Anna Calvi au Trianon
Anna Calvi est arrivée au tout début de cette année précédée d'une flatteuse réputation. Nombreux sont les artistes qui n'auraient pas survécu à tant d'attentes et à cette souvent fatale conjonction de parrains prestigieux (Nick Cave et Brian Eno), filiation écrasante (PJ Harvey et Jeff Buckley) et montée de hype dans tous les recoins de la presse culturelle et de la blogosphère (elle fera la couverture des Inrocks comme du mensuel indie Voxpop). Anna Calvi n'est pourtant pas qu'une énième rockeuse, pas seulement la nouvelle PJ Harvey / Patti Smith / Chryssie Hinde (rayez les mentions inutiles).
La preuve ? Elle est donnée sur scène, où la toute jeune femme se transforme. Celle qui confie volontiers s'être fait violence pour chanter au-delà du murmure y devient toute autre, "plus courageuse, plus fière que je ne le serai jamais dans la vie de tous les jours". Elle y dépasse les influences évidentes qu'on lui prête pour s'aventurer, jusque dans la façon qu'elle a de s'apprêter - du côté du flamenco (une influence habilement décryptée dans Télérama). Si son disque fait des sceptiques, la belle présence qu'Anna Calvi impose sur scène, vénéneuse, sombre et fière, parfois volcanique, fait elle l'unanimité. Cette fille a quelque chose. Regardez.