Par bandes de trois ou quatre, de jeunes Roumains arpentent les dédales du métro parisien en quête de portefeuilles et autres objets de valeur à dérober. Se saisissant du dossier, la Brigade de protection des mineurs de Paris découvre qu’ils font l’objet d’une surveillance de la police roumaine. Début 2017, une équipe commune d’enquête est mise sur pied dans l’objectif de démanteler le réseau. Au fil des investigations, les rouages de l’organisation se dessinent : les enfants, issus d’un clan rom mafieux, se font la main à Iasi, la deuxième ville de Roumanie, avant d’être envoyés en France. Déscolarisés, ils rapportent chacun un butin journalier de 200 à 800 euros, aussitôt confisqué par leurs parents – ou référents sur place. Si les sommes empochées contribuent au prestige social des uns, il s’agit pour d’autres familles, menacées de représailles, de s’acquitter de dettes infligées par les tout-puissants chefs du clan. Après plusieurs mois d’enquête, les polices roumaine et française procèdent à une vague d’arrestations. À Iasi, sept mineurs sont désormais aux soins des services de protection de l’enfance. À Paris, les enfants, placés dans des centres d’accueil, ont aussitôt fugué…
Emprise
Des réunions de coordination à La Haye au travail de terrain, Olivier Ballande s’est immergé un an durant aux côtés des enquêteurs. Son accès exceptionnel aux écoutes téléphoniques, filatures et auditions de suspects dévoile le sort terrible d’enfants sommés de voler ("manger" dans leur langage codé), prêts à tous les mensonges pour disculper leurs parents, quand ces derniers n’hésitent pas à les abandonner aux mains des autorités. "Si je vais en prison, qui s’en souciera ?", s’insurge ainsi une jeune fille. L’impuissance de la justice à les protéger n’en apparaît que plus tragique.
ARTE / MERCREDI 22 JUILLET A 22 H 35