Comme chaque année, nous passons en revue une petite série de premiers romans, en débutant cette semaine par Patagonie route 203, signé Eduardo Fernando Varela, aux éditions Métailié.
Depuis London et Kerouac, l'on sait que le voyage et la littérature font bon ménage. La semaine dernière, la descente du Mississippi en canoë, cette semaine, les routes de la Patagonie en camion. Au volant, Parker, ancien saxophoniste au passé assez lourd, ayant choisi de vivre en paix, une vie d'errance. Les vastes étendues souvent hostiles de l'extrême sud de cette Amérique du sud facilitant sa nouvelle vie. Malgré la chaleur et le vent, le désert fait parfois une place à d'originales rencontres. Entre autres, un journaliste bien allumé conduisant une voiture sans freins, à la recherche de sous-marins nazis, ou bien des jumeaux boliviens gardiens d'un étrange Train fantôme. Faut dire qu'à un moment, le camion de Parker tombe en panne, et que la réparation n'est pas simple dans ce genre d'endroit. Aléas des voyages, obligé de stopper ses pérégrinations, Parker découvre une étrange fête foraine où il est alors subjugué par Mayten, une caissière aussi femme du propriétaire.
Assez vite, le gars va devenir obsédé par cette apparition féminine, d'ailleurs vite disparue, la fête foraine ayant déménagé vers une destination inconnue. Parker se lance pourtant sur ses traces, une mission difficile dans ces lieux qui se nomment Saline du désespoir, Mule morte ou encore La Pourrie... Au fil des pages, ce road-trip agrémenté d'un humour proche du comique de répétition prend son essor pour notre plus grand plaisir. L'action ne se relâche jamais et le nomadisme de Parker ne cesse de surprendre, notamment quand il bivouaque en plein désert, installant près de son camion un salon complet avec lit et tapis ! Scène surréaliste. Certes sur la route mais avec un certain confort. Eduardo Fernando Varela, argentin écrivant pour le cinéma et la télévision, réussit son entrée en littérature, avec notamment ce premier roman ayant reçu le Prix Casa de las Americas 2019. Une plongée vivifiante dans les grands espaces de la Patagonie, où des personnages haut en couleurs, semblent déjà écrits pour un futur passage au cinéma.
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Patagonie route 203
Eduardo Fernando Varela
Traduit de l'espagnol (Argentine) par François Gaudry
Éditions Métailié
Bibliothèque hispano-américaine
2020 / 368 p / 22,50 euros, numérique 14,99 euros
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"Ce roman taillé comme un film des frères Coen dessine un monde à part, aussi sauvage que diablement humain."Ariane SingerLe Monde des Livres
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"Un premier roman planant, qui oscille entre road-movie et conte onirique." "L'écriture d'Eduardo Fernando Varela est à l'image de ce récit : fluide, pleine d'images qui nous emmènent loin, bien loin, dans une rythmique sans mesure, sans repères, comme les notes échappées d'une improvisation de jazz."Laurence HouotFrance Info Culture
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"À 60 ans, Eduardo Fernando Varela signe un roman jubilatoire dont la traduction française par François Gaudry rend bien la truculence du récit." "Varela s’éclate dans des dialogues piquants, joue avec les quiproquos et amuse le lecteur avec l’humour décalé des rares personnages qui peuplent son roman."Marie-Anne GeorgesLa Libre Belgique
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"On peut s’attendre à tout, dans Patagonie route 203. On se séduit entre deux monstres de pacotille dans les profondeurs du train fantôme, on observe, pris de vertige, l’immensité céleste d’une nuit sans nuages ou les couleurs mouvantes des terres du désert, on échange des dialogues dignes de Ionesco, une phrase de Parker sur la région, « C’est le pays de l’inattendu » s’applique remarquablement bien au roman tout entier." Lire la chronique iciChristian RoinatSite America Nostra / Nos Amériques
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"C’est l’histoire d’un mec qui conduit un camion dans une région on ne peut plus paumée. Et voilà pour l’intrigue, même s’il y a là-dedans un roman policier (son chargement n’est pas très légal et on finit par apprendre ce qu’il fuit), un roman d’amour (une femme rencontrée dans une fête foraine lui fait office de destin au moins éphémère) et un roman d’aventure (son ami «le journaliste» commence par rechercher des sous-marins nazis échoués en Argentine avec on ne sait quel trésor tout en regrettant la «décadence» en se retrouvant comiquement confronté à un néonazi d’aujourd'hui)."Mathieu LindonLibération
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