Musique :
Anika
Jeff Barrow est un habitué des rencontres fortuites aux lendemains qui chantent. C'est à la suite de sa rencontre avec Beth Gibbons en 1991 dans une
agence pour l'emploi que le musicien et producteur anglais a créé le groupe Portishead, un incontournable de la scène trip-hop. 20 ans plus tard, Barrow a gardé l'oeil affuté pour les talents
prometteurs. Sa dernière rencontre, c'est Anika, une journaliste politique. Le résultat: un album sorti en un temps record et que nous présente Bertrand Loutte.
N'allez surtout pas froisser Geoff Barrow en l'interrogeant sur le prochain Portishead. Le surdoué de Bristol entend depuis deux ans se concentrer sur "Beak",
projet qu'on imaginait récréatif et qui prend désormais une nouvelle dimension. Le chant est venu se mêler aux expérimentations motörik depuis que le trio a auditionné Anika, une journaliste
politique à cheval entre Bristol et Berlin.
L'album d'Anika concasse sans pitié des tubes bubblegum des 60's ("Terry" de Twinkle), déride et débride Yoko Ono ("Yang Yang") ou transfigure une vieille scie
antimilitariste de Dylan ("Masters of war", qui sonne désormais comme un morceau de PIL période "Metal box").
On imagine assez bien Geoff Barrow avoir les producteurs Phil Spector ou Andy Warhol comme modèles à sa démarche: le groupe reprend sur scène un morceau des
Crystals et les échos (il suffit de mettre en parallèle leur nationalité et le son de leurs prénoms) entre Anika et Nico sont plus que troublants. Le fait que chaque partie s'emploie avec un zèle
surjoué à mettre sous l'éteignoir cette comparaison ne fait que la corroborer. Reste que Anika, en bonne journaliste politique, maîtrise parfaitement la méthode du discours, et qu'on serait fort
surpris que son Pygmalion parvienne à lui faire chanter "Puppet on a string".
Source : ARTE