Communiqués de la Ligue des droits de l'Homme, section d'Alès et de l'Union Syndicale de la Psychiatrie, Section Gardoise

 

Acharnement !

 

Alain Paya-Poirel est un berger qui n'a plus de troupeau.

Ses bêtes ont été abattues en 2007 par les services vétérinaires à la demande du premier magistrat de Malons et Elze commune où Alain Paya faisait pâturer depuis 13 ans ses 59 brebis, voilà le point de départ, le basculement.

C'est une drôle d'histoire et nous n'allons pas, dans ce communiqué, essayer de la démêler, ce serait trop long et ce n'est pas à nous de le faire.

Monsieur Paya-Poirel persuadé qu'il est l'objet d'une terrible injustice réagit violemment -ses bêtes représentent beaucoup pour lui : c'est un berger- il s'en prend au maire, il est condamné, son avocat plaide "la maladie mentale", et il se retrouve en hôpital psychiatrique. Les docteurs qui le suivent, persuadés qu'il n'a pas sa place dans le cadre d'une hospitalisation contrainte saisissent le juge des libertés et de la détention qui prend l'avis de deux experts et décide la levée de cette mesure le vendredi 9 décembre. Le Parquet fait aussitôt appel de cette décision, le jour même et la cour d'appel convoque Monsieur Paya-Poirel le lundi 12 décembre à comparaître devant la cour d'appel de Nîmes à 10 heures !

C'est une mesure rarissime que la décision d'un juge des libertés et de la détention fasse l'objet d'un appel du Parquet. Monsieur Paya est-il donc si dangereux ? Ce n'est pourtant pas l'avis des docteurs qui ont demandé la levée des mesures d'hospitalisation complète.

Entre vendredi 9 et lundi 12 décembre deux petites journées pendant la coupure du week-end, impossible dans ce court laps de temps pour M. Paya de préparer sa défense : pas d'avocat pour l'assister lors de sa comparution devant la cour d'appel,

cour d'appel qui a décidé...du maintien de la mesure d'hospitalisation contrainte.

Il passera les fêtes de fin d'année en "rétention" hospitalière, loin de sa compagne et de sa petite fille à remâcher son amertume. De quoi être un peu plus désespéré...

Mais que pèse le désespoir d'un berger marginal "aux cheveux emmelés évoquant la coiffe rasta" (rapport d'un expert psychiatre ) ?

La section alésienne de la Ligue des droits de l'Homme se pose des questions sur cette décision de justice qui répond au désespoir de ce berger par l'enfermement et procède dans l'urgence sans laisser le temps à Monsieur Paya-Poirel de préparer sa défense.

Ligue des Droits de l'Homme, section d'Alès

 

 


La section Gardoise de l'Union Syndicale de la Psychiatrie (U.S.P.) rappelle qu'elle a dénoncé le caractère liberticide de la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement. La situation ici évoquée vient malheureusement illustrer l'utilisation de la psychiatrie, et des soignants, à des fins plus sécuritaires que sanitaires. L'U.S.P. ne peut que s'indigner devant le mépris et le manque de considération des autorités pour la souffrance psychique, dont l'instrumentalisation, à travers les processus contradictoires qu'elles ont pu déployer, peut apparaitre comme un '"effort pour rendre l'autre fou" !L’Union Syndicale de la Psychiatrie appelle au respect de la personne humaine et des décisions médicales qui la concerne, dans une totale indépendance vis à vis des pouvoirs admistratifs et judiciaires.

 Union Syndicale de la Psychiatrie, Section Gardoise

 

 

 

 

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Tag(s) : #actualités
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