Alors que la proposition de loi sur la « sécurité globale » et son article 24, qui prévoit de pénaliser la diffusion de l’image d’un policier ou d’un gendarme, font l’objet d’un débat national, nous publions notre première enquête d’une série intitulée « Pas vu pas pris », en référence aux slogans apparus dans les manifestations récentes.
Cette enquête de Disclose, en partenariat avec Forensic Architecture, revient en vidéo sur les circonstances précises de la mort de Zineb Redouane, le 2 décembre 2018, en marge d’une manifestation de « gilets jaunes » organisée à Marseille.
A l’aide de documents inédits et d’une modélisation 3D des événements, cette reconstitution démontre que la responsabilité de la police reste toujours engagée malgré les nombreuses entraves de la hiérarchie policière au cours de cette enquête pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner (…) par une personne dépositaire de l’autorité publique ».
Pour réaliser cette enquête, nous nous sommes appuyés sur les nombreuses informations contenues dans un rapport d’expertise balistique remis à la justice en mai dernier. Analyse des images de vidéosurveillance, angle de tir du CRS, propriété de l’arme utilisée… Sur la base de ces informations, les auteurs du rapport ont conclu que « l’arme a été utilisée selon les préconisations et les procédures d’emploi en vigueur dans la police nationale ».
L’enquête de Disclose et Forensic Architecture contredit formellement cette conclusion et, dans le même temps, la défense adoptée par la hiérarchie policière depuis maintenant deux ans.
NOVEMBRE 2020 POLICE
Affaire Zineb Redouane, symbole de l’impunité policière
Deux ans et toujours pas de responsable. Depuis le 4 décembre 2018 et l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « recherche des causes de la mort », le policier qui a grièvement blessé Zineb Redouane le 1er décembre 2018 n’a toujours pas été identifié. Très vite, pourtant, l’enquête confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) de Marseille a permis de déterminer l’heure exacte du tir, l’arme utilisée – un lance-grenades de type Cougar – et la compagnie de CRS présente au moment des faits. Sur les soixante-dix CRS de Saint-Etienne venus encadrer l’acte III des gilets jaunes, seuls cinq étaient armés d’un Cougar.
Pour mener leur enquête, qui n’a abouti nulle part, les policiers de l’IGPN n’ont pas analysé d’images des réseaux sociaux mais uniquement celles issues de quatre caméras de vidéosurveillance...