Olivier Morice, avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi, nous explique pourquoi il dépose aujourd'hui sa seconde plainte de la semaine contre Brice Hortefeux. En cause, des propos reportés dans le Nouvel Observateur où l'ancien ministre de l'Intérieur aurait estimé qu'Olivier Morice devrait être "fracassé", de la même façon que les journalistes "fracassent" les amis de Nicolas Sarkozy. Entretien.
Pourquoi déposez-vous - aujourd'hui et en votre nom - une plainte contre Brice Hortefeux ?
Brice Hortefeux dit dans le Nouvel observateur que je mérite d'être fracassé (Voici l'extrait publié par le Nouvel Observateur du 29 septembre : "L'ami et proche conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée s'y dit "écoeuré" par la "lâcheté des journalistes qui fracassent tous les amis de Sarkozy" alors que c’est Me Morice qui, selon lui, devrait être "fracassé"). Je porte donc plainte au motif que c'est une menace et une intimidation à un avocat dans l'exercice de ses fonctions. Je suis soutenu par un collectif d'avocats qui va citer Monsieur Hortefeux en correctionnelle.
Pourquoi, à l'annonce de la première plainte émanant des familles des victimes, Brice Hortefeux a-t-il annoncé qu'il allait vous attaquer, vous personnellement, en diffamation ?
C'est une bonne question, il faudrait lui demander. D'abord, il n'a pas encore déposé sa plainte en diffamation. Ensuite, je pense que je suis pour Monsieur Hortefeux un homme à abattre. Il veut me faire taire car je le gêne. Donc il essaye de me discréditer mais cela a l'effet inverse, ça ne fait que renforcer ma détermination.
Médiatiquement, il n'aurait peut-être pas pu s'attaquer aux familles des victimes...
A l'évidence également.
Mardi, dans une première plainte, vous attaquiez Thierry Gaubert, Nicolas Bazire et Brice Hortefeux, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Les éléments que j'ai sur la violation du secret concernent les conseillers de l'Elysée, dont Monsieur Hortefeux. Premièrement, l'Elysée rédige un communiqué de presse où l'on s'aperçoit qu'ils ont des éléments de la procédure et du dossier. C'est donc un recel de violation du secret de l'instruction.
Ensuite Monsieur Hortefeux prévient Monsieur Gaubert (des écoutes judiciaires en attestent) des risques qui pèsent sur lui à cause du témoignage de son épouse et ça, c'est une autre infraction. D'une part, avec cette information là, Monsieur Gaubert va aller faire pression sur son épouse. C'est une subornation de témoin. Hortefeux est donc complice de cette subornation. D'autre part, il y a un autre délit qui s'appelle l'entrave au déroulement des investigations et à la manifestation de la vérité.
Sur quels éléments du dossier demandez-vous la levée du secret défense ?
On demande la levée du secret défense sur tous les éléments et documents qui n'ont pas été déclassifiés et notamment les documents qui sont au ministère du Budget concernant le versement des commissions et les différents comptes qui ont été crédités.
Qui peut décider de cette levée ?
Ce sont les ministres concernés, de la Défense et du Budget. Puis ça passe devant une commission consultative du secret défense. (Ziad Takieddine vient de demander officiellement à Nicolas Sarkozy de lever dans les 24 heures le secret défense sur tous les contrats, ndlr.) Prochainement, nous devons plaider, devant le Conseil constitutionnel, une question prioritaire de constitutionnalité pour savoir si la législation existante est compatible avec la séparation des pouvoirs. Nous demandons notamment que les juges puissent avoir accès en toute liberté à ce type de documents.
recueilli par Geoffrey Le Guilcher
Source: les inrocks