Alors que les dernières élections en France furent marquées par des taux d'abstention records, il semble qu'au-delà de la valse assez vaine des sondages quotidiens, l'abstention va encore être le premier parti du pays dans cette campagne présidentielle que plus de 65 % des Français jugent médiocre.
Parmi ces millions d'électeurs qui ne prennent plus le chemin des urnes, il existe bien entendu des pêcheurs à la ligne. Mais pas que. Comme chacun peut le constater, les quartiers populaires à Paris ou à Marseille votent de moins en moins depuis quelques années. Pas vraiment difficile de comprendre que des millions de personnes se sentent peu concernées par les débats entre politiciens, en place depuis des années, aussi impuissants à droite qu'à gauche. Sans parler des deux cohabitations passées où l'on a clairement vu la facilité à gouverner ensemble la gauche avec la droite. D'autres causes sont encore visibles. Pourtant l'abstention, signe d'une certaine maladie de la démocratie, pourrait être diminuée si, comme dans d'autres pays, le vote blanc était pris en compte.
C'est le sujet de ce livre qui s'ouvre sur une proposition de loi visant à reconnaître le vote blanc aux élections. Texte rédigé par le plus célèbre constitutionnaliste français Guy Carcassonne en mars 2011. Motifs et un article unique.
On s'en doute, mais précisons tout de même, depuis cette nouvelle proposition, rien de changer, malgré des avis favorables de certains députés de droite et de gauche...
Aujourd'hui les votes blancs sont invisibles car assimilés aux votes nuls, voire aux abstentions. Et pourtant des gens se dérangent le jour du vote afin d'exprimer leur insatisfaction et tentent aussi d'adresser un signe à toute la classe politique souvent caractérisée par un profond autisme.
En une poignée de pages concises, Mister "Guignols de l'info", et une avocate Marie Naudet brossent un tableau assez pertinent du sujet. Ils nous proposent ainsi une petite histoire du vote blanc depuis 1789. Rappelant ainsi que depuis 1852, le vote blanc a été réglementé sur un seul modèle, il n'est pas une expression, donc il est nul. Depuis, cela n'a pas changé. Plus près de nous, de 1978 à 2002, il y aurait eu vingt-quatre propositions de lois déposées sur ce sujet par des députés ou sénateurs.
Le vote blanc permettrait aussi à un grand nombre d'électeurs abstentionnistes de manifester explicitement leur refus d'une offre politique plus qu'insuffisante, basée su r la "figuration" de petits partis impuissants à moins de 5%, face à la bipolarisation à l'américaine du duo UMP/PS. Chacun tentant à sa façon de s'approprier la création de l'eau tiède, en lorgnant clairement vers le ventre mou politique du centre. On comprend qu'un tel choix est plus que faible, aucun des deux grandes partis ne remettant en question le capitalisme, et donc l'ensemble du fonctionnement de notre société.
Un petit bouquin utile et tonique.
Dan29000
Blanc c'est pas nul
Bruno Gaccio, Marie Naudet
Descartes et Cie
2011 / 110 p / 6 euros
Merci à une de nos lectrices, Michelle, pour l'envoi de ce livre...
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