Une homme qui se suicide avec un épi de maïs transgénique, un enfant qui joue sur une plage tapissée d’algues vertes sous le slogan “bonnes vacances”... A quelques jours du salon de l’agriculture et à quelques mois de la saison touristique, France Nature Environnement (FNE) n’y est pas allé de main morte pour dénoncer OGM, pesticides et autres marées vertes. Avec six visuels différents placardés à partir d’aujourd’hui dans le métro parisien. En Bretagne, cette campagne choc - notamment les affiches mettant en scène les algues vertes - n’a pas manqué de soulever un tollé.
Réagissant comme il se doit les premiers, les responsables agricoles ont jugé ces affiches "injustes et excessives" (Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA) ou encore “scandaleuses” autant qu’”outrancières” (Olivier Allain, président de la chambre d'agriculture des Côtes d'Armor). Deux fédérations d'éleveurs ont tenté de s'opposer à l'affichage en engageant une action en référé. En vain. Jean-Yves Le Drian, président (PS) du Conseil régional dénonce pour sa part des “attaques caricaturales” qui "risquent de réduire à néant les efforts des acteurs de terrain et de raviver les clivages". Il s'agit selon lui d'“une opération malveillante alors que, pour la première fois, un vrai dialogue se crée en Bretagne entre ceux qui, hier, refusaient de s’écouter”. “Cette campagne a généralisé la présence d’algues en Bretagne alors que cela ne concerne qu’une partie infime de son littoral”, souligne t-il. Certaines associations de défense de l’environnement elles-mêmes ont manifesté leur désaprobation. A commencer par Eau et Rivières de Bretagne, pourtant membre de FNE, qui regrette de ne pas avoir été ni consultée, ni associée de près ou de loin à cette campagne. Pour Jo Hervé, président de l’association, “Sur des sujets aussi sensibles que celui des élevages industriels et de la pollution des eaux, il faut se garder de porter atteinte aux équilibres patiemment construits et éviter toute forme de provocation qui conduit inévitablement à des surenchères”. De son côté, France Nature Environnement se défend en arguant que cette campagne n’est pas dirigée contre les éleveurs eux-mêmes mais contre les excès de l'agriculture industrielle. "On ne remet pas en cause la profession agricole mais un système où prédominent l'agro-industrie et l'agro-alimentaire, un système qui en plus ne marche pas économiquement et socialement pour les agriculteurs", argumente Jean-Claude Bévillard, secrétaire national de la fédération qui, sur le sujet des marées vertes, réclame un "véritable état des lieux, partagé par tous les acteurs" et pas de "fausses solutions". Pas sûr que les premiers intéressés soient très sensibles à ces explications.
PHA