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Campagnes solidaires : dossier, le renouveau des épiceries de campagne
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Editorial
Manger, au-delà du besoin vital

Dans le vaste mouvement de résistance à l'uniformisation de nos modes de vie, les alternatives au supermarché, modèle commercial dominant, se développent : points de vente collectifs, marchés de productrices et producteurs et autres épiceries associatives fleurissent dans nos régions. Ce numéro de Campagnes solidaires se fait l'écho de quelques exemples parmi tant d'autres.
Toutes ces initiatives facilitent l'accès aux produits locaux, participent au maintien de l'agriculture paysanne et rapprochent les producteurs et productrices des consommateurs et consommatrices.
Elles ont clairement pour intérêt de faire vivre les territoires ruraux et nous permettre de reprendre en main notre alimentation.
Pour répondre aux logiques du capitalisme, on a réduit le temps (de préparation notamment) et la part de budget consacrés aux repas : ces diminutions ont été permises par l'industrialisation de notre alimentation, elle-même permise par l'industrialisation de l'agriculture.
Outre la perte de savoir-faire, c'est une véritable acculturation qui est provoquée par cette évolution de nos modes d'alimentation. Or, l'alimentation, en plus de répondre à un besoin vital, a un rôle de structuration sociale, notamment par la prise en commun des repas, comme le rappelle la notion de convives (du latin convivere, vivre ensemble). Les repas partagés constituent un acte de résistance à la société individualiste s'ils sont vécus comme un moment d'échange, un chemin vers l'autre et non comme un repli sur soi exprimé par un régime alimentaire personnalisé.
L'alimentation nous ramène à notre culture, à notre identité : pour de nombreuses personnes en exil, la cuisine, les recettes, font partie de ces biens immatériels qui restent quand on a tout abandonné...
Alors, nous devons toutes et tous avoir accès à des produits de qualité pour retrouver le plaisir de les préparer, de les partager et de les manger. Il va sans dire que nous ne pouvons compter seulement sur la multiplication des projets alternatifs agricoles ou commerciaux pour répondre à cet enjeu. Nous ne pouvons nous satisfaire d'une alimentation qui devient un marqueur social, résultat d'une agriculture qui tend à la dualité : production de masse pour les pauvres, production de qualité pour les autres. C'est pourquoi nous attendons des politiques agricoles et alimentaires qu'elles dépassent les seuls objectifs quantitatifs et sanitaires et participent à plus de justice sociale.


Véronique Marchesseau,
paysanne dans le Morbihan,

Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.

C'est un point de ralliement pour ceux qui veulent comprendre les réalités de la vie et des luttes paysannes dans le monde et ici en Europe.

C'est aussi un espace pour ceux qui veulent s'exprimer sur ces réalités et la manière d'agir sur elles.

Informer, c'est contribuer au débat sur les sujets de société tels que les OGM, la sécurité alimentaire et la mondialisation...

Campagnes Solidaires, notre, votre journal, tente chaque mois de restituer les résistances et les espoirs de ces luttes. Nous avons besoin de vous pour continuer ce combat.

Sommaire
Campagnes solidaires n°352

Dossier
Le renouveau des épiceries de campagne

Vie syndicale
Aléas climatiques, bio, foncier, grippe aviaire, social...

Actualité
- Lait : Ça chauffe pour les fromages au lait cru
- Lait de vache : Des organisations de producteurs « transversales »
- Lait : Diminuer sa production pour soutenir les prix
- Sécheresse : Pluies trompeuses
- Loup : L'État doit en urgence faire baisser la pression de la prédation
- Pastoralisme Comment accepter que l'on puisse soutenir les jachères et pas les parcours ?

Ami·es de la Conf'
- Agriculture et alimentation : quelles perspectives ?

Internationales
- Détachés, flexibles et exploités

Agriculture paysanne
- Eure : Des préparations naturelles appliquées en grandes cultures

Culture
- Christophe Guilluy : La France périphérique
- Paul François et Anne-Laure Barret : Un paysan contre Monsanto
- Ixchel Delaporte : Les raisins de la misère
- Joseph Ponthus : À la ligne – Feuillets d'usine (l'agroalimentaire à la chaîne)

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Action
- Millau, 20 ans !

Dossier
Le renouveau des épiceries de campagne

 

Les dossiers sont disponibles en téléchargement trois mois après parution [voir dans la rubrique ARCHIVES]

Principalement en raison du dépeuplement des campagnes, les épiceries avaient presque toutes disparu de nos villages.
Aujourd'hui, il en refleurit un peu partout, des épiceries dites solidaires, participatives, de proximité ou collectives. Elles sont au cœur des bourgs ou à proximité d'une ferme, dans un hameau ; pour les faire naître, on a souvent réhabilité des bâtiments menacés d'abandon. Leurs statuts varient mais elles sont le plus souvent issues de projets collectifs. Ce sont soit des associations de citoyennes et citoyens acheteurs et demandeurs de produits locaux et/ou biologiques, soit des magasins de producteurs et de productrices, soit des initiatives individuelles et paysannes qui accueillent d'autres produits à côté des leurs, dans leur magasin à la ferme. Quelquefois elles sont nées de la volonté d'élus locaux qui voulaient faire vivre ou revivre leur commune. Mais sans appropriation par une majorité de la population, l'idée, aussi généreuse soit-elle, ne peut s'épanouir.
Dans presque tous les projets, des paysannes et des paysans sont partie prenante, et très souvent ils et elles sont membres de la Confédération paysanne. Ces boutiques, qu'elles soient sur une ferme ou non, sont des outils qui prolongent la vente directe et qui lui permettent de devenir davantage viable.
Ces magasins sont le reflet d'un courant  -philosophique ? politique ? dans l'air du temps ?  Un courant peut-être souterrain mais très présent dans l'esprit des gens. Dans ces épiceries, un peu comme sur les ronds-points de gilets jaunes, on se retrouve, on échange des paroles, du réconfort, de la nourriture. Sur les ronds-points on a construit des cabanes comme à Notre Dame-des-Landes ou à Sivens. On s'abrite, on fait du feu, des grillades, on chante, on fait de la musique. Dans les nouvelles épiceries, on a ajouté souvent un bar, un resto, une salle de spectacle, une bibliothèque ou même un atelier de calligraphie ou un espace de relaxation. Elles portent des noms qui chantent, qui font rêver, qui en eux portent déjà leurs valeurs, comme la Riposte, le Champ commun ou l'Escale.
Dans ces nouveaux magasins, on ne parle pas de concurrence ou même de commerce, mais de solidarité.

Michèle Roux,
paysanne en Dordogne

 

SOURCE/ CONFEDERATIONPAYSANNE.FR

 

 

Tag(s) : #alternatives, #environnement, #lectures
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