Alors que s’est ouvert avant-hier et pour un mois l’enquête publique sur le démantèlement du réacteur de la centrale nucléaire de Brennilis, dans les Monts-d’Arrée, sept associations lancent une pétition pour un débat public national préalable. Chantal Cuisnier, de "Sortir du Nucléaire" dans le Finistère, a répondu aux questions de "Libérennes".

- Le démantèlement de Brennilis représente t-il à vos yeux un enjeu particulier?

Oui, car cette question du démantèlement des centrales dépasse le cas de Brennilis. Ce sera d’abord le premier réacteur qui sera démantelé en France mais surtout il y a déjà quatorze autres démantèlements mis en route qui concernent à la fois des réacteurs et des installations nucléaires comme à Cadarache où l’on a vu les problèmes que celà pose comme risques potentiels mais aussi dans l’information. Il ne s’agit pas d’une opération banale, c’est pourquoi nous demandons un débat public national sur la question du démantèlement avant toute enquête publique.

- Quels sont selon vous les points qui posent principalement problème?
Il y a d’abord le problème du stockage des déchets. Comment on fait? On les stockent sur place? On les transporte ailleurs? Il n’est pas normal que l’on soit prêt à démanteler alors qu’il n’existe encore aucun lieu pour accueillir les déchets les plus radioactifs. Il y a beaucoup d’incertitudes sur cette question. Il y a aussi le problème du coût et celle de la sécurité des travailleurs. Il faut savoir qu’au coeur du réacteur, près de la cuve contenue dans son enveloppe de béton, les doses de radioactivité peuvent provoquer la mort en quelques minutes.

- EDF affirme que seuls des robots pénétreront dans l’enceinte du réacteur...

Encore heureux avec de telles doses. Mais ça n’empêchera pas la radioactivité cumulée à laquelle le personnel sera exposé. Ce genre d’opération ne peut pas se faire sans exposition à une certaine dose de radioactivité. Et, si le démantèlement se fait tout de suite, celle-ci sera bien supérieure à ce qu’elle serait si on attendait 20 ou 50 ans, date à laquelle la radioactivité sera mille fois moins importante.

- Que reprochez-vous principalement à l’enquête publique qui s’ouvre aujourd’hui?
Elle arrive trop tôt alors que toutes les questions que pose le démantèlement sont encore largement occultées. Le scénario du démantèlement immédiat y est imposé. Il y a seulement une page qui le justifie sur un dossier qui en compte deux mille! Dans ce dossier on trouve aussi très peu d’éléments pour se faire une opinion mais beaucoup de zones d’ombres comme par exemple le degré de contamination des sols sur le site. La seule chose qu’EDF fait miroiter ce sont les emplois créés. Mais un état de confinement demande aussi des emplois et les gens qui seront employés pour le démantèlement viendront de l’extérieur puis repartiront.

Recueillis par Pierre-Henri ALLAIN

(1) Agir pour l'environnement et le développement durable, Bretagne Vivante, Consommation Logement et cadre de Vie (CLCV), Eau et Rivières, Groupe Mammologique de Bretagne, Sortir du Nucléaire Cornouaille et Vivre dans les monts d'Arrée.
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