Comme pour tous ses films, le nouveau LARS VON TRIER était très attendu des critiques et du public. Avant même sa sortie en France mercredi dernier, suite à sa présentation en compétition à Cannes, ANTICHRIST eut à subir un tir de barrage de la presse. Une magnifique unanimité dans le conformisme ambiant fut à constater. Le Figaro et Télérama, main dans la main, cela ne pouvait surprendre que ceux qui ne lisent jamais les pages culturelles de ces deux publications. Mais la palme (de plexiglas) revient encore une fois à Pierre Murat dans son papier du Télérama de cette semaine. Comment démolir le travail d'un immense cinéaste en un quart d'heure d'écriture. Exemplaire. 

Passons, espérons seulement que les conformismes "politiquement correct" de droite comme de gauche ne seront pas assez puissants pour "tuer" ce film.

Certes ANTICHRIST n'est pas un film "aimable", il est assez loin des Besson, Annaud et autres Camping.

Certes le film n'est pas d'un abord aisé, certes le film est violent, dérangeant, parfois à la limite de l'horreur (d'où l'interdiction au moins de 16 ans), certes l'on ne ressort pas indemne de sa vision, certes personne ne voudrait regarder un tel film chaque jour, mais cela tombe bien car un film tel que ANTICHRIST il n'y en a pas un par an.

Le sujet : un couple fait l'amour...et pendant ce temps leur enfant tombe par la fenêtre...douleurs, culpabilité, descente aux enfers, lui est thérapeute, elle chute de plus en plus, lui essaie de l'aider...et la marche vers la folie commence pour elle, au fond d'une maison isolée dans une somptueuse forêt noyée de brumes...

On se doute en lisant le sujet que LARS VON TRIER, qui est lui-même en thérapie, ne va pas nous raconter une nouvelle version de Bambi.

 

L'auteur de BREAKING THE WAVES nous offre une sorte de conte, enfin de cauchemar fantasmatique qui nous révèle ses plus intimes obsessions. Souvent le génie d'un artiste cache autre chose, pour LARS VON TRIER, c'est une forme de misogynie frôlant la misanthropie. Cela peut rebuter les bien-pensants. Ou les amateurs de KUNG FU  PANDA.

Pourtant par sa forme éblouissante de maîtrise, par le casting de deux acteurs exceptionnels (Dafoe on savait déjà, Gainsbourg on découvre une actrice libérée, hors d'elle, du niveau d'Adjani dans POSSESSION de Zulawski), par la musique sublime d' HAENDEL, par une photographie hallucinante, par un art surprenant du  cadrage, et par une direction d'acteurs serrée, nous sommes face à un film exceptionnel, un OVNI,objet visuel non identifiable, qui vit en nous, après, très longtemps.

Presqu'une expérience, la marque des grands films...

Il faut voir ce film si vous aimez être surpris au cinéma, si vous aimez  vous faire bousculer, si vous voulez recevoir le travail d'un cinéaste de génie. ANTICHRIST n'est pas facile, mais l'effort qu'il peut demander n'est pas vain. Le danois fou de DANCER IN THE DARK est de retour. 

Tag(s) : #écrans
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