La récente rentrée littéraire automnale fut marquée par un choc, celui d'un premier roman. C'est rare. Ce fut celui de Fatima Daas, chez Notabilia : La petite dernière.

Quand on lit beaucoup de romans, il est rare d'avoir un coup de foudre dès les premières pages. Nous qui détestons souvent les médias dominants, difficile pour une fois, de pas se trouver en adéquation avec une presse dithyrambique. Un premier roman en forme de cocktail Molotov fragmenté, un monologue qui accroche son lecteur, sans le lâcher, jusqu'à la dernière page... La petite dernière.

« Je m'appelle Fatima Daas. »

Chaque fragment commence ainsi.

« Je suis la mazoziya, la petite dernière. »

Fiction, autofiction, confession, interrogation, roman d'apprentissage pas sage, les multiples visages de Fatima. Un prénom qu'il faut « bien » porter. Mais Fatima a des doutes, ceux d'abord d'une élève instable... Qui deviendra plus tard une adulte très inadaptée. Ce qui peut être pourtant compris comme une qualité dans un monde mortifère à la dérive.

Comment tout concilier, l'amour pour Allah, et l'amour pour les femmes ?

Comment être française de parents nés en Algérie ?

Comment être la quatrième, la petite dernière ?

Comment concilier, ou pas, le Haram et son propre désir ?

Fragment après fragment, le puzzle s'enrichit, l'écrivaine sort du cadre, aucune envie d'être assignée à résidence. Française et algérienne, asthmatique et étudiante en philosophie à Paris, mais aussi banlieusarde, lesbienne un peu homophobe... Pas facile...

« Le roman, c'est quand on n'est bien nulle part. »

Fatima Daas doute, mais persiste sans renoncer à rien, ni à Dieu ni à ses amoureuses. S'autoriser à ne pas choisir. Entre Clichy-sous-bois et Paris, entre islam et philosophie. Fatima ne sera pas une bonne fille, et fait de son père, Ahmed, un portrait en demi-teinte, lui qui bat ses filles à coups de ceinture. L'écriture comme refuge, là où chacun peut être lui-même. Dans cette France à forte odeur de moisie de 2020, La petite dernière, sonne juste, tape fort, comme une belle éclaircie, une bouffée d'oxygène dans une société masquée et angoissée. Aussi chatoyant et euphorisant que Virginie Despentes qui a soutenu ce roman. A lire en urgence.

Dan29000

 

La petite dernière

Fatima Daas

Notabilia

Éditions Noir sur Blanc

2020 / 188 p / 16 euros

Site éditeur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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MEDIAS /

« L’auteure impose un style, une narration des contraires. Elle balance ses phrases comme des uppercuts mais les bourre de tendresse. Elle se confesse mais oublie de pleurnicher. Elle pointe noir sur blanc un tas de vilenies, d’injustices, de désamour mais oublie de s’apitoyer et redouble d’humour. La revanche, la violence, elle ne connaît pas. (…) Ça vibre, ça claque, ça swing, ça parle aux tripes. »

Martine Laval, Le Matricule des anges

 

« Un rythme qui pulse, des phrases qui claquent, des chapitres comme une mélopée, commencés tous par ces mêmes mots : ’Je m’appelle Fatima Daas…’, qui mènent à chaque fois autre part, comme on reprend, comme on reprise, creusant un nouveau sillon, dévoilant une nouvelle facette, ajoutant une nouvelle pièce au puzzle éclaté de cet autoportrait bouleversant d’une fille vraiment d’aujourd’hui qui se cherche, et qui cherche – un équilibre, une vérité parmi les ’vérités’ que lui imposent les autres, ses parents, l’islam, la banlieue, la France, l’amour. La voix furieusement contemporaine qu’on espérait »

Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles

 

« Née dans la banlieue de Paris au sein d’une famille musulmane, la jeune autrice signe La Petite Dernière, son premier livre, roman d’apprentissage lesbien autant que corps-à-corps avec Dieu. (…) Le roman se trouve porté par cette évidence d’un texte sacré qui embrase la vie tout en la disciplinant. Les versets brûlants auxquels il n’est jamais question de renoncer. Et jusqu’à ces interdits impossibles à congédier. »

Jean Birnbaum, Le Monde des livres

 

« Fatima Daas écrit comme on prie. En s’engageant tout entière, avec ferveur. »

Élisabeth Philippe, L’Obs

 

« Je ne pensais pas pouvoir ressentir une émotion aussi définitive et physique dans un roman »

Daniel Picouly, Lire Magazine littéraire

 

« Par sa construction fragmentaire, sa circulation entre les langues – l’arabe, le français –, son humour porté autant sur la tendresse que sur l’autodérision, La petite dernière de Fatima Daas possède de vraies qualités littéraires. Relié aux transformations des luttes antiracistes, féministes, populaires, ce monologue en est aussi une juste expression. »

Pierre Benetti, Mediapart

 

« La jeune autrice témoigne d’une prodigieuse ardeur de vivre libre, en dépit de toutes les assignations sociales, sexuelles et religieuses. (…) Ce premier roman, sous forme d’un monologue par fragments, ensorcelle d’emblée par son style coupant, percutant, scandé. »

Muriel Steinmetz, L’Humanité

 

 

 

 

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