Ahmet Altan, né en 1950, est un des journalistes les plus renommés de Turquie, son œuvre de romancier a par ailleurs connu un grand succès, traduite en de nombreuses langues (anglais, allemand, italien, grec…). Deux de ses romans sont parus en français, chez Actes Sud : Comme une blessure de sabre (2000) et L’Amour au temps des révoltes (2008).
Son père, le journaliste Çetin Altan, fait partie des 17 députés socialistes qui entrent au Parlement turc en 1967. Pour ses articles, il sera condamné à près de 2 000 ans de prison. En 1974, dans le contexte de « L’Opération de maintien de la paix » (invasion de la partie nord de Chypre par les forces militaires turques), Ahmet Altan s’engage dans le journalisme : très vite, il commence à être connu pour ses articles en faveur de la démocratie. Il publie en 1982 son premier roman (vendu à 20 000 exemplaires) puis devient, en 1985, le rédacteur en chef du journal Günes. Il publie son deuxième roman qui est condamné pour atteinte aux bonnes mœurs et fait l’objet d’un autodafé.
1990 : Devenu journaliste à la télévision, il condamne la guerre et les deux camps, en dénonçant les crimes du PKK et de l’armée turque.
1995 : Il devient rédacteur en chef du journal Milliyet (l’un des plus importants du pays). Sous la pression de l’état-major, le journal le licencie. À la suite d’un article satirique, il est condamné à 20 mois de prison avec sursis. Il est accusé de soutenir la création d’un Kurdistan indépendant.
1996 : Son quatrième roman est un vrai phénomène de librairie, il y aborde les assassinats sans suite judiciaire.
1999 : Avec Orhan Pamuk et Yachar Kemal, il rédige une déclaration pour les droits de l’homme (et des droits culturels des Kurdes) et de la démocratie en Turquie, elle sera signée par Elie Wiesel, Günter Grass, Umberto Eco…
2007 : Il crée le journal d’opposition Taraf, dont il est le rédacteur en chef jusqu’à sa démission en 2012.
2008 : Il publie un article, « Oh, Mon Frère » dédié aux victimes du Génocide arménien et se voit inculpé d’insulte à la Nation turque.
2011 : Il reçoit le prix Hrant Dink de la Paix (Hrant Dink est un journaliste arménien assassiné en 2007).
2016 : Il est arrêté en septembre, accusé d’avoir participé au putsch manqué du 15 juillet.
2018 : Il est condamné à la perpétuité aggravée le 16 février par le 26e tribunal pénal d’Istanbul. 2019 : Sa condamnation est confirmée en appel par la Cour Constitutionnelle le 3 mai. Le 5 juillet, la Cour Suprême casse sa condamnation à perpétuité mais rejette sa demande de remise en liberté. Le 4 novembre, la Haute Cour Pénale d'Istanbul le condamne à dix ans et demi de prison mais ordonne sa remise en liberté sous contrôle judiciaire compte tenu des trois années déjà passées en prison.
SOURCE / ACTES SUD
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