de poésie ou d’essais. Il est dans tout ce qui porte l’individu au-delà de soi et qui le sort - même à son insu - des eaux glacées du calcul égoïste. Car la lecture crée des empathies avec des destins et des solidarités invisibles, lesquelles peuvent se muer en actions effectives. Et, par-dessus tout, si la pire aliénation est de ne pouvoir identifier, évaluer ce qui vous manque, lire donne peu ou prou la conscience de ce manque. C’est cette fois un autre souvenir personnel qui me vient, lié à ma mère. Jeune ouvrière d’usine et chargée du ménage des bureaux le soir, grande liseuse et pauvre, elle se dépêchait de lire en cachette quelques pages du roman caché dans le bureau d’une secrétaire ou d’un comptable et elle continuait sa lecture le lendemain. Comment ne pas attribuer à cette avidité de lecture ce désir de justice et de liberté, ce mépris de l’argent et des puissants qui l’a toujours animée ?
Mais dira-t-on, les temps ont changé et, aujourd’hui, lire, on ne fait que cela, tous, sur les écrans numériques, du matin au soir. Sauf qu’il ne s’agit pas de la même lecture que celle des livres. On trouve tout, en effet sur la Toile, informations innombrables, avis, absorbés dans une sorte de lecture en miettes, qui ne laisse pas de traces dans la mémoire, à la différence de l’ouvrage, qui représente toujours une totalité, plus ou moins complexe, se déployant dans une durée variant suivant le nombre de pages. Les enquêtes ont montré que, qui que nous soyons, nous restons sur Internet dans un entre soi, une sorte de pré carré lié à nos intérêts alors que le livre nous défamiliarise de notre monde. Devant un écran, qui songe à « lever la tête » pour rêver, réfléchir, cette lecture décrite par Roland Barthes, dans laquelle on dialogue silencieusement avec le monde et les personnages d’un auteur ?
Des livres, beaucoup de livres, sont irremplaçables, dès l’enfance, pour la construction de soi, la compréhension et l’acceptation de la diversité, le refus des soumissions. Y aurait-il, chez nos dirigeants, un reliquat de la vieille crainte des livres, eux qui nous prescrivent de marcher et de faire du sport, de manger 5 fruits et légumes par jour mais jamais de lire un livre ?
C’est la conviction que les livres sont nécessaires à la vie, qu’ils peuvent contribuer à la changer, qui est au cœur de la manifestation de Saint-Denis. Ce grand rendez-vous est l’occasion d’échanger et de débattre autour de ce qu’ils nous apportent comme questions sur le monde et sur nos vies. Pour les écrivains, engagés de plus en plus nombreux dans les luttes sociales, c’est la possibilité d’écouter ce que les lecteurs - et les pas encore lecteurs- disent d’eux-mêmes, de leur quotidien et de leurs espoirs. Brecht a écrit à propos de l’art: « Comment pourrait-il émouvoir les hommes s’il ne se laisse plus émouvoir par leur destinée ? ». Dans ces mots, qui n’ont jamais quitté ma pensée, je vois le défi de faire de la littérature et la culture en général le fer de lance pour la liberté et la justice. C’est le défi même de ces Journées et je suis fière d’en être la marraine.
SOURCE/ VILLE-SAINT-DENIS.FR