A l’approche de l’indépendance de la Kanaky-Nouvelle Calédonie, et en réponse aux sollicitations de plusieurs militant.es indépendantistes Kanak, le groupe de travail de Survie sur le sujet a produit un retour synthétique sur le processus de confiscation des indépendances des anciennes colonies africaines de la France. Nous espérons ainsi outiller au mieux celles et ceux qui auront à construire le futur du pays pour pouvoir se prémunir contre la politique françafricaine.
A l’approche du premier référendum d’autodétermination en Kanaky, et suite à des sollicitations de membres du mouvement indépendantiste kanak, un groupe de travail s’est créé au sein de l’association Survie. Le groupe Kanaky s’est donné pour mission :
- de faire connaître à ses membres et plus largement à l’opinion publique en France : l’histoire et la situation coloniale actuelle de la Nouvelle-Calédonie ; le processus de décolonisation en cours et ses enjeux ; l’attitude de la France et ses manœuvres pour conserver la mainmise sur ce territoire ;
- de participer à la création et à la mobilisation d’un mouvement de soutien à la lutte du peuple kanak pour son émancipation en France ;
- de mettre à disposition du mouvement indépendantiste l’expérience de l’association Survie sur la Françafrique, ce système de confiscation des indépendances africaines par l’ancienne métropole.
Le présent document est le fruit de cette dernière idée : partager nos connaissances sur les stratégies déployées par la France pour garder le contrôle sur ses anciennes colonies d’Afrique pour son plus grand profit et dans le but de rester « une grande puissance », et tenter de repérer les parallèles entre la tutelle subie par les anciennes colonies françaises d’Afrique et l’attitude actuelle de la France vis-à-vis de la Nouvelle-Calédonie. Ces pages sont donc destinées aux artisans et militants de l’émancipation kanak, ainsi qu’à toute personne soutenant leur lutte, afin que le mouvement indépendantiste soit le mieux armé possible pour éviter, le cas échéant, la confiscation de l’indépendance de Kanaky.
En tant qu’association française, nous considérons que notre responsabilité est de « balayer devant notre porte », de faire sauter les verrous côté français pour permettre aux peuples africains de choisir librement leurs dirigeants et leurs destins politiques. Vis-à-vis de nos partenaires en Afrique, nous nous limitons volontairement à mettre à disposition une information critique et à nous faire le relai en France de leurs positions et de leur initiatives. Nous ne voulons en aucun cas orienter leurs choix ou leur apporter des solutions.
De même, ce document a pour but de mettre à disposition une information synthétique, que nous pensons pouvoir être utile au mouvement indépendantiste dans sa lutte et dans la construction d’un futur état réellement souverain. Nous nous inscrivons dans une démarche militante et politique, pas dans le domaine de l’expertise technique ou administrative. Nous ne proposons pas ici de solutions ou d’orientations toutes faites, car nous pensons au contraire que seuls les acteurs locaux ont la légitimité, l’expérience et la connaissance du terrain pour construire leur avenir.
Ce document n’a pas vocation à être exhaustif. Il présente les grandes lignes du néocolonialisme français en Afrique, depuis la négociation des indépendances jusqu’à nos jours, et décrit sur la base d’exemples concrets les stratégies de contrôle utilisées par la France dans tous les domaines régaliens : défense, politique économique et monétaire, culture, enseignement, diplomatie… Nous avons rédigé ce document pour que chaque partie puisse être lue séparément.
Nous espérons que ce travail vous sera utile dans la perspective de l’indépendance de Kanaky. Et si vous avez besoin de précisions ou d’informations complémentaires, nous serons heureux de poursuivre ce travail.
Le groupe de travail Kanaky de l’association Survie