- 4 août 2020
- Par Mérôme Jardin
- Blog : Vendeur-ses de haine
Encore une fois, une tribune diffamant le Strass (Syndicat du Travail Sexuel) paraît, dans l'Humanité [Dans l'édition du 28 juillet]. Nous réaffirmons notre soutien à ce syndicat et l'impérieuse nécessité d'un plaidoyer passant par la parole à la première personne, pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe. Nous réaffirmons un féminisme qui ne laisse personne sur le bas-côté, en raison de son origine, de sa classe sociale ou de son activité professionnelle.
Le confinement a considérablement dégradé la situation sociale des travailleuses du sexe, déjà précaires. Le Strass, Acceptess-T, et quelques rares organisations se sont auto-organisées pour survivre et aider. Ce sont ces mêmes associations qui aujourd'hui sont endeuillées par une série de morts violentes, de suicides : les signataires de la tribune de l'Humanité ne s'en sont pas ému·es, n'ont nullement réagi et rajoutent au mal-être de la communauté.
Bien loin de « promouvoir le viol », comme l'affirme ce texte, le Strass œuvre à prévenir toutes les violences faites aux travailleuses du sexe, aide et participe à la prise en charge de ces victimes. Le syndicat le fait par exemple à travers son partenariat avec le projet Jasmine, mis en place par Médecins du Monde (organisation aussi visée par les signataires), qui permet notamment alertes et échanges d'informations sur de potentiels agresseurs.
La tribune de l'Humanité fait croire que toute relation dans le cadre du travail du sexe serait un viol tarifé, et que protéger les travailleuses du sexe par le biais d'un syndicat reviendrait donc à "promouvoir le viol". Et pourtant, comme elles sont nombreuses à l'expliquer, elles savent très bien faire la différence entre un viol et une relation consentie dans le cadre du travail. Les accuser de "promouvoir le viol", c'est nier leur vécu, leur expertise et leur dignité. C'est aussi contribuer à une mauvaise prise en charge des violences effectives.
Ces violences, viols, coups, menaces, rackets, parfois aussi de la part des forces de l'ordre, le Strass les prend au sérieux, nous les prenons au sérieux. Ces violences ne sont pas inhérentes au travail du sexe, mais elles sont favorisées par les stigmates portées contre celles et ceux qui l'exercent, ainsi que par l'exclusion sociale et la répression entretenues par des lois et les institutions.
Il a été confirmé par plusieurs rapports d'évaluation1 de la « loi de pénalisation des clients » de 2016, que ce texte, encore défendu par les signataires dans L'Humanité, malgré les preuves multiples de ses conséquences dramatiques, a augmenté les violences et la vulnérabilité au VIH et autres IST. Il est urgent de l'abolir, et assimiler mensongèrement cette demande à une complicité avec du proxénétisme ou de la traite ridiculise celles et ceux qui se permettent une telle insulte. Dès la page de présentation de son site, le Strass est très clair : « Nous exigeons que les travailleurSEs du sexe, en particulier étrangères et en situation irrégulière, soient efficacement protégées contre le travail forcé, la servitude et l’esclavage ainsi que la traite à cette fin, en application du droit commun. Les enfants doivent également être effectivement protégés contre l’exploitation sexuelle. »
On ne peut agir politiquement sur un sujet sans les premières concernées. Vouloir faire taire les voix des travailleuses du sexe et leurs organisations par le mensonge et la diffamation, demander aux médias de ne plus recueillir leur parole, militer pour un traitement journalistique unilatéral de la prostitution sont non seulement des revendications ou méthodes illégitimes en démocratie, mais dangereuses pour les combats d'émancipation, de protection sociale, de luttes contre les violences et pour la santé de personnes exclues et précarisées, que l' État français menace, lorsqu'elles sont sans-papier, d'expulsion du territoire au lieu de les protéger. Les signataires de ce texte publié dans l'Humanité le savent.
Signataires
Organisations
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Acceptess-T
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Act Up-Paris
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Act Up Sud-Ouest
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Aides
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Arcat
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Art en Grève Paris-Banlieues
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Art en Gouine
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Autres Regards
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Le Claq
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Les Dévalideuses
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Fédération Parapluie Rouge
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Collectif Féministes Révolutionnaires
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Festival SNAP
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Frisse
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Grisélidis
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Collectif Les Irrécupérables
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L630
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Marseille Féministe
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Collectif Martine (Montpellier)
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Paloma (Nantes)
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La Permanence
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Le Planning Familial
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Nta Rajel
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Rainbow Cité
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Les Roses d'Acier
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Sidaction
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Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence – Couvent de Paname
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Woman's March Paris
Individus
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Élodie Lavoute, juriste et activiste
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Mylène Juste, ex-secrétaire générale du Strass
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Jérôme Martin, ancien président d'Act Up-Paris
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Amar Protesta, travailleuse du sexe et membre du Strass
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Anaïs de Lenclos - Travailleuse du Sexe et porte-parole du Strass
- Awen/Osmose, Travailleur du Sexe et activiste virtuel sur le compte instagram @tds_vs_grindrr
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Elsa Aloisio
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Sam Bourcier, sociologue
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Esther Kooiman , travailleuse du sexe
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Tan Polyvalence
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Bertoulle Beaurebec, travailleuse du sexe, artiste-performeuse et autrice
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Misungui Bordelle, travailleuse du sexe
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Charlotte Peronne (Moon), travailleuse du sexe en virtuel.
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Guillaume Vivier-Jalade, partenaire de vie d'un-e tds et allié de la cause des travailleur-se-s du sexe
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Nosfell, allié, artiste
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Eve Rose, travailleuse du sexe
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Orion Ghezali, allié et ex-travailleur du sexe
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Alice Amy Bonny, alliée
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Elena, travailleuse du sexe
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Myriam Pharabod, alliée et présidente fondatrice de Qwinz
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Myah, Travailleuse du Sexe
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Ellena, alliée
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Lucie Santarelli, alliée
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Raphaël Frugier, allié
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Théa Artaud, alliée
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Agathe W., alliée, Collages Féminicides Paris
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Marianne Chargois
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Gwen Fauchois, activiste lesbienne
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Awa Von K, journaliste
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Nicolas Sergeant, militant de la lutte contre le VIH et pour les droits LGBTQI+
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Maureen Auriol, Journaliste
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Coline Clavaud-Mégevand
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Juliette Lopez, historienne de l'art, bénévole association Paloma
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Gianfranco Rebucini, anthropologue, chargé de recherche au CNRS, EHESS-Paris
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Emmanuelle Mallet, artiste peintre, militante au NPA
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Océan, comédien et réalisateur.
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Casey fabries millitant act up-paris
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Olga Volfson, journaliste et militant•e LGBTQI
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Rossana Di Vincenzo, journaliste indépendante
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Pauline Londeix, activiste
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Josselin Tricou, chercheur
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Rachel Easterman-Ulmann, autrice
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Isayie Moreira Da Silva, activiste
1« Que pensent les travailleur.s.es du sexe de la loi prostitution ? », en partenariat avec 12 associations dont Médecins du Mo,nde, le Planning Familial, Aides, etc., avril 2018
« Réponse à l'évaluation de la loi de 2016 » par les associations de terrain, juillet 2020
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SOURCE/ MEDIAPART